Biennale européenne Jeunes Publics

Biennale européenne Jeunes Publics

L’enfance de l’art

En préfiguration à une biennale prévue dès l’automne prochain, le Théâtre Massalia et le Pôle Jeune Public TPM proposent, à la Friche bien sûr, mais aussi à Toulon sous le chapiteau de l’excellent Cirque Romanès, « l’événement artistique de l’Enfance et de la Jeunesse ».

Biennale-Valerie.jpgEn proposant à la fois spectacles, accueils et rencontres professionnelles, davantage en soirée qu’en temps scolaires — alors que les écoles demeurent les premiers relais des opérations labellisées Jeune Public —, cette préfiguration semble correspondre plus à une étude de faisabilité qu’à un réel souci d’accueillir des publics d’enfants. Signe des temps : dans un monde où les cieux institutionnels nous aideront quand nous nous serons aidés, il faut autant se soucier des moyens de production que ceux de la diffusion…
Pour ce qui est de la programmation, la séance de La nuit de François Cervantes fut fort agitée — ayant justement attiré un vrai public d’adolescents (exécrables). Cependant, si la précaution de la mention « en création » ne permet pas vraiment de le dire tout haut, on sort un peu déçu de ce que l’ingénieux directeur du Théâtre de Cuisine a fait de ces rêves d’adolescents — qu’on pensait d’ailleurs un peu plus fous (mais n’est-ce pas aussi le signe d’une génération en manque de parole ?).
Le public a pu ensuite apprécier avec un certain bonheur le one-man-show cinématographique du Marocain Mohamed Bari, multipliant expressions allusives et complices et opérant un habile déplacement « western » des coutumes de ce pays baigné de soleil, d’islam et d’autoritarisme politique. Parce qu’il nous parle de désir, avec ses tripes, avec sa mémoire vive, avec fraîcheur, Lost cactus, proposé par le théâtre belge de Galafronie, s’est révélé profondément authentique et efficace dans sa critique.
Dans la même soirée s’ensuivait une Valerie polonaise proposée par la compagnie Bialostocki Teatr Lalek. Dans ce théâtre de papier, les personnages, assez typiques de la farce médiévale, se cherchent, se fuient, s’attirent et se repoussent. Le spectacle fantastico-érotique, joué en polonais s’il vous plaît, et surtitré de temps à autre à bon escient, nous mène de péripéties en facéties, et on se laisse entraîner avec plaisir dans cet autre coin de la planète. Un spectacle du voyage par la langue, par la musique, par la douce folie de ses personnages et de l’intrigue — ou plutôt des intrigues, qui n’ont hélas pas été assez intrigantes pour la majeure partie du public ce soir-là.
Si la première partie de la Biennale découverte la semaine passée présentait surtout des spectacles destinés aux adolescents, reste encore à découvrir l’inventif Barbe Bleue portugais (La peur bleue), les marionnettistes de l’Ensemble allemand Materialtheater et leur ami Georges dans le garage, la création théâtrale et plastique 1/2+1/2 de la compagnie Skappa, ainsi que le Molière du spectacle jeune public 2008, L’hiver, quatre chiens mordent mes pieds et mes mains. Des spectacles nettement très jeune public, en journée : de quoi occuper avec tendresse nos premières vacances.

Texte : Joanna Selvidès
Photo : Valerie par Bogumi? Gudalewski

Préfiguration de la Biennale européenne Jeunes Publics. Jusqu’au 31/10 à la Friche la Belle de Mai et au Pôle Jeune Public Toulon-Provence-Méditerranée (Maison des Comoni, Le-Revest-les-Eaux, 83). Rens. 04 95 04 95 70 / www.theatremassalia.com