Cosette : ça finit bien

Cosette : ça finit bien au Badaboum Théâtre

Ils vécurent heureux…

 

Avec simplicité et exigence, le Badaboum propose dans sa dernière création, Cosette : ça finit bien, un nouveau regard sur la vie de la misérable fillette. Devant une salle remplie de petites têtes captivées du début à la fin, trois comédiens, une chansonnette, deux notes d’électro et une robe-auberge offrent tous les atours d’une rêverie éveillée.

Fidèle au roman, la pièce débute avec l’abandon de la célèbre petite fille aux griffes de Madame Thénardier la mauvaise, qui l’exploitera jusqu’à ses dernières forces. Mais l’adaptation présentée par Christelle Harbonn quitte rapidement l’univers de Victor Hugo pour livrer une alternative à la souffrance de Cosette : elle aussi a droit à son pays des merveilles ! Une bascule s’effectue alors vers une vie fantasmée — miroir embellissant de sa trop dure réalité — dans laquelle une poupée grandeur nature, sertie de paillettes bleues, et Jean Valjean, un géant parlant le langage des arbres, deviennent ses complices pour l’accompagner dans les tâches ingrates du quotidien. Cette mise en exergue du pouvoir de l’imaginaire rappelle à nos chérubins qu’il existe des issues symboliques aux situations réelles insupportables. Entre Victor Hugo, le poète populaire, et les échappées féeriques des contes de Grimm ou Andersen, la pièce trouve un juste équilibre, qui permet une respiration inattendue dans l’incontournable tragédie. Marianne Houspie compose une croquante Madame Thénardier, ironique, drôle et sadique, du haut de sa robe démesurée. Ce costume-décor place notre toute petite Cosette au pied de sa tortionnaire, symbolisant le point de vue de l’enfant sur un monde qui l’écrase ou le domine bien souvent. Tout est affaire de proportion. Peggy Péneau interprète l’héroïne sur un fil, entre innocence perdue et maturité trop précoce, Pascal Farré s’avérant quant à lui l’homme de toutes les situations, et impressionnant particulièrement le jeune public lorsqu’il joue Valjean perché sur des mini échasses. Avec sa troisième création de l’année, le Badaboum ne laisse pas son public indifférent : les enfants gobent la fiction bouche ouverte, vivant le théâtre comme on ouvre un livre d’images, littéralement sous le charme. Spectateurs implacables, ils sont incapables de tricher : si une scène traîne en longueur, trente corps remuent simultanément ; si l’intrigue les attrape, trente cœurs s’arrêtent de battre. Alors, quand Cosette part seule à la tombée de la nuit chercher de l’eau dans la forêt, les souffles sont coupés, une crise de larme surgit dans le silence, l’angoisse est palpable : la magie du théâtre opère. Mais, bonne nouvelle pour les âmes sensibles, depuis peu, Cosette, ça finit bien…

Diane Calis

Cosette : ça finit bien : du 25/01 au 4/02 au Badaboum Théâtre (16 quai de Rive-Neuve, 7e).
Rens. 04 91 54 40 71 / www.badaboum-theatre.com