Decazeville – la montagne qui brûle de Nina Gazaniol Vérité

Nina Gazaniol Vérité et son installation vidéo sont déjà passées par Marseille pour le Parallèle de janvier dernier. Mais c’est avec Lieux Publics qu’elles reviennent, entre les très pertinents murs de la Cité des Arts de la Rue — l’huilerie réhabilitée des quartiers Nord, en plein dans les anciens faubourgs industriels. Née en Aveyron, pas loin de sa Decazeville — cité moderne, fondée au XIXe pour assouvir l’appétit industriel minier et sidérurgique — l’artiste-vidéaste-documentariste télescope discernements sociologiques, reportages documentaires et arrangements audiovisuels pour composer un parcours immersif en cinq épisodes, façon série télé, qui réfléchit en une heure environ ce lieu où l’industrie déclinée finit de se consumer. Aux pieds du « Vésuve Aveyronnais », de l’allégorique « montagne qui brûle », ces surnoms du pic du bassin minier, on ne peut que penser à d’autres de nos zones périurbaines désertées, quartiers ignorés ou zones commerciales éparpillées. Or, son concept de la « ville grise », percute un « hédonisme rural » bien constaté. Gris du ciel, du fer ou des souvenirs d’ancêtres aux corps charbonnés, elle montre aussi bien les chorés costumées sur des parkings Géant, des compétitions musclées de roller-hockey sur terrain fait maison par les chaudronniers d’à côté, que du twirling-bâton (des majorettes avec de la gymnastique rythmée en plus) ; et avec des entretiens Zoom ou des discours CGT pour nuancer les clichés. Détournant comme à son habitude la normativité des médias, son travail pose là un panorama déplacé d’une Decazeville en acier bien trempé, où sa lubie pour les « univers pop et décadents (comme la chute fracassante du rêve américain sur le carrelage de ma cuisine) » défait ou attise les flamboyantes anomalies de ce territoire témoin de notre ère contemporaine.

MD

> Du 13 au 23/04 à la Cité des Arts de la Rue (15e)

Rens. : www.lieuxpublics.com

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