Coupable - (France – 1h48) de Laetitia Masson avec Hélène Fillières, Jérémie Rénier, Denis Podalydès…

Coupable – (France – 1h48) de Laetitia Masson avec Hélène Fillières, Jérémie Rénier, Denis Podalydès…

L’arme à l’œil

cine-coupable-02.jpgSoyons directs : Coupable commence fort, très fort même. Plan fixe sur un lac de montagne, en voix-off, les commentaires d’un philosophe. Le sujet : l’amour, le désir et le couple. Platon, Lacan et les grands penseurs sont ici convoqués, dans cette zone incertaine du cinéma où les mots l’emportent sur l’image. Changement de décor, plan serré : chaque protagoniste du récit à venir raconte avec ses mots le début de son histoire d’amour, se confesse presque face à la caméra, face à nous. Fin du prologue, l’histoire peut commencer… L’ambiance est sérieuse, le traitement sobre, et le début du film évoque parfois Mon oncle d’Amérique, rien que ça. C’est par la suite que ça se gâte, quand Laetitia Masson cherche à illustrer les belles théories énoncées par son récit. Les Grandville sont riches. Marguerite est leur cuisinière et également la maîtresse de Monsieur Grandville qui lui a promis de tout quitter pour elle. Un jour, il est retrouvé mort, poignardé avec un couteau de cuisine. Qui est la meurtrière : la femme ou la maîtresse ? Qui découvrira la vérité en premier : l’inspecteur ou l’avocat chargé de la défense de la séduisante veuve ? Si l’intrigue, qui semble inspirée du plus pauvre roman de Mary Higgins Clark, n’intéresse visiblement pas la réalisatrice qui la bâcle, on demeure perplexe quant à sa volonté de centrer son film autour de l’usure de l’amour et du couple. Si Chabrol excelle dans la description de la bourgeoisie provinciale, ce n’est pas le cas de Laetitia Masson qui nous perd très vite dans la grisaille du Forez. Les personnages sont aussi crédibles qu’une figurine de Cluedo, et à force de vouloir filmer la solitude de chacun, la réalisatrice finit par ne plus rien filmer du tout. Et comme tout le monde sait que les histoires d’amour finissent mal, personne ne sera surpris par la fin du film, à part votre voisin qui était sur le point de s’endormir. Coupable, c’est un film qui commence comme du Resnais et qui finit comme une série de TMC. Si Laetitia Masson avait appris de Godard plus que les faux-raccords dont elle abuse, elle se serait peut-être aperçue que dans coupable, il y a couple. Un sujet qui tient dans un film, c’est déjà beaucoup.

nas/im