BIAC – Biennale internationale des Arts du Cirque 2019

AbracadaBIAC

 

La troisième édition de la Biennale des Arts du Cirque (BIAC) s’inscrit pleinement dans ce qui agite actuellement la planète : la place des femmes dans le domaine artistique ; et, une immersion dans la magie nouvelle, ce qui colle exactement avec ces temps d’illusion perpétuelle. Il sera difficile de choisir dans cette programmation gigantesque entre petites pépites, état des lieux de la création circassienne du moment, inédits « Made in BIAC » et divertissement.

 

Pour cette troisième édition de la Biennale Internationale des Arts du Cirque, il va falloir se munir de son GPS et d’un certain don d’ubiquité tant le territoire de présentation des spectacles s’est élargi (quarante communes, dont quinze nouvelles) et les partenariats, multipliés, avec une multitude de propositions aussi foisonnantes qu’excitantes.

 

The Magic Tour

Le Focus Magie prévu cette année nous fournira peut-être la baguette magique permettant de tout voir. Plus sûrement, il fera découvrir la magie nouvelle à un large public. Sortie du cliché du magicien qui a plus d’un tour dans son chapeau, privilégiant le fantastique de l’illusion, la magie a mué en magie nouvelle. Aux confins de plusieurs disciplines, elle se positionne comme un « art dont le langage est le détournement du réel dans le réel ». Depuis plus d’une quinzaine d’années, la magie nouvelle, conjointement aux circuits circassiens traditionnels, a emprunté ceux des scènes nationales, sous l’impulsion de Clément Debailleul, Valentine Losseau et, évidemment, Raphaël Navarro (Compagnie 14:20).

Ce dernier est donc le nouvel artiste associé de la BIAC, succédant à Johann Le Guillerm, qu’il croisera d’ailleurs au Mucem. Le premier avec sa conférence décalée Le Pas Grand Chose et le second avec une « Soirée magique », un cabaret détonant entre burlesque et étoiles avec plusieurs artistes de la magie nouvelle, parmi lesquels Philippe Beau et Étienne Saglio… Ces derniers seront aussi présents dans son exposition Traversée des apparences​ à la Friche La Belle de Mai. La Criée recevra quant à elle son spectacle fondateur du courant, Wade in the Water, sur une musique originale d’Ibrahim Maalouf.

 

Femmes de cirque

Un focus sur les femmes circassiennes, ardûment voulu par Raquel Rache de Andrade, co-directrice de la BIAC avec Guy Carrara, s’inscrit dans la réflexion générale sur la parité. Certains directeurs se sont déjà penchés sur cette question : lors de l’édition 2018 de la Route du Sirque, neuf spectacles étaient ainsi portés par des femmes. Et tandis que des indications de quotas sont préconisés dans les écoles de cirque, des collectifs féminins comme Les Tenaces voient le jour. Au-delà de la légitimité se pose ici la question de la conciliation entre vie de mère et vie d’artiste. Une façon pour Raquel Rache de Andrade, ancienne voltigeuse, de mettre en avant des femmes porteuses de projets conséquents et d’en faire des exemples à suivre. Ce focus féminin regroupe des figures marquantes comme Mélissa Von Vépy, qui a contribué à l’évolution de la place des femmes dans le cirque, ou d’autres comme Camille du Centaure ou Raphaëlle Boitel, qui ont imposé leur nom dans des duos ou des familles. Suivant cet objectif, la BIAC a d’ailleurs coproduit certaines des créations féminines qui seront présentées en avant-première. Marlène Rubinelli-Giordano, voltigeuse de la compagnie AOC, crée ici son premier spectacle : Des bords de soi. Une interrogation sur la démesure dans le cirque et les débordements en général.

Tatiana Mosio-Bongonga (Compagnie Basinga) fera quant à elle une traversée sur fil à haut risque au-dessus des immeubles de la Friche pour le lancement festif — et gratuit — de la manifestation.

 

Espaces Chapiteaux

Un vrai problème secoue le cirque actuellement : la disparition un à un des lieux pouvant recevoir les chapiteaux des compagnies. Même l’espace de la Villette va se transformer en chapiteau permanent. Les architectes et promoteurs traquent le moindre terrain vague et polissent tous les grands espaces. À l’opposé, la BIAC continue de faire du Village Chapiteaux son point fort ainsi que son lieu de ralliement avec trois chapiteaux, deux Magic Mirrors et le « plus petit parc d’attraction du monde » imaginé par l’artiste catalan Joan Rovira (compagnie Gargot de Joc), qui propose des jeux interactifs pour tout âge fabriqués à partir de matériaux de récupération. On y trouvera donc neuf spectacles​, dont​ six créations,​ et l’occasion de revoir les artistes gallois de ​Nofit State Circus (Lexicon), le très poétique L’Or blanc des jeunes Cambodgiens du Phare Circus ou la compagnie émergente Groupe Zède (Très).

Un deuxième espace chapiteaux est inauguré cette année au Théâtre du Centaure. Le chapiteau Volcan Noir y accueillera un spectacle maison (L’Envol) et le Chapiteau-Silo se fera le réceptacle d’une improbable scénographie en colimaçon proposée par la compagnie Les Choses de Rien (L’Absolu).

Ancrée dans le territoire, la BIAC est partenaire du festival des arts du geste Les Élancées de Scènes et Cinés. S’il y a un spectacle à ne pas rater cette année, il se passe à Istres : Campana du Cirque Trottola « cartonne » en ce moment au 104 à Paris.

La BIAC s’appuie aussi sur les compagnies régionales : pas moins de dix sont au rendez-vous, parmi lesquelle La Mondiale Générale, qui fera ainsi son grand retour avec Le Gros Sabordage, Fanny Soriano et sa compagnie Libertivore qui présenteront leur création Fractales, ou les désormais indétrônables Cirk biZ’arT (Boucan). Une manière pour le public de les suivre et une chance pour eux d’être visibles à l’international. Car la BIAC s’est bien transformée en un marché géant pour les programmateurs mondiaux. Pas étonnant quand on voit la programmation de la manifestation, avec un panel très varié (360 artistes de seize nationalités), entre spectacles grand public, créations, rencontres professionnelles, actions éducatives et en prémisse de la thématique de la quatrième BIAC, des pièces de répertoire (signées Yoann Bourgeois, Clément Dazin et du cirque Aïtal.

Alors AbracadaBiac, place au cirque !

 

Marie Anezin

 

BIAC – Biennale internationale des Arts du Cirque : du 11/01 au 10/02/2019 à Marseille et en Région Sud-PACA.
Rens. : www.biennale-cirque.com/fr/

 

Les incontournables du festival

 

Soirée magique composée par Raphaël Navarro (Cie 14:20)

© Clement Debailleul

La magie nouvelle se veut un lien entre le passé et le présent. Comment réinventer la surprise et l’émotion devant l’inattendu. Un diabolo se met en orbite sur une horizontale, une ombre chinoise redessine les émotions d’un chat. Il existe une magie qui réinvente une scénographie du mouvant et de l’indicible. Entre le tour de passe-passe, les jeux de lumière et l’innovation du numérique. La scène du théâtre se réinvente et se démultiplie dans une imagerie sans fin. Le magicien n’est plus ce petit homme habillé de noir, il devient un performeur qui questionne le théâtre et son histoire.

KGB

> le 12/01 au Mucem (7 promenade Robert Laffont, 2e).
Rens. : www.mucem.org

 

Tendrure d’André Hidalgo

À la croisée du flexin’ et du hip-hop, André hidalgo réinvente le jonglage dans une immobilité de la balle. Le corps devient un support fluctuant, à la manière du « tour du monde » avec un ballon. L’hybridation des techniques du futsal prend naissance dans la souplesse du corps, l’acrobate devient danseur à portée de main du mime Marceau. Les pieds posés sur le sol, là où le danger est absent, le dessin d’une trajectoire redevient prédominant et poétique.

KGB

> les 12 & 13/01 à la Friche La Belle e Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. : www.lafriche.org

 

Smashed par Gandini Juggling

© Ludovic Des Cognets

Smashed est une comédie anglaise huilée où les interprètes changent à loisir. Seule reste la mécanique précise d’une chorégraphie sans âge où les balles sont remplacées par des pommes, où la porcelaine devient un objet de désir que l’on casse à volonté, où les interprètes construisent une chaine sans fin. En reprenant le protocole de Kontakthoff de Pina Bausch, le jeu de chaises, la mixité, des airs de bal ancien, Gandini Juggling installe un mouvement perpétuel qui nous emmène au bout du bout de ce qui reste possible. À la manière d’une balle qui rebondit sur les sous-titrages, Smashed est un show unique qui a déjà fait le tour du monde.

KGB

> le 12/01 à la Croisée des Arts (Saint-Maximin-la-Sainte-Baume).
Rens. : http://croiseedesarts.com/

 

Bêtes de foire par la Cie Bêtes de Foire – Petit théâtre de gestes

© Vincent Muteau

Un cirque de proximité, un rien artisanal, très fantaisiste et à taille humaine. Un petit chapiteau à l’ancienne et une promesse de bonheur. Les auteurs de ce joyeux bric-à-brac ? Laurent Cabrol et Elsa de Witte. Laurent a cofondé le Cirque Convoi Exceptionnel ainsi que le Cirque Trottola avec Titoune et Bonaventure Gacon, après être passé par l’école d’Annie Fratellini, le Cirque Romanès. Elsa vient du théâtre de rue. Précédemment costumière, elle a gardé le goût du cousu main et de la bidouille. Ensemble, par le biais de la marionnette, du théâtre, de la danse et des arts du cirque, ils parlent de leur métier et de la vie qui prend son temps, dans un cirque forain sensible.

MA

> Du 24 au 27/01 à la Gare Franche (7 chemin des Tuileries, 15e).
Rens. : https://lagarefranche.org/

 

Wade in the Water par la Cie 14:20

© Clement De Bailleul

Et soudain la gravité disparaît et tout ce qui coule sous le sens devient une marche arrière flottante, une pirouette d’une légèreté aveuglante. Un couple réinvente les gestes du quotidien, mais tout est décalé et surprenant. Wade in the Water est la matérialisation d’un autre monde où le réel se transforme sous nos yeux à la manière d’une image de synthèse, mais ici, tout se touche et s’attrape, parce que le théâtre est un art du présent et de la présence. Wade in the water est une œuvre unique enrobée de la trompette mélancolique d’Ibrahim Maalouf. La magie nouvelle est arrivée et c’est maintenant.

KGB

> du 29 au 31/01 au Théâtre La Criée (30 quai de Rive Neuve, 7e).
Rens. : www.theatre-lacriee.com/

 

Minuit de Yoann Bourgeois

© Geraldine Aresteanu

Yoann Bourgeois utilise le CNN de Grenoble comme un laboratoire sans fin pour poser patiemment un nouveau vocabulaire sur l’essence du cirque. Du one man show à Buster Keaton, il existe un cirque qui pousse au fou rire et à la magie enfantine d’être émerveillé par ce que l’on avait oublié. Déjà présenté en 2017 au Théâtre du merlan, Minuit est un condensé de rêves et de surprises pour un cirque de demain, qui ouvre en grand les possibilités de l’interprète et du petit homme fragile.

KGB

> les 31/01 & 1/02 à la Salle Guy Obino (Vitrolles). Rens. : www.vitrolles13.fr

> les 7 & 8/02 au Théâtre de Grasse

 

Rare Birds par la Cie Un loup pour l’homme

© Slimane Brahimi

Un collectif de six acrobates prend forme dans une nonchalance mesurée, là où les choses se décident en concertation. Tantôt agile, tantôt décalé, Rare Birds est un hymne à la nature absente ou comment réinventer une roulade dans l’herbe haute, un rocher qu’on escalade à trois, une courte échelle pour mieux deviner l’horizon. L’enfant dessine un terrain de jeux pour les adultes. Ils se parlent, ils se regardent, ils inventent des situations dans le direct de la représentation. Tout est millimétré pour mieux être improvisé. Entre le suave et la délicatesse, Rare Birds est un moment de paix et de contemplation.

KGB

> les 31/01 & 1/02 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e).
Rens. : www.merlan.org/fr/

 

Boucan par le Cirk biZ’arT

© Atelier de l’image – La Bourguette

Ce sont des véritables boucans, on le sait depuis leur entrée en force à la BIAC 2015. Dans ce nouveau spectacle, ils misent tout sur le son : bruitage façon cartoon, beatboxer (Nash), musique festive, top 50 des années 90…

Un compte à rebours replonge les trois lascars du Cirk biZ’arT dans des souvenirs pré-gueule de bois. Dans un grand bazar délirant se mélangent des clins d’œil au cinéma, des situations burlesques du quotidien, des instants déjantés…

MA

> le 2/02 au Cadran (Ensuès-la-Redonne).
Rens. : 04 42 44 88 88

 

Campana par le Cirque Trottola

© Laurent Laurencon

Événement à ne pas rater ! Parce qu’aucun spectacle n’avait mis un tel agrès de cirque en piste… On vous en laisse la surprise… Et qu’avec leur quatrième création Campana, les Trottola sont en train de rendre la critique unanime.

Dans leur insatiable quête de lumière, Titoune et Bonaventure Gacon, toujours irrésistiblement drôles et tendres, nous culbutent une fois de plus le cœur. Le Nîmois Thomas Barrière et Bastien Pelenc électrisent leur saisissante prestation d’une musique imaginative et envoûtante, qui mêle matière sonore, électro et chanson traditionnelle italienne.

MA

> du 6 au 10/02 au Stade Audibert (Istres).
Rens. : http://www.scenesetcines.fr/

 

Le programme complet de la BIAC ici