Caroline Sury © Aileen Orain

Caroline Sury – Membracides à la galerie Porte Avion

Caroline aux mains d’argent

 

Experte du coup de crayon noir, du Dernier Cri à l’Association, Caroline Sury réinvente l’art du découpage dans sa nouvelle exposition, Membracides. Avec des formes à la fois torturées et délicates, l’artiste nous surprend et nous fascine. Une fois de plus.

 

Avec ses murs blancs et son haut plafond, la galerie Porte Avion offre une toile parfaite pour apprécier pleinement les découpages épurés de Caroline Sury. Déjà présente dans nos pages pour la sortie de sa BD, l’artiste lâche cette fois le crayon pour les ciseaux et le cutter. « Je dessine aussi en quelque sorte. J’enlève de la matière jusqu’à obtenir ce que je souhaite. » Bien loin des découpages de petits bonhommes que l’on a tous faits en primaire, Caroline expose ici des formes extrêmement travaillées, une dentelle de papier parfaitement symétrique. On y retrouve le côté subversif et onirique déjà présent dans ses dessins. « Quand je me suis lancée dans le découpage, je ne savais pas trop ce que j’allais créer. Pour les derniers, je me suis appuyée sur une série de dessins. Ils ont été ma matière première, et j’ai ensuite retravaillé l’idée pour la découpe. Il y a de l’autoportrait quelque part puisque je pars de mes sentiments du moment. » Du noir donc, mais pas que. Ses dernières découpes, géantes, se colorent et s’adoucissent, l’une représentant la force vive de la femme via des ovaires géants et l’autre une Femen plus grande que nature. Un côté féminin et féministe assumé qui livre en filigrane une autre partie de l’artiste. La clé pour comprendre pleinement l’exposition se trouve dans son titre, Membracides. « Ce sont de tout petits insectes qui, pour se défendre, arrivent à prendre l’apparence de choses repoussantes ou mortelles. Par exemple, se faire passer pour une fourmi atteinte d’un champignon mortel. C’est assez incroyable. » Une fois le secret livré, l’imbrication des multiples personnages présents dans les découpages ressort d’autant plus : « On peut me reconnaître derrière les masques de mes personnages. C’est moi, mais cachée dans plein de déguisements différents. »

Texte et photo : Aileen Orain

 

Caroline Sury – Membracides : jusqu’au 27/04 à la galerie Porte Avion (96, bd de la Libération, 4e).
Rens. 04 91 33 52 00 / errebel@free.fr / www.galerieporteavion.org
Pour en (sa)voir plus : http://carolinesury.fr (voir couverture Ventilo # 315)
Livre de l’exposition (éd. L’Agence Immobile), disponible à la galerie