Ecrans des nouveaux cinémas arabes au cinéma Les Variétés

Ecrans des nouveaux cinémas arabes au cinéma Les Variétés

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Le Printemps des peuples

Pour sa quatrième édition des Ecrans des Nouveaux Cinémas Arabes, la très active structure phocéenne Aflam se penche sur cette période historique que vient de connaître l’essentiel des pays du Maghreb, dont les conséquences n’ont pas fini de bouleverser les consciences.

Le principe de cet événement reste le même aux yeux des membres d’Aflam : offrir un panorama pertinent de la création cinématographique en provenance des pays arabes, rappeler le dynamisme d’une production engagée, inventive, sociale et politique. Mais cette quatrième édition ne pouvait échapper aux soulèvements qui ont bousculé l’ordre des choses et changé radicalement le cours de l’Histoire. La découverte des films projetés se fait donc à la lumière de cette nouvelle donne, ce qui modifie considérablement le regard du spectateur. A la lecture de cette programmation, on retiendra toujours l’exigence dont fait preuve Aflam, qui offre ici un choix de films pour l’essentiel inédits en France. Longs et courts métrages présentés sont issus de pays dont on n’a peu l’occasion de connaître la cinématographie, que ce soit la Lybie ou l’Irak. On distingue assez aisément comment le cinéma a précédé le réveil des consciences, par le souffle de liberté qui le traverse, et par le choix même des sujets. C’est le cas des deux films syriens d’Hatem Ali (La longue nuit) et Joud Saïd (Encore une fois). Un pays qui connaît aujourd’hui une répression sanglante par le régime abominable de Bachar Al Assad, et qu’Aflam met à l’honneur avec un coup de projecteur sur ce formidable documentariste qu’est Omar Amiralay, décédé cette année à Damas. Le cinéaste a toujours utilisé l’outil cinématographique pour offrir un regard sans complaisance sur son propre pays, et la corruption d’Etat qui le sclérose, bloquant son émancipation. La plupart de ses films restent évidemment interdits en Syrie, d’où la richesse de les découvrir ici. Essai sur le barrage de l’Euphrate et Les poules, deux opus des années 70, définissent bien l’engagement du réalisateur. De nombreuses œuvres seront également projetées en présence des réalisateurs, ce qui permettra d’enrichir considérablement les débats. C’est le cas de Pégase, du Marocain Mohamed Mouftakir, de Microphone, de l’Egyptien Ahmad Abdalla, et surtout de la soirée hommage consacrée, en sa présence, au cinéaste tunisien Mohamed Zran, auteur de Dégage et du formidable Vivre ici, qui voit l’épicerie de Simon devenir, au hasard des allées et venues, l’espace d’une tribune politique et philosophique, au cœur d’un petit village du sud-est de la Tunisie. Une agora que reconstitue avec générosité Aflam, le temps de ces rencontres.

Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Encore une fois

Ecrans des nouveaux cinémas arabes : du 23 au 31/05 au cinéma Les Variétés (rue Voncent Scotto, 1er) et à la BMVR l’Alcazar (58 cours Belsunce, 1er). Rens. 04 91 47 73 94 / www.aflam.fr