Britannicus © Eric Reignier

Britannicus par la Cie Lanicolacheur au TNM La Criée

Retour au Racine

 

Xavier Marchand dévoile la première partie de son diptyque Racine en mettant en scène Britannicus, avant d’enchaîner sur Bérénice en février prochain. A suivre, donc.

 

Délectons-nous encore du théâtre classique : un texte en alexandrin, et de quoi plonger pour quelques heures au cœur de la Rome antique… Racine écrit Britannicus en 1669, soit deux ans après Andromaque, qui connut un franc succès. Avec cette tragédie, il espère détrôner Corneille et devenir le maître incontestable du genre une bonne fois pour toutes. Il suit alors à la lettre les règles élémentaires et travaille sans relâche. Pourtant, à sa sortie, la pièce ne reçoit pas le succès escompté, du fait (entre autres) d’une exécution publique programmée le soir de la première, le public boudant le théâtre au profit du sinistre réel…
Mais sept ans plus tard, la reprise de l’œuvre trouvera son public, et Racine sera enfin salué comme le plus grand auteur dramatique de son temps. La pièce retrace l’accession au trône de Néron, alors âgé de dix-neuf ans, hissé en tête du classement par sa mère Agrippine, laissant pour compte Britannicus, son demi-frère, pourtant légitime futur Empereur… Une véritable rivalité s’installe, entre les deux frères d’abord, puis entre une mère avide de pouvoir et son fils, et enfin entre les conseillers eux-mêmes.
Avec cette nouvelle version, nous assistons à la transformation d’un adolescent encore innocent en véritable bête sanguinaire avide de pouvoir et d’amour, pour mieux éprouver de l’empathie envers l’agneau immolé qu’est Britannicus. Le jeu des acteurs, d’une justesse remarquable, est renforcé par le choix de Xavier Marchand de confier les rôles à des comédiens qui ont l’âge des personnages. Un choix brillant, pour une pièce qui ne l’est pas moins.

Pascale Arnichand

 

Britannicus par la Cie Lanicolacheur était présenté du 20 au 26/11 au TNM La Criée