Sadhus de Olivier Remualdo

Correspondance visuelle, 2e édition à la Galerie Fontaine Obscure

Le film conducteur

 

Des photographes triés sur le volet par le magazine Compétence Photo se sont prêtés au jeu du cadavre exquis, répondant à une photographie par la création d’une nouvelle image. Le résultat est à découvrir à la Fontaine Obscure.

 

Une femme, belle, grande, élancée, coiffée d’un casque médiéval, une cigarette à la bouche, se perd dans un quotidien anachronique pour atterrir dans les bras d’un homme… Trois jours se sont maintenant écoulés et le spectateur peut déjà s’inventer un véritable conte en cheminant de photos en photos. Elles entrent en résonnance de manière narrative, comme ce récit où des amoureux s’embrassent puis voguent sur les flots. L’écho est parfois graphique, recréant dans un autre environnement les mêmes lignes, les mêmes ombres, une composition similaire bien que foncièrement différente dans le propos. Le lien est parfois difficile à trouver et peut alors biaiser la compréhension de l’œuvre en elle-même… Malgré cela, la plupart des correspondances fonctionnent.
Coup de cœur pour La Suite du dix-septième jour de Mathilde Petit, dans laquelle la Jeune Fille à la perle de Johannes Vermeer se fait anonyme derrière une multitude de post-it. La photographie confine ici au génie. Et ce qui lui fait suite est tout aussi intéressant… Chantal Serène pare la jeune fille d’atours orientaux, jusqu’à la rendre envoûtante. En gardant la composition de l’image, et notamment la position du visage, Lika Banshoya transforme quant à elle la jeune fille en un homme à la peau noire, dont les traits doux et le sourire léger donnent envie d’entrer avec lui en méditation. Une quiétude bouleversée par le magnifique cliché d’Olivier Remualdo, représentant un homme hindou coiffé d’une cascade de dreadlocks, dont le regard absent révèle paradoxalement tout le charisme. Les métamorphoses successives renvoient ici avec tendresse à la richesse de notre monde métissé.
Si l’exposition nous offre également la possibilité de nous évader librement au gré de chaque cliché, son sens de lecture illustre à quel point le génie des réponses décuple la puissance poétique des œuvres.

Elise Lavigne

 

Correspondance visuelle, 2e édition – D’une histoire à l’autre : jusqu’au 30/05 à la Galerie Fontaine Obscure (24 avenue Henri Poncet, Aix en Provence).
Rens. : 04 42 27 82 41 / http://www.fontaine-obscure.com

Pour en (sa)voir plus : www.competencephoto.com