Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée

Dallas Buyers Club (Etats-Unis – 1h57) de Jean-Marc Vallée

La vie est un sport de combat

 

En transformant Matthew McConauguey en petit voyou atteint du sida, Jean-Marc Vallée signe une œuvre forte qui fait de la vie un combat. L’un des films incontournables de ce début d’année.

 

Dallas Buyers Club est à plus d’un titre une excellente surprise. Performance d’acteurs, charge politique salvatrice et leçon de vie transgenre ne suffiraient pas à eux seuls à en louer les qualités. Avec une histoire vraie tragique et des couleurs oscillant entre le jaune défraîchi et la pâleur d’un blanc sale, Dallas Buyers Club aurait pu constituer la promesse d’une longue déprime pour le spectateur. Ce choix ancre simplement le film dans une époque, les années 80, et un thème universel, le sida. En ouvrant son film sur une scène de rodéo sous le regard d’un ancien champion, Ron (Matthew McConauguey), électricien à ses heures perdues et roi des petites combines à plein temps, le réalisateur semble nous prévenir : l’homme et l’animal ont en commun de partager une vie finie qui peut être un vrai combat. Un combat qui va durer pour Ron plus de huit secondes sur un taureau et plus de trente mois face à la mort, après la découverte de sa maladie. Nous sommes donc en présence d’un véritable film de guerre, dans lequel Ron le cow-boy texan se bat pendant près de deux heures à l’écran. Tout au long du film, l’émotion transpire du visage de Matthew McConauguey, qu’il s’agisse d’un rire carnassier, d’une bouche déformée par la rage, ou de traits tirés par la fatigue et la drogue. Cette performance rejoint celle de Jared Leto en transsexuel drogué et insouciant, qui joue son associé. Le physique se révèle omniprésent ici, les acteurs ayant dû se délester chacun d’une vingtaine de kilos pour les besoins du tournage et dans un souci évident de réalisme. Les ennemis de Ron sont nombreux : la maladie, le lobby pharmaceutique, l’impuissant système médical, l’hypocrite administration américaine, mais aussi les homophobes ignorants ; comme son propre personnage. Car le combat se fait aussi contre lui-même, contre ses préjugés et contre la résignation face à une mort prochaine. En devenant finalement dealer de soins dans cette lutte, Ron en ressortira plus humaniste et moins bouseux.

Guillaume Arias

 

Dallas Buyers Club (Etats-Unis – 1h57) de Jean-Marc Vallée avec Matthew McConauguey, Jennifer Garner, Jared Leto…

Actuellement en salles.