Droit de réponse

Droit de réponse

Droit de réponse de Monsieur François de Boisgelin, directeur de la Villa Méditerranée, au sujet de l’édito paru le 7 mai 2014

 


Monsieur le directeur de la publication,

Je découvre l’article de Monsieur Frédéric Coupet que vous publiez dans votre édition du 7 mai.
Je ne reviendrai ni sur le ton ni sur les approximations qu’il contient : la satire oblige à l’exagération certes, mais je vous ferai pas le privilège de vous offrir une polémique.
Je tiens cependant à rectifier un certain nombre de contre-vérités qui portent préjudice à l’établissement que je dirige.
Au terme d’une année d’ouverture qui aura vu plus de 350.000 visiteurs fréquenter la Villa et 50 réunions internationales s’y tenir, dont plusieurs de niveau gouvernemental, l’activité se recentre sur sa mission première qui est de contribuer au renforcement et au développement des coopérations en Méditerranée.
Elle est le lieu de rendez-vous de toutes les organisations et de tous les réseaux qui participent à ces efforts. Elle offre aussi l’occasion au public de découvrir les enjeux qui le concernent directement et tente ainsi de convaincre le citoyen qu’il ne peut rester absent de ces débats.
Par ailleurs, le budget de l’établissement a été adopté par le Conseil d’Administration, le personnel qui assure son fonctionnement est en activité et la programmation publique s’organise en temps forts : en mai et juin sur le thème de la Mer, en juillet nous accueillons le Festival International du Documentaire de Marseille,… Enfin, il n’est pas question, à ma connaissance, de transformer les espaces de la Villa en « bureaux administratifs du Quai d’Orsay » ou de l’Europe.
Quant à faire passer mes collaborateurs pour des prédateurs et des chasseurs de prime est parfaitement scandaleux : les membres du personnel de la Villa sont totalement investis dans leurs missions et les propos qui leur sont prêtés sont visiblement inventés puisque « l’équipe » évoquée s’est formée autour de ce projet dans cette ville et elle ne saurait exister ailleurs.
L’accumulation d’approximations, d’inventions et de contre-vérités ne fait pas un article mais le journal qui le publie s’honorerait à faire figurer ma réponse dans sa prochaine édition.

François de Boisgelin
Directeur de la Villa Méditerranée


Monsieur le Directeur de la Villa Méditerranée,

Permettez-moi de vous répondre puisque vous mettez en doute ma tribune.
Je ne suis pas journaliste. Dans cette tribune (résumée) publiée en édito de Ventilo, c’est un citoyen qui s’interroge sur l’avenir de notre cité et principalement sur son avenir culturel. Un citoyen qui ne peut rester absent des débats, ce qui fait de moi l’exemple type du public que vous tentez de convaincre.
J’avais conseillé à votre collaborateur mécontent qui m’a téléphoné cette semaine de lire mon texte dans sa totalité sur le site des Sentinelles, il semble que vous ne l’ayez pas fait. Cela est bien dommage, vous auriez pu constater que la “Villa” (comme vous l’appelez) n’était pas le seul sujet de mon texte Quand les châteaux s’écroulent.
En effet, ce texte s’intéresse aux suites des élections municipales, à l’état de la ville au printemps 2014, sa gestion globale, la fermeture de nombreux sites culturels, le manque de moyens pour certains. Au MuCEM, dont les expositions peinent à satisfaire l’exigence qu’implique la qualité et la générosité de son architecture. A la fermeture du [mac], au déplacement de la bibliothèque Bonneveine dans le bâtiment et au transfert de l’art contemporain à la Vieille Charité. Ce qui nous ramène vingt ans en arrière.
Il s’inquiète aussi de ce que l’on entend dans les couloirs des Conseil municipal et régional au sujet du Musée Cantini, de son bail emphytéotique non re-signé, non re-négocié et de sa potentielle fermeture prochaine.
Enfin, la Villa, « un des fleurons de l’année 2013 » : sa construction a coûté plus de 70 millions d’euros, son coût d’exploitation et de maintenance semblent exponentiels, son budget de fonctionnement est conséquent, il est donc normal que le citoyen s’interroge.
Comme le font Marsactu et Bernard Latarjet dans l’article paru le jour même que l’édito de Ventilo. Citons quelques extraits de l’article Bernard Latarjet imagine un destin collectif à la Villa Méditerranée :
« Certains conseils soulignent en creux les manques de la gestion actuelle. (…) Mais un obstacle de taille demeure : pour donner un élan à cet ensemble, il faut que l’Etat se décide à implanter tout ou partie de sa diplomatie méditerranéenne à Marseille.(…) A la région, on se dit “prudent” sur l’implantation éventuelle de la Direction interministérielle à la Méditerranée (Dimed) qui, à défaut de répondre à nos questions, s’est montrée “ouverte” au changement d’affectation. (…) On y retrouverait plusieurs acteurs publics dont sans surprise le ministère des Affaires étrangères. (…) Cela se fera au prix d’une rénovation en interne qui fait craindre à certains salariés des départs même si l’équipe dirigeante semble convaincue de la capacité d’adaptation des personnes en place, fonctionnaires comme contractuels. »
Qu’il s’agisse donc de l’une ou l’autre des administrations citées par Marsactu ou de celle dont m’a parlé votre collaborateur au téléphone, « un bureau en charge des affaires méditerranéennes dépendant du Premier ministre… » (donc de l’ancien ministre de l’Intérieur, soit le quai d’Orsay, n’est-il pas ?), m’accuser de contre-vérités, d’exagération, d’approximations ou d’un ton volontairement polémiste semble déplacé. Mais je ne vous en tiendrai pas rigueur, préférant comprendre votre inquiétude dans ces temps incertains. En vérité, je suis heureux que ma tribune vous ait donné l’occasion d’annoncer quelques chiffres et que vous nous éclairiez sur le rôle de la Villa.
« 350 000 visiteurs sur l’année » : je vous souhaite donc d’atteindre bientôt le chiffre de fréquentation du MuCEM, soit aux plus basses estimations, plus de trois millions et demi de visiteurs pour les expositions seulement.
« 50 réunions internationales ou gouvernementales » : je regrette sincèrement, comme de nombreux amis, de n’avoir pu être au courant de toutes ces réunions.
« budget adopté par le Conseil d’Administration » : il va de soi.
« La programmation publique… de mai à juillet 2014 » : je vous souhaite sincèrement qu’elle aille au-delà.
Au sujet de vos employés, vous utilisez les termes de « prédateurs » et « chasseurs de prime », je me demande pourquoi. D’autant que je n’ai inventé aucun propos. J’ai plutôt refusé de reproduire les passages les plus effarants des discussions dont je fais écho, ne tenant pas à jouer le jeu d’une polémique stérile.
Monsieur, vous avez lu ma tribune comme une attaque personnelle. Il n’en est rien. En ces temps de crise et d’augmentation d’impôts au niveau local, je m’inquiète de la clarté du projet, du coût et surtout de l’avenir des institutions culturelles marseillaises, quand les politiques qui les ont commandées ne s’intéressent que trop peu au travail qui a pu, pourrait, ou devrait y être fait.
Car ces enjeux me concernent directement, comme tout un chacun.
Encore merci de m’avoir lu et ne serait-ce que pour cela, soyez assuré, Monsieur le Directeur, de ma plus profonde considération.

Frédéric Coupet,
co-fondateur et administrateur des Sentinelles