Chroniques du Cinéma Algérien

Chroniques du Cinéma Algérien

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L’Algérie, l’insoumise

Une toute jeune structure régionale s’est donné la mission de participer à la diffusion des cinémas méditerranéens. Dont acte avec une première manifestation autour de la production cinématographique algérienne, à suivre de fort près.

Le long et formidable travail d’Aflam, institution phocéenne de diffusion des cinémas arabes, semble avoir créé quelque vocation, avec cette nouvelle manifestation présentée par l’association Cinémas de la Méditerranée : Chroniques du Cinéma Algérien. C’est sur ce pays tout particulièrement que cette jeune structure a décidé de porter son regard, proposant sa programmation dans un nombre impressionnant de salles, aux quatre coins de la région, de Nice à Montpellier. Aflam et Circuit Court avaient déjà défriché le terrain, cette manifestation vient enfoncer le clou : le cinéma du Maghreb, a fortiori la production algérienne, est l’un des plus dynamiques du moment, avec l’émergence de nombreux jeunes cinéastes désireux de reprendre en main le destin de la création cinématographique nationale. Le cinéma arabe avait en quelque sorte, déjà, amorcé sa révolution. Les projections présentées ici bénéficieront pour la plupart de la présence d’intervenants, cinéastes, producteurs, acteurs, distributeurs, qui permettront ainsi de balayer l’étendue de la production cinématographique algérienne contemporaine. C’est le cas de Sabrina Draoui, venue accompagner une sélection de courts-métrages de jeunes cinéastes, dont le sien, Goulili. Une programmation où l’on retrouve, entre autres, Khaled Benaissa, et Yasmine Chouikh, fille du grand Mohamed Chouikh, auteur des sublimes L’arche du désert et La citadelle. Parmi les nombreux longs-métrages, documentaires et courts qui seront proposés tout au long de l’année, citons cet étrange opus, La place, comédie musicale à connotation fortement sociale. Si l’Egypte avait jusqu’alors le monopole du genre, l’Algérie se lance à présent dans la compétition. Mais loin des bluettes habituelles, cette œuvre de Dahmane Ouzid campe son décor au cœur de l’agora, lieu d’échanges et de controverses. Et confirme cette impression récurrente que le champ de la caméra semble s’élargir depuis quelques années dans la production algérienne. Ce qui restait plus suggéré jadis s’expose désormais au grand jour. La dimension urbaine explose dans le cadre, la liberté de ton des personnages s’émancipe, les sujets se font toujours plus corrosifs. Telle est la dynamique des films présentés lors de cette manifestation, qui redonne au cinéma cette énergie et cette urgence, à l’instar des œuvres du free cinéma anglais, du néo-réalisme italien, ou de la nouvelle vague française.

Emmanuel Vigne

Les 9 & 15/02 au Lycée Diderot (23 boulevard Laveran, 13e) et le 9 au Cinéma les Lumières (Vitrolles). Rens. www.chroniquescinémaalgérien.fr