© Icinori

Collé Serrés au Studio Fotokino

Bonnes impressions

 

Pour ses retrouvailles avec le public, Fotokino réunit les dessins, estampes, livres, fanzines, entre autres objets éditoriaux, d’une petite dizaine d’artistes. Sous le judicieux intitulé Collés Serrés, une exposition riche et « danse », qui fait aussi partie de la programmation du Printemps de l’Art Contemporain.

 

 

Le titre de l’exposition pourrait se lire comme un rappel de cette proximité relative entre les corps bientôt retrouvée ou comme une référence à la danse graphique à laquelle se livrent les œuvres en présence, « collées serrées sur les cimaises », mais encore comme un petit clin d’œil à la fabrication des livres. On pourrait en effet penser, par exemple, au mode de reliure dit du dos carré collé, technique que l’on peut pratiquer à la maison avec des serre-joints, lesquels maintiennent bien serrés entre eux les feuillets de l’édition en cours de fabrication, pendant qu’on en enduit la tranche de colle.

 

© Fien Jorissen

 

Si, sur le plan thématique, rien de particulier ne réunit tous les artistes, ils partagent à n’en point douter un goût prononcé pour le dessin et accordent une place particulière à la fabrication d’objets éditoriaux : livres, fanzines, estampes, multiples en tous genres. On pourrait même dire que ce qui les rapproche le plus, c’est une vision du modèle de l’artiste, qui maîtrise l’œuvre de sa conception à sa diffusion en passant par sa fabrication, du dessin au multiple, de la main à la machine. En découlent une certaine liberté dans le ton et dans la forme, un recours inédit aux techniques de reproduction, une certaine accessibilité, c’est-à-dire une proximité avec le public, et des œuvres de grande qualité mais financièrement abordables.

 

La cabane de Shakira d’Aglaé Rochette

 

Ce n’est donc pas par hasard que Fotokino proposera au public de mettre lui-même la main à la pâte. En effet, ce dernier sera invité à venir créer des fanzines à partir de dessins et d’un procédé d’impression, la risographie. L’imprimante Riso de Fotokino, au centre de l’exposition, tournera donc à plein régime lors de ces ateliers. Elle résonnera silencieusement avec les œuvres le reste du temps,  car on trouvera sur les cimaises plusieurs risographies, dont certaines ont été imprimées ici-même.

L’histoire de ce procédé d’impression fait sens avec le DIY cher à la maison, puisqu’il est apparu dans les années 50 pour l’usage des collectivités, des entreprises ou des établissements scolaires, leur offrant une grande autonomie pour créer eux-mêmes leurs supports de communication (affiches, flyers, cartes de visite…). Ces dernières décennies, des artistes se sont approprié la technique, lui permettant d’exprimer son plein potentiel. Et en effet, entre de bonnes mains, ces machines permettent de produire à moindre coût des œuvres d’une grande richesse visuelle et, pourquoi pas, de s’autoéditer.
Collés Serrés en donne un très bon aperçu, notamment à travers les dessins de l’artiste japonaise Mogu Takahashi, certains des « paysages au grain poudreux » de Lisa Mouchet, ou encore le Book Reader de Fiev Jorissen, dont on peut voir aussi le dessin au crayon. Un bon moyen de rendre compte de l’importance du processus d’impression dans le travail de cet artiste.

Sont également exposés des dessins originaux, des estampes, des sérigraphies, d’impressionnantes impressions à la presse typographique signées Icinori, ainsi que d’autres objets éditoriaux comme les petits dominos en plâtre de la série Pavillons, de Manon Cezaro.

 

Frédéric Vaysse

 

 

Collé Serrés : jusqu’au 6/06 au Studio Fotokino (33 allée Léo Gambetta, 1er).

Rens. : 09 81 65 26 44 / https://fotokino.org/

Ateliers Riso : initiation à l’impression en risographie, sur réservation (jauge limitée à 5 personnes par session, pour adultes et enfants à partir de 8 ans).

Deux sessions d’une heure par jour : mercredi, jeudi et vendredi, à 15h et 17h.

Petit laboratoire graphique : ateliers normographe, monotypes et tampons en accès-libre, pour tous.