Des nouvelles… de l’Embobineuse

Les bobines usées, les idées en bout de chaîne, on ébauche avec peine les beaux jours de la bamboche. Fantasmant des mines rieuses, l’Embobineuse se frotte à la production audiovisuelle, admettant en découvrir les ficelles d’une humilité enviable. Le théâtre de fortune de la Belle de Mai fait grandir en et hors ses murs des germinations de toutes natures et met en culture des projets et personnalités pluriels. Entretien.

 

 

À quoi aurait ressemblé l’année 2020 de votre structure sans la crise sanitaire ?
Des concerts, du public, du fun, de la bière, des rencontres.

 

Depuis le début de cette crise, avez-vous pu compter sur des soutiens physiques, psychologiques, financiers ?
Nous avons survécu financièrement grâce au travail de notre équipe, décidément très adaptable, voire flexible, qui a su aller chercher un maximum de fonds de secours et autres aides exceptionnelles sans lesquelles nous aurions mis la clé sous la porte. Psychologiquement, le fait d’accueillir entre nos murs — en résidence ou de passage — musiciens, comédiens, entités extraterrestres et nouvelles têtes prêtes à en découdre avec le PAF nous a maintenus en haleine.

 

Avez-vous eu la possibilité de vous réorganiser, voire de vous réinventer, afin de pouvoir maintenir certaines de vos activités ?
Pour rester actifs artistiquement et continuer à faire se rencontrer les gens, nous avons bifurqué vers l’audiovisuel : nous avons créé une équipe de tournage amateure à géométrie variable, autour d’un show musical de fortune nommé l’Essoreuse. C’est depuis devenu une série de science-fiction par épisodes de 30 minutes, non plus fortunée — le quatrième est en cours de préparation. Aussi, nous avons continué de porter toutes les semaines le projet Libertatia, initié par la compagnie Peanuts et l’Embobineuse en partenariat avec l’association Nouvelle Aube et sa revue Sang D’Encre. Ce projet mêle théâtre, musique, performance et plus encore. Il est accessible à tous les publics, dont les plus empêchés et marginalisés (nous remercions au passage Nouvelle Aube qui a contribué à diffuser leurs créations quand cela était possible). De plus, nous avons développé notre cheptel de musiciens qui se repaît ici nuit et jour, s’accouple, se croise et s’entrecroise. Nous vous en présenterons les meilleurs spécimens dès que possible.

 

Quelles sont vos attentes quant à la considération de l’État pour le milieu culturel face à cette crise sanitaire ?
C’est complexe. Nous espérons ne pas disparaître et malgré tout continuer à nous consolider. Nous avons juste envie de refaire des concerts et de continuer nos activités normalement, en restant responsables, bien sûr ! C’est plutôt le monde que nous voudrions voir changer de cap !

 

Arrivez-vous à trouver un quelconque aspect positif, qu’il soit personnel, organisationnel ou communautaire, à toutes les difficultés engendrées par ces handicaps répétitifs ?
Le travail de fond, le recul ; l’entrave et l’arrêt ont toujours quelque chose de questionnant, ça c’est le point positif de l’obstacle ! La remise en question, le changement de prisme… Comme le dit Virginie Despentes : « Nous ne sommes pas séparés de la merde qui nous entoure » !

 

Propos recueillis par la rédaction

 

Pour en (sa)voir plus : https://www.lembobineuse.biz
et https://www.youtube.com/channel/UCWAQ7AbflZkaSrxwyok-LHg