Une K7 Ganache records

C’est arrivé près de chez vous | Le retour de la K7

Soyez sympas, rembobinez !

 

Pour Noël, oubliez les gadgets numériques et préférez ces petites capsules temporelles increvables que sont les K7. Rencontre à Marseille avec ces passionnés qui continuent à en faire.

 

 

Parfois, elles font « scrouik, krouic… ». Et parfois, elles font l’actualité. Comme début 2021, quand surgirent d’un placard des cassettes audio inédites des Daft Punk ! Oui, ces petites capsules temporelles en plastique increvables. Parfaitement ! Essayez d’écouter un CD enregistré dans les années 90… Alors qu’en vide-grenier, on peut trouver une K7 des Clash ou de Deep Purple comme neuves !

En marge des concerts des petites salles marseillaises, on trouve encore des K7. Certes, tout le monde n’est pas fan. Comme Jules, du groupe Parade : « Non, notre album, ne sortira pas en K7. Moi-même, je n’en écoute jamais ! » A contrario, Avenoir, pour la release party de son album au Leda Atomica, a mis un point d’honneur à ce qu’il sorte aussi sur ce support ! Et Éric, de Catalogue, de faire le pied de grue en attendant que Fabien, de Ganache Records, n’arrive avec son précieux colis.

Ce dernier fait partie de la poignée qui produit et distribue encore ce support. « Depuis 2011, on organisait ce qu’on appelait le “Ganache de la semaine” en mettant en ligne les morceaux des groupes qui jouaient le week-end à Marseille. Les K7, c’est depuis 2020. Parce que le support est cool, c’est facile à faire et, à produire comme à vendre, c’est pas cher ! »

Outre Catalogue, on trouve chez Ganache des piliers de la scène — Conger Conger ou Leonard Kotik, l’alter-ego de Jean-Michelle Tarre avec qui il compose le groupe Grrzzz… —, mais aussi des jeunes pousses comme Glitch ou Avenoir. « Les groupes sont super enthousiastes car ça leur fait un support supplémentaire. Les gens aussi. Certains en achètent alors qu’ils n’ont rien pour écouter. Juste pour l’objet ! »

L’objet, c’est, en quelque sorte, ce qui a aussi amené Laurent, du label Cœur sur toi, à produire et diffuser ce support. Dans les années 2000, il avait déjà un label de K7 de metal. Mais ce qui lui a remis le pied à l’étrier, c’est… Sophie Calle ! « À l’occasion de la mort de son chat, elle a fait une compil sur K7 avec des gens comme Benjamin Biolay. Tout ce que je déteste ! Peu après, mon chien est mort. Et je me suis dit : pourquoi son chat aurait-il droit à sa K7 et pas mon chien ? »

Depuis, il en a sorti une cinquantaine : « Il y a de tout. Du metal, du punk, de l’électro. À part du reggae ou du slam, tout simplement parce que je n’en écoute pas… Et c’est vraiment artisanal. Je les enregistre une par une et n’en tire que cinquante exemplaires. Chaque K7, vendue cinq euros, revient à trois et demi. Et tous les morceaux sont sur le net. L’idée, c’est de diffuser la musique, pas de faire de l’argent. » Laurent n’a jamais accroché avec le vinyle : « C’est gros et fragile. Alors qu’une K7 aussi, c’est magnifique. Et non seulement, c’est pas cher, mais ça tient dans la poche. Idéal en concert ! »

Si des figures comme Olivier Crapoulet distribuent aussi des K7, sur Marseille, Giz Medium, touche-à-tout de la scène locale, fait presque figure, avec son label Bus Stop Press, de vétéran. Des K7, il en fait « depuis 2009. D’abord parce que j’en ai toujours écoutées et enregistrées. Ensuite parce qu’en soi, l’objet est beau. Je me souviens encore du premier EP du groupe toulonnais Bokanowski. Et il y a une véritable liberté. Pas besoin de la moindre déclaration et pour une somme modique, un groupe peut très bien enregistrer sur K7 une démo pour son premier concert. Ce qui est impossible avec un vinyle ! »

Intarissable sur comment redonner vie à un vieux lecteur, lui qui se fournit en Angleterre et qui est l’un des rares à disposer d’un duplicateur a poussé loin le côté « tout-terrain » : avec ses K7 de récup’, il diffuse une « compil de Noël » assez réjouissante, s’est servi de ce support comme d’un flyer pour trouver un batteur et a exhumé des limbes la démo d’un groupe oublié (I Kill Giants) ou un superbe canular (Chaos de Noël). Alors, sous le sapin, oubliez les gadgets numériques. Quoi de mieux, pour les fêtes de fin d’année, qu’un truc qui, comme mamie (mais en moins pénible et encombrant), fait parfois « scrouik, krouic… » ?

 

Sébastien Boistel

 

Rens. : www.ganacherecords.co / busstoppress.weebly.com / coeursurtoi.bandcamp.com/music