Charles Atlas – Tesseract © Mick Bello

Charles Atlas – Tesseract à la Tour-Panorama de la Friche

Wonderland

 

Triangle France et Marseille Objectif Danse programment à la Friche Tesseract, un film stéréoscopique de Charles Atlas, artiste majeur de la danse media et compagnon de longue route de Merce Cunningham.

 

Le tesseract, c’est le concept d’un cube en quatre dimensions. Notre œil en perçoit trois, donc la quatrième relève d’une idée poétique de ce qui nous enveloppe et que l’on perçoit à travers le temps. C’est un peu de la science-fiction, mais aussi beaucoup de recherches. Le trou noir est-il un tesseract ? Notre galaxie, imbriquée dans d’autres galaxies, ne se mesure plus en mètres, mais en années-lumière. Quand le tesseract rencontre la danse, l’univers se rapproche du sol et vient interroger le petit homme dans son essence. Charles Atlas a construit, pendant deux ans, la mécanique d’une chorégraphie de l’image et du corps qui ne ferait plus qu’un. La complexité du tournage en 3D, avec ses jeux de miroirs, pousse le geste dans une chorégraphie millimétrée, où chaque individu devient le centre de lui-même, reconstituant un grand ensemble qui l’enveloppe et le dépasse. Des jeux de panneaux mobiles redessinent à l’infini de nouveaux espaces. La chorégraphie, orchestrée par Rashaun Mitchell et Silas Riener, se démultiplie dans une profondeur de champ infinie et le geste est épuré jusqu’à devenir un punctum qui illumine l’espace. Tesseract est une variation de six tableaux, mais le premier est indéniablement une merveilleuse sensation de redécouvrir la danse dans ce qui la traverse et la constitue au fil de son histoire. On s’allonge dans le moelleux des coussins et on se laisse transporter par les vibrations du sol et la partition de Fenesz. On se laisse surprendre par cette main qui vient nous effleurer. On devient nous-mêmes actif, enveloppé dans la délicatesse d’un bras qui se glisse sur notre épaule. Tout devient lumineux et transcendant, de la qualité du pied se posant sur le sol à cette arabesque qui se glisse sous le passage d’un bras. Les gestes s’entremêlent et se déplient dans un origami parfait et, dans le temps d’une respiration, on vit l’extase d’être un élément de la scène. Tesseract regarde l’avenir en recyclant des formes d’un passé pas si lointain. C’est ce brassage de l’histoire et du présent qui crée une dissonance étonnante et rend cette œuvre unique et inclassable.

 

Karim Grandi-Baupain

 

Charles Atlas – Tesseract : jusqu’au 23/07 à la Tour-Panorama de la Friche (41 rue Jobin, 3e).
Rens. : www.lafriche.org / www.trianglefrance.org

Pour en (sa)voir plus : www.charlesatlas.com