C.R.A.Z.Y - (Canada - 2h07) de Jean-Marc Vallée avec Michel Côté, Marc-André Grondin...

C.R.A.Z.Y – (Canada – 2h07) de Jean-Marc Vallée avec Michel Côté, Marc-André Grondin…

Certains films possèdent une fraîcheur si rare qu’on leur pardonne aisément quelques égarements. C.R.A.Z.Y. nous vient du Québec et décrit la vie d’un petit garçon, Zach, né le jour de Noël 1960, puis de sa curieuse existence de jeune homme soucieux de retenir l’attention de son père… (lire la suite)

Chronique d’une famille ordinaire

Certains films possèdent une fraîcheur si rare qu’on leur pardonne aisément quelques égarements. C.R.A.Z.Y. nous vient du Québec et décrit la vie d’un petit garçon, Zach, né le jour de Noël 1960, puis de sa curieuse existence de jeune homme soucieux de retenir l’attention de son père. Cette saga familiale, que l’on suit pendant plus de vingt ans, nous apparaît avec une sincérité confondante, rappelant à chacun sa propre histoire, les images elles-mêmes — de par leur texture — évoquant nos vieilles photos de famille. Outre cet attachement affectif qui nous lie très rapidement au film, l’humour dont est empreint le récit nous permet de rester toujours en éveil face à une histoire dont la banalité aurait pu très vite nous lasser. Du premier gag du film le jour de la naissance de Zach (hilarant !), à la description du caractère de chacun de ses quatre frères (le faux-intello qui ne peut s’empêcher de lire, le sportif pétomane, le grand frère bourrin et junky…), Jean-Marc Vallée semble avoir réussi à allier légèreté et justesse, comique et vérité. C’est peut-être le rôle du père (Michel Côté, irrésistible), à la fois affectueux et maladroit, qui caractérise le mieux cette subtile combinaison de sensibilité et de drôlerie, notamment au moment des repas de Noël qu’il conclut par une émouvante reprise du grand Aznavour. La musique, de Patsy Cline (dont l’un des titres donne son nom au film) à Pink Floyd, est très présente, et accompagne le film d’une manière très cohérente. La scène où Zach, maquillé comme Bowie, interprète devant sa glace Space Oddity, en est un parfait exemple. Plus qu’une jolie parenthèse musicale qui aurait pu être vaine, elle resserre le film autour de son axe : l’homosexualité latente de Zach qui se heurte à un père refusant toute déviance. Même si la seconde partie du film est moins réussie — le propos s’alourdit un peu et l’irréalité d’un voyage mystique nous surprend —, on gardera pour ce film une affection certaine et un souvenir agréable. C.R.A.Z.Y., c’est à la fois l’histoire d’un disque cassé, d’un joint que l’on fume en cachette au lycée, d’un premier amour, et d’une famille qu’on aime et qu’on hait en même temps. Jamais moralisatrice, cette aventure ludique et familiale se fait le récit d’une histoire universelle : la nôtre.

nas/im