Outrages de Brian de Palma

Cycle Brian de Palma

La vie de Brian

 

L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence démarre sa nouvelle saison en force : avec son nouveau cycle consacré à l’immense cinéaste américain Brian de Palma, l’occasion nous est donnée de découvrir toute la puissance d’un artiste hors normes, à travers treize films majeurs.

 

 

Résumer plus de cinquante années d’une création cinématographique sémillante d’un des cinéastes américains majeurs, Brian de Palma, est ici chose vaine, le temps d’un article. Obsession serait le maître-mot d’un artiste unique, dont la sémiologie visuelle et sa puissance iconique traversent l’ensemble des films, tout comme le vacillant parcours de personnages, les siens, dont la chute est continuellement prégnante. Cet enfant du Nouvel Hollywood, mais également du cinéma d’avant-garde américain des années 60 (l’apparition dans l’un de ses films de l’égérie Bibbe Hansen n’est pas anodine) a incroyablement su mêler l’inspiration de ses grands maîtres (Hitchcock, Antonioni et Eisenstein en tête), dont il décortiqua tous les films, aux trames narratives (et derechef obsessionnelles) qui définissent ses œuvres. Une inspiration qui ne confère pas à un hommage plat, mais au travail plastique d’une image existante, comme une quasi réinvention du found footage. Brian de Palma, peut-être au-delà même de ses maîtres, est une école de cinéma à lui seul. Et c’est donc avec un bonheur non dissimulé que nous découvrons le nouveau cycle proposé par l’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence ! Avec sa rétrospective consacrée à Brian de Palma, Sabine Putorti, fine programmatrice, nous offre là une joie cinéphilique des plus précieuses, démarrant logiquement ce cycle par Sœurs de sang. Cet opus de 1973 marque d’emblée la manière dont De Palma s’empare et finalement se libère de l’influence hitchcockienne, pour ouvrir la voie d’un autre cinéma, le sien, démarche qui se retrouvera quelques années plus tard dans Obsession et Pulsions, également à l’affiche de ce cycle. Parallèlement, il y aura eu Phantom of the Paradise et Carrie, véritables monuments du cinéma américain moderne, qui ouvrirent au cinéaste plus largement encore les portes hollywoodiennes (qui, hélas, se refermeront en 2000 après l’échec de Mission to Mars). Brian de Palma a su à maintes reprises prouver que chefs d’œuvre, grosses productions et succès publics pouvaient parfaitement faire bon ménage, à l’instar de Scarface, Les Incorruptibles et surtout Mission impossible, film parfait de bout en bout, peut-être l’acmé de sa longue carrière, qui laisse envisager l’hypothèse que Brian de Palma a réussi là où Hitchcock a échoué, le film d’espionnage. C’est à l’occasion de la séance d’Outrages — film de 1989 également majeur du cinéaste, pourtant peu compris à sa sortie — que l’équipe de l’Institut de l’Image laisse le soin à Nathan Réra, auteur chez les excellentes éditions Rouge Profond d’Outrages, de Daniel Lang à Brian De Palma, d’une conférence sur ce maître du cinéma de genre. D’autres opus incontournables sont bien évidemment, lors de ce cycle remarquable, à (re)découvrir sans réserve, du sublime L’Impasse, habité par un Al Pacino crépusculaire, à Body Double ou Blow Out.

 

Emmanuel Vigne

 

 

Cycle Brian de Palma : jusqu’au 30/09 à l’Institut de l’Image (Salle Armand Lunel, Cité du Livre, Aix-en-Provence).

Rens. : www.institut-image.org

Le programme complet du cycle Brian de Palma ici