ça planche n° 183

ça planche n° 183

Les Verticaux > Par la Cie Arketal
Rue des muguets > Par la Cie La Cité
La véritable histoire de Sindbad le Marin > Par la Cie Le Souffle & l’Assoce Pikante
Debout > Par Christophe Alévêque
Five for Two > Par Heni Varga et Dénes Debrei

Les Verticaux
Par la Cie Arketal
Le Théâtre Massalia, tout comme la Minoterie, s’attache cette semaine à parler de la famille et des problèmes qui y sont liés. Monsieur et Madame Verticaux sont unis pour la vie et parfois désunis dans la vie et dans ses imprévus… Cinq enfants à gérer, ça fait beaucoup. Alors il arrive que ça dérape, surtout quand on ne sait plus pourquoi on est dans une situation qui n’est pas celle à laquelle on aspirait. Mais la complicité sauvera tout ce petit monde cocasse imaginé par Fabienne Mounier. Ce spectacle aux dialogues savoureux et grinçants est un délectable mélange d’acteurs et de marionnettes. Les marionnettes — crées par Wozniak, celui-là même qui collabora dernièrement avec Manu Chao pour Sibérie m’était contée —, véritables « matière à vivre », donnent un corps particulier et unique à ce morceau d’instantané familial, quelque peu mouvementé mais inoubliable…
_ Le 14 au Théâtre Massalia

Rue des muguets
Par la Cie La Cité
Belgique. Maison des parents, dans un quartier modeste. Parents eux-mêmes modestes, vie modeste. Territoire familial quitté voilà vingt ans pour le Sud et pour Marseille en particulier. Que reste-t-il, après cet éloignement, de la voix des autres ? Que reste-t-il après « une valse à trois temps » ? Michel André crée Rue des Muguets, spectacle solo, fiction réelle, en 2004. Par nécessité, pour voir, pour connaître l’autre… Les autres, ce père et ce frère, ces inconnus. Et s’appréhender soi au passage. L’autobiographie, par le biais de l’autofiction, a pris ces quinze dernières années une voie proche de l’exhibitionnisme. Ce n’est pas l’option adoptée ici malgré la vidéo et les interviews. Rue des muguets est, disons, un portrait à la fois tendre et sincère. Et drôle aussi. Différent en tout cas. A voir, c’est sûr…
_ Du 15 au 17 à la Minoterie

La véritable histoire de Sindbad le Marin
Par la Cie Le Souffle & l’Assoce Pikante
Qui n’a jamais entendu parlé du célèbre marin Sindbad ? Qui n’a jamais rêvé de vivre l’aventure mythique de ce conte oriental ? La Cie Le Souffle et l’Assoce Pikante permettent aux spectateurs de faire le voyage avec eux ! A travers cette épopée burlesque musicale les deux compagnies font partager aux petits comme aux grands l’histoire d’un marchand qui, parcourant les mers, découvre le monde et vit des aventures fantastiques. Elle est racontée par le héros lui-même, aidé par Olaf son improbable rejeton et cinq musiciens, équipage enthousiaste. Pour animer son récit, et tenter d’étayer la soi-disant véracité de son propos, Sindbad utilise toutes sortes de transpositions : marionnette, pantomime, danse… Olaf s’en mêle, donne son avis et sa version des faits, nettement différente de celle de son père… A chacun sa vérité…? Entre farce et lyrisme, de musiques traditionnelles en rythmes étranges, cette épopée orientale est une invitation au voyage et à la rencontre.
_Les 15 & 16 à l’Espace Culturel Busserine
_Les 28 & 29 au Daki Ling

Debout
Par Christophe Alévêque
« N’oublions jamais que c’est la tortue qui a gagné. Et moi, ça m’arrange. » A elle seule, cette petite phrase résume sans doute la philosophie de Christophe Alévêque. Dans son spectacle Debout, l’humoriste cathodique se moque de tout et de tout le monde, des femmes (« Va faire prendre la pilule à une chèvre, surtout si elle est amoureuse. Déjà qu’avec les femmes on a mis 2000 ans… ») à la religion (cette « vague rumeur persistante »), en passant par les chiens (« vessies à poils »), la paranoïa ambiante ou les politiques de tous bords. Car ce qui fait la force du bonhomme, c’est son analyse grinçante de notre époque (« T’es d’humeur moyenne, comme le siècle… Tu positives quand même, parce que t’es con ») et de notre lamentable classe politique, qui lui permet d’enchaîner humour potache et provocations, jeux de mots désopilants et saillies spirituelles. Et même s’il en fait parfois trop, gageons que l’actualité saura donner un nouvel élan à son spectacle anti-politiquement correct et méchamment jouissif.
_Le 16 au Théâtre de la Colonne (Miramas)

Five for Two
Par Heni Varga et Dénes Debrei
Five for two, c’est de la danse. Comment s’opère la rencontre entre un roman de Janos Pilinszky (Conversation avec Sheryl Sutton) et un opéra de Robert Wilson (Einstein on the beach) ? En 1973, Pilinszky tombe malade, il est recueilli et soigné par Sutton, comédienne pour Wilson. Einstein on the beach est un opéra de cinq heures où la durée impose le rythme et les variations de la musique. Philip Glass écrit sa partition à partir d’un nombre infime d’accords et réfléchit à la manière de les faire tenir sur la durée : en résulte une musique minimaliste et répétitive où la parole se résume à des nombres et des mots-clefs. Les interprètes sont figés, la scénographie orthogonale, pour une vision obsessionnelle qui sort l’opéra d’un romantisme baroque où l’émotion écrasait la foule. « Il n’y a point de liberté, ni de vraie grandeur sans conversation dépassant l’ennui » : par cette phrase, Pilinszky résume sa relation à la maladie et le signifiant de l’œuvre de Wilson. Dans cette idée de se retrouver au fond de son lit et de ressasser indéfiniment comment on en est arrivé là, il y a la possibilité d’une anagramme, d’un poème, d’une écriture. La danse cherche des mots qu’elle ne prononcera jamais, elle recommence indéfiniment son histoire par d’autres attitudes, elle tient debout par l’énergie et l’immobilité. Une forme d’équilibre.
_ Les 20 & 21 aux Bancs Publics