© Sing Or Die Karaoke

C’est arrivé près de chez vous | Sing or die Karaoké

On connaît la chanson

Depuis plusieurs années déjà, le cabaret Sing or Die revisite le karaoké pour le plus grand bonheur des wannabe rock stars. C’est désormais au sein d’une structure dédiée, en plein cœur du quartier Longchamp, que le duo franco-écossais accueille les chanteurs en herbe. L’endroit idéal pour faire son coming out musical. Ou pas.

 

 

Il est deux heures du matin, clap de fin au Sing or Die, la première salle de la cité phocéenne entièrement dédiée au karaoké. Après un dernier titre entonné à tue-tête par les quelque 150 participants présents — Bohemian Rapsody de Queen, au passage l’un des morceaux les plus exigeants et les plus ardus du répertoire rock —, le public bigarré quitte les lieux avec la satisfaction d’avoir pu chanter, ou massacrer, ses chansons fétiches, selon l’expression consacrée par les animateurs Jaggy B Glitter et LionHell Richbitch Noshame.

Nos hôtes tombent les masques — oreilles de lapin pour lui, cagoule baroque ornée de perles pour elle, ce soir-là — et s’empressent de rejoindre autour du bar la faune hétéroclite qui joue joyeusement les prolongations. L’occasion de discuter autour d’une bière sans gluten de l’aventure Sing or Die entamée en 2012 et de cet espace singulier, situé à quelques encablures du Palais Longchamp, qui s’est imposé en quelques mois comme l’un des piliers incontournables des nuits marseillaises.

C’est en 2012, à l’Enthropy, qu’est programmé le tout premier karaoké. Lionel, batteur dans diverses formations de grind et crustcore, a quitté son job de développeur informatique dans lequel il s’ennuyait ferme pour monter une salle de concerts. Sous l’impulsion de Jacky (artiste de rue, costumière aux doigts de fée), le cabaret Sing or Die y voit le jour. Non sans quelques réserves de la part du trio de punk rockers aux manettes de l’Enthropy : le karaoké est alors totalement ringard. Qu’à cela ne tienne, le catalogue fourni par l’artiste berlinoise Marylin Mongol, l’initiatrice du concept, ne contient que du rock, du metal et de la pop contagieuse !

À compter de 2013, un rendez-vous mensuel est programmé dans l’antre de l’underground marseillais, la Machine à Coudre. Leur karaoké déjanté y fait fureur et essaime dans une multitude de lieux (la Salle Gueule, l’Embobineuse), de festivals (TINALS) et de happenings artistiques, certains totalement insolites (en pleine forêt, par exemple). Après des années d’itinérance, l’idée d’une structure consacrée à cet art de jouer devant un orchestre vide (l’étymologie du mot karaoké) s’impose comme une évidence. Le couple saute le pas en 2018 et jette son dévolu sur un vaste espace de deux étages inauguré après neuf mois de travaux.
La formule est désormais rodée, le rituel immuable : la maitresse de cérémonie introduit les chanteurs qui ont au préalable pioché la chanson qu’ils veulent interpréter (seul ou en groupe) dans un cahier disposé sur le comptoir. C’est Lionel qui envoie la musique tandis que les paroles défilent sur les écrans. Ici, la bienveillance est de mise, rappelle la native du sud de Glasgow : « Quand tu montes sur la scène, peu importe qui tu es et ta manière de chanter, tu seras accueilli de la même manière. Et ce n’est pas parce tu chantes bien que tu es plus applaudi. Parfois, c’est même le contraire ! Quelqu’un a parlé de nos soirées en les décrivant comme des soirées où les rock stars deviennent des gens normaux et les gens normaux des rock stars. »

Depuis son ouverture en juin dernier, le Sing or Die fait constamment de nouveaux adeptes, la salle enregistre en moyenne cinquante nouvelles adhésions chaque semaine. Un succès grandissant qui doit beaucoup à l’ambiance de cabaret postmoderne, festif et haut en couleurs instillée par le binôme. Les robes extravagantes de Jacky, ses masques extraordinaires, souvent fignolés à la dernière minute, font partie du show. On ne vient pas uniquement au Sing or Die pour se défouler et se lâcher, on vient parce qu’on est à la recherche d’un divertissement non formaté. De fait, l’ambiance est souvent électrique. « Au cours de la soirée, il y a un espèce de truc fébrile qui s’installe. Tout d’un coup, il y a comme un grain de folie et tout le monde est emporté, tout le monde chante sur tous les morceaux », décrypte l’Écossaise.

La programmation de musique live — même si un premier karaoké live avec un groupe pour accompagner les chanteurs en herbe a récemment eu lieu — ne fait pas partie des projets. « On pourrait faire des concerts, l’espace le permet, mais cela ne nous intéresse pas. Il y a des lieux qui font ça très bien. Ce qui nous plait, ce sont les propositions où le spectateur est acteur de la soirée », analyse Jacky. « On privilégie les soirées participatives, c’est ça qu’on aime », enchérit Lionel.
Outre les soirées karaoké, des sous-concepts calqués sur le même modèle ont donc vu le jour. Dance or Die animé par J2P, alias Jean de Pascal, ex Machine à Coudre, acteur incontournable de la night marseillaise. Également Lip Synch or die, avec un jury qui note les participants. Et bientôt peut-être un Dancaoke dédié à la chorégraphie.

En avril, les premières cabines privatives pouvant accueillir sept à huit personnes seront livrées. Particulièrement attendue, la Red Room, réplique de la salle d’attente de la série Twin Peaks avec son sol en zigzag noir et blanc et ses murs rouges. Ou encore la Disco Room, avec paillettes et boules à facettes. L’ambiance sera plus intime, moins intense, sur le modèle des apéros afterwork. Vivement le printemps !

Emma Zucchi

 

Sing or die Karaoké : 56 rue Léon Bourgeois, 1er.

Rens. : www.facebook.com/SingOrDieKaraoke/