Carolein Smit à la Galerie Dukan & Hourdequin

Carolein Smit à la Galerie Dukan & Hourdequin

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Rideau fermé

Dukan et Hourdequin ferment leur galerie avec l’exposition de l’artiste flamande Carolein Smit. L’occasion de regretter un espace qui a tenté d’introduire la démesure et la splendeur de l’art contemporain dans la rue d’Aubagne.

Peut-on parler de coïncidence en évoquant le fait que Carolein Smit a appris la céramique à ‘s-Hertogenbosch (Bois-le-Duc en VF), la ville où naquit le peintre Jérôme Bosch ? En regardant leurs œuvres respectives, on découvre que l’humain et l’animal y sont intimement liés. Chez Jérôme Bosch, le bestiaire est un prolongement de la divinité à la manière d’une réconciliation devant la dégénérescence de l’être : l’enfer se mêle au paradis et l’humain et l’animal ne font plus qu’un. La contemporanéité du travail de Carolein Smit rend les choses plus complexes. La jeune fille, le lapin écorché, les bijoux, les vanités et le minéral (l’eau) s’entremêlent dans une vision recyclée d’une autre époque. L’hyperréalisme du détail emmène la technique de la céramique vers une hallucination du regard. La main transcende la délicatesse de l’émail pour rejoindre la précision du pinceau et l’organique se montre à l’extérieur de l’enveloppe (le corps). Le minéral coule par les yeux et devient une seconde peau, tout s’interpénètre dans le fluide d’une ligne d’énergie, à la manière d’un mouvement perpétuel. Et c’est justement l’enjeu de la sculpture depuis l’art hellénistique et Le Discobole de Miron, ou comment retranscrire le mouvement d’une forme statique. Carolein Smit nous démontre que l’avenir nous interpelle dans sa complexité et que la minutie du collage et de la réinterprétation répondent aujourd’hui aux questions d’un monde qui se perd dans la société du spectacle et de l’instantané.

Texte : Karim Grandi-Baupain
Photo : Parels

Jusqu’au 23/04 à la Galerie Dukan & Hourdequin (83 rue d’Aubagne, 1er). Rens. 04 91 33 65 80