Identités Remarquables | The Fuzz and Drums

Rock Fuzzion

 

Focus sur le duo The Fuzz and Drums qui, plus de vingt ans après leur rencontre sur les bancs du lycée, et après six ans de maturation musicale, sort son premier album, Tapes from the garage.

 

Formé en 2008, le groupe se compose du batteur « Drums » et du guitariste « Fuzz ». C’est tout. C’est ainsi depuis qu’en 2008, le bassiste du groupe Schrink, qu’ils formaient depuis 2003, les a lâchés pour s’établir à Montréal. Passant du trio au duo, les deux musiciens ont décidé d’assumer complètement cette nouvelle donne : « On s’est lancé le défi de créer notre univers, avec une option radicale : une guitare, une batterie, deux voix, pas d’effet technique, pas de sample. Deux micros, deux instruments. On s’est créé un univers, avec des personnages, un peu des caricatures rock and roll. On s’en amuse. On se place au second degré. On veut juste donner de l’énergie. On aime tellement ça qu’on veut faire partager ce que l’on ressent quand on écoute du rock. On est originaux par notre format, mais pas par la musique qu’on joue. »

Depuis leur première rencontre « backstage » au Lycée Jean Perrin, les deux quarantenaires ont rôdé leur amitié et leur musicalité, et assument comme une évidence cette combinaison minimaliste. Les rôles sont répartis, chacun est à l’aise avec le sien : le disert et le taiseux, l’un dans l’harmonie et l’autre dans la rythmique, le gaucher et le droitier… le tout lié par une connivence favorable aux échanges télépathiques : « Quand on joue, y a un côté animal, sensitif, un jeu de question/réponse, où l’on devine ce que va faire l’autre, et où on prend  le risque sur l’instant. »

Loin donc, la première scène, il y a quinze ans : « C’était un lieu qui payait pas de mine, le Dan Racing. Dès que tu savais gratter trois accords, s’il y’avait un endroit où tu pouvais jouer, c’était là. Tu gagnais pas de thune mais tu pouvais faire une scène. Ta première scène, ton premier stress, ta première adrénaline, elle est là. Quand Dan a fermé la boutique, c’était comme si on avait viré la première marche. On avait franchi cette première marche avec Shrink, qui en ragot veut dire “psy”. On a fait deux albums, une cinquantaine de concerts dans la région, plus un à New York et à Montréal. »

À deux, ils répètent et écrivent des titres nouveaux. En 2012, en deux jours seulement, les prises sont réalisées par l’ingénieur du son. Mais l’affaire va se révéler plus longue que prévu… Les voix sont enregistrées en 2013 ; les guitares en 2014. Et ce n’est qu’il y a un an et demi que la rencontre nécessaire se produit enfin : Daniel Sani, alias Dan Imposter, le créateur du label Les Disques Tchoc, leur propose de jouer au Lollipop. Le duo est enfin dans la boucle : « On connaissait les gens, mais on n’avait pas été intronisés. On jouait dans des endroits, mais y’avait jamais les bonnes personnes au bon moment. En fait c’est souvent ça, la musique. »

Boostés par cette rencontre et décidés à assumer cette version déjà dépassée d’eux-mêmes, The Fuzz and Drums valident l’album mixé une ultime fois par le tonton ingénieur du son en 2018, et s’en vont le défendre. Armés succinctement (perche à selfie, smartphone, filtres noir et blanc), ils entament la conquête de leur public en publiant régulièrement des vidéos live sur le web : « Le côté auto-prod, fabriqué à la main — l’esthétique  noir et blanc, avec la caméra qui tremble un peu, le buzz de l’ampli, le bruit de la baguette qui tombe à la fin… — avec de l’énergie derrière, tout ça a fonctionné. »

En décembre 2018, ils se présentent sur Ulule avec une identité visuelle, un logo, des vidéos et l’album Tapes from the garage, un titre qui évoque autant les bandes toutes poussiéreuses ressorties du fond du garage que le style qui les a faits : « On revendique une musique garage sincère et brute et pas une musique de prouesses. Notre univers, c’est le rock des années 60 un peu crade, plein d’énergie, dont typiquement les Kings sont les porte-drapeaux. On n’est pas dans le glam. » Après trente jours de campagne, le groupe atteint 220 % de financement et finit par se faire repérer par le label Closer Records, qui produira leur deuxième album, en cours d’écriture.

Avant cela, des dates tombent : cette semaine, ils seront les invités de L’Oreille cassée sur l’antenne de Radio Grenouille, puis ils assureront le showcase du vendredi au Lollipop, histoire de présenter Tapes from the garage. À l’exception du dernier titre, One last blues, Cuccucelli, une impro. Typique du duo, ça : finir sur une impro.

 

Patricia Rouillard

The Fuzz and Drums :

  • le 7/02 à 19h sur Radio Grenouille (88.8 FM)

  • le 8/02 à 19h au Lollipop Music Store (2 boulevard Théodore Thurner, 6e).
    Rens. : 04 91 81 23 39 / www.lollipopmusicstore.fr

  • le 22/03 à la Maison Hantée (10 rue Vian, 6e), dans le cadre du Festival des Disques Tchoc.
    Rens. : 04 91 92 09 40

 

Pour en (sa)voir plus : www.facebook.com/the.fuzz.and.drums / www.facebook.com/DisquesTchoc