Dirt

Dirt

serie-Dirt.jpgY a-t-il une malédiction Friends ? En effet, cinq ans après l’arrêt de la fameuse sitcom et des « adieux » qui ont marqué les annales de la télé US — 51 millions d’Américains s’étaient réunis pour le dernier épisode —, force est de constater que nos six joyeux drilles peinent encore et toujours à rebondir sur le trampoline de l’audimat. Matt LeBlanc ? Après deux petites saisons dans Joey, série dérivée de Friends, arrêtée en 2006, faute de spectateurs et d’humour, le garçon a disparu de la circulation. Lisa Kudrow ? Son rôle (prémonitoire) d’une ex-star de sitcom déchue dans The comeback n’a pas séduit en 2005 les téléspectateurs de la chaîne à péage HBO : supprimée au bout de treize segments. Matthew Perry ? « Héraut » situationniste dans l’exceptionnelle sitcom Studio 60 on the Sunset Strip, développée par Aaron Sorkin, le créateur d’A la Maison Blanche, « Chandler » a vu le show injustement stoppé par NBC après une saison boudée par les fans, mais acclamée par la critique et récompensée aux Golden Globe. Mystère. Jennifer Aniston ? A part faire la une des tabloïds pour ses ruptures avec Brad Pitt, Vince Vaughn et consorts, Jenny ne fait plus grand chose. Ah si, elle se lamente en bikini, tétons au garde-à-vous. David Schwimmer ? Après s’être fait la main sur quelques épisodes de Friends et Joey, le réalisateur de la bande vient de sortir son premier film (et bide), Cours toujours Dennis. Heureusement, au milieu de ce naufrage collectif post-Central Perk, surnage la belle Courteney Cox. Productrice de Dirt, feue Monica « I know » Geller a fait son retour l’année dernière en tant que garce des médias, dans le rôle de Lucy Spiller, rédactrice en chef d’un magazine people de L.A. faisant passer Closer et Public pour Point de vue, images du monde. Aidée par son fidèle bras droit Don Konkey, paparazzi redoutable et accessoirement schizophrène — la faiblesse de la série, obligée de signifier la maladie via des effets de manche fatigants —, Spiller n’aime rien tant qu’épingler les célébrités. Une entreprise de démolition où la fin justifie toujours les moyens. Surtout les plus dégueulasses. Entre charge féroce et plan de coupe sur les dérives de la presse à scandales, la corrosive et cynique Dirt raconte aussi, en creux, les tourments œdipiens d’une femme à jamais traumatisée par le suicide de son papa, « provoqué » par les tabloïds… En colère, aigrie, manipulatrice et seule au monde, Courtney Cox émeut en Electre moderne, un vibro entre les cuisses pour seule compagnie, entre spleen et plaisir. Comme une métaphore définitive des années Friends…

Henri Seard