© Lou Grenier

Baptiste Morizot – Manières d’être vivant (Actes Sud)

Nature humaine

 

Avez-vous côtoyé vos colocataires récemment ? Pas ceux aux visages masqués comme vous, mais ceux qui cohabitent tant bien que mal à vos côtés, revêtant des aspects multiples : poil dru, plumage de saison, tige verdâtre… C’est ce que propose Baptiste Morizot dans son ouvrage Manières d’être vivant.

 

 

Déconstruire l’idée reçue que l’écologie est un loisir béni-oui-oui pour les amis des bêtes mais bel et bien une proposition cohérente d’être au monde, voilà l’une des pistes de réflexion ouverte par Baptiste Morizot dans cet ouvrage.

Pisteur et philosophe, il questionne notre rapport au vivant à travers plusieurs enquêtes sur le terrain. Il s’agit de traquer, observer, fréquenter et transcrire avec clarté le constat d’appartenance à un monde où la cohabitation — notamment animale — est riche d’apprentissage.

La crise écologique en cours est une crise de notre relation au vivant.

L’heure n’est pas à l’angélisme mais à la curiosité de remarquer ceux qui nous entourent. Notre capacité d’émerveillement face au vivant s’avère précieuse et cherche une réanimation.

Pourquoi ne pas sortir de cette idée que la nature est un package maitrisé et maitrisable servant de décor aux photos de nos étapes de vie ? La diversité des formes de vies et de leurs langages peuplent le monde et participent quotidiennement à le rendre habitable.

La sensibilité, loin d’être une tare, est une intelligence relationnelle. À chacun de la muscler, de la nourrir, de l’appréhender dans cette dimension si vaste qu’est le monde.

Mieux que n’importe quel manuel de savoir-vivre, la cosmopolitesse s’adopte comme une délicate attention ayant comme ambition de « retrouver et d’inventer les égards ajustés envers les autres formes de vie qui font le monde. »

 

Nadja Grenier

 

Baptiste Morizot – Manières d’être vivant (Actes Sud)