Brèves 165

Brèves 165

… Marseille Objectif Danse et Vidéochroniques … Jean Bellissen … LMX … Païdos … Equitable Café … Festival de la Terre … île… été… 8 fois …

La transdisciplinarité n’est pas une tâche aisée: chaque discipline artistique a un langage spécifique et demande un regard attentif, malgré le cortège de festivals fourre-tout. Il faut donc saluer l’initiative conjointe de Marseille Objectif Danse et Vidéochroniques, qui organisent des projections au Miroir autour d’un dialogue entre la danse et les arts plastiques (qui ont toujours eu des contacts par le biais de la performance). Jeudi à 17h30, les deux structures nous offrent l’occasion de revoir des films rares des avant-gardes : les dadaistes, le Bauhaus (le formidable ballet robotique de Schlemmer), la « sorcière » Valeska Gert, la rencontre Cunningham & John Cage et le croisement de la danse avec l’art minimal (Lucinda Childs, Philip Glass et Sol Lewitt). Parfois, la caméra participe à la danse, comme dans les travaux de trois femmes formidables — Loïe Fuller dans les années 30, Maya Deren dans les années 40, Anne Teresa de Keersmaeker dans les années 90 — projetés vendredi à 16h45. Une modernité qui traverse les époques jusqu’aux films de Mark Tompkins ou Philippe Decouflé. La danse peut être aussi un mouvement abstrait, au-delà du corps, lié aux avant-gardes des années 20 (Fernand Léger, Hans Richter, Len Lye, O. Fischinger ou la féministe pionnière Germaine Dulac). Vers 19h30, cap sur le contemporain avec des « manipulations de la matière visuelle » auxquelles participe la chorégraphe Trisha Brown. Cerise sur le gâteau à 20h40 avec un programme électrique : l’éléphant de Chris Marker, les hippocampes de Jean Painlevé, le jeu de positions de Bruce Nauman ou la banalité extra-terrestre d’Erik Duyckaerts. Chapeau !

Il a construit un univers absolument singulier pour lequel il a inventé un langage dont « utopie » et « improvisation » sont les maîtres mots. A soixante-dix ans, Jean Bellissen est le plus jeune des artistes marseillais et l’un des plus surprenants au niveau de l’autodérision. La survie avec humour, SVP. Dandy des bas-fonds, star d’un film série B jamais réalisé, l’artiste sera jeudi dès 18h à la galerie Athanor (où se poursuit sa délicieuse exposition) pour la projection de ses films et une dédicace de son dernier ouvrage, Merci Marie.

Excellente nouvelle que l’ouverture du centre de documentation de l’association LMX (située à l’étage de La Compagnie à Belsunce) à l’occasion de Foot Notes (comme une note subjective en bas de page), une réjouissante programmation vidéo concoctée par la cinéaste Maeva Aubert jeudi et vendredi à 21h. Photographes, compositeurs ou architectes, la plupart des vidéastes programmés posent un regard d’une sensibilité aiguë sur les mutations urbaines et les questions soulevées par le travail et la notion de frontière. Chaque sujet abordé ici (le conflit israélo-palestinien, les ouvriers agricoles du Pérou…) fait appel à l’expérimentation des formes cinématographiques. Du brillant New-Yorkais Phill Niblock jusqu’aux « expérimentateurs sensoriels » Augustin Gimel et Pierre-Yves Cruaud, ces poètes de l’image affirment la liberté de l’autoproduction : l’éthique rejoint ici l’esthétique. A ne pas rater vendredi le film sur deux écrans de Bregtje van der Haak, tourné au Nigeria en coopération avec l’architecte Rem Koolhaas.

Dix ans. Dix ans que Païdos se fait le compagnon des luttes sociales et politiques à Marseille. Dix ans déjà que la petite librairie du 54 cours Julien se fait le lieu de la confrontation des idées et de la contestation, en organisant des débats et des rencontres qui font avancer le schmilblick social. On ne s’étonnera donc pas que la structure ait préféré fêter ce moment en rendant hommage à ceux qui ont montré l’exemple plutôt que par une quelconque commémoration. Elle inaugure donc cette année un cycle de rencontres annuelles autour de la « Résistance », avec une programmation axée sur la guerre d’Espagne et la lutte des militants antifranquistes. Rendez-vous est d’ores et déjà pris jeudi avec Olivier Hilaïre, cinéaste et petit-fils de républicain espagnol, et vendredi avec le réalisateur Dominique Gautier, dont trois films seront projetés. La manifestation se poursuit jusqu’au 30 et sera détaillée dans notre prochain Hors-Série. Rens. 04 91 48 31 00

Si Envisages, l’association responsable de l’Equitable Café, n’a rien de particulier à fêter, elle consacre également son mois de juin à l’engagement, en programmant une série de documentaires citoyens. En abordant aussi bien l’effroyable politique du FMI (L’Argent d’Isaac Isitan, le 27) que la décroissance (Les Objecteurs de Croissance d’Hélène Lioult, le 29), les rouages du capitalisme (L’Age de la performance de Carole Poliquin, le 22) que les initiatives locales (soirée malgache autour du commerce équitable, le 24), la structure entend provoquer les débats. En ces temps de léthargie footballistique, souhaitons-lui simplement de tenir son pari. Rens. 04 91 48 06 62

Restons dans l’acte citoyen avec le Festival de la Terre qui, comme son nom l’indique, se propose de faire le point sur l’état de la planète — pas bien brillant comme on pouvait s’en douter. Depuis le 19 et jusqu’au dimanche 25, l’association Terralliance organise des journées thématiques, qui aborderont des sujets aussi variés que les rapports de l’artiste à la Terre (le 23), la sensibilisation au développement durable (le 22) ou à l’agriculture bio (le 25). Chaque citoyen est invité à participer à son niveau, par des collectes nationales ou des actions locales. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site www.festivaldelaterre.org

Mauvaise nouvelle pour les amateurs de contes : l’équipe de La baleine qui dit « Vagues » s’est vu contrainte d’annuler la huitième édition de son festival sur le Frioul, île… été… 8 fois. Elle semble ainsi être la première victime collatérale de la crise du transport maritime marseillais : en ne mettant à sa disposition que deux bateaux, le nouvel opérateur l’obligeait à contingenter ses spectateurs et n’offrait aucune garantie quant au transport du matériel en temps et en heure. Le petit théâtre de la rue Barbaroux ne baisse cependant pas les bras et planche déjà sur la prochaine édition. Rens. 04 91 48 95 60