Babel Med Music 2009 au Dock des Sud

Babel Med Music 2009 au Dock des Sud

Autour de Babel

Si Babel Med Music s’est rapidement ancré dans le paysage culturel local, il a su conserver quelques atours qui en font le rendez-vous musical incontournable du printemps en matière de musiques du monde.

Babel-med-ambince-C-Moustap.jpgDurant plus d’une dizaine d’années, nous étions nombreux à faire rimer Dock des Suds avec Fiesta des Suds. Nous avions pris l’habitude, chaque automne, d’accueillir les musiques colorées de Méditerranée et du grand Sud dans ces hangars immenses, qui servaient autrefois d’entrepôts aux produits exotiques importés par la France colonialiste. Au début, c’est avec enthousiasme que nous découvrions quelques artistes émergeants en quête de visibilité, et que nous nous entassions, souriants, autour des bars et bodegas (malgré les fanfares qui n’ont heureusement connu que les trompettes mais jamais la renommée). Puis très vite, c’est devenu une mode : l’époque était à l’ouverture culturelle. Affluence délirante, programmation douteuse, concerts sur écrans géants : la Fiesta des Suds avait passé douloureusement le cap du nouveau millénaire, ne redressant la barre que récemment. C’est dans ce contexte qu’est arrivée l’heureuse nouvelle : la création d’un autre festival dédié aux musiques du monde, tentant de maintenir l’indispensable diversité, de renforcer les échanges musicaux entre pays méditerranéens et, enfin, de faire de Marseille une place forte de « toutes les musiques ». Vu de l’extérieur, on peut presque dire que Babel Med Music, c’est la Fiesta, mais sans les défauts ! Ce festival protéiforme propose en effet un espace d’exposition et de conférences pour les professionnels, et surtout une programmation musicale pertinente pour le public. Il semble avoir trouvé la formule idéale pour partager les richesses des musiques de Méditerranée, mais aussi d’Afrique, de l’Est, du Nord… La programmation faisant la part belle à des artistes souvent méconnus sur la scène européenne, Babel Med Music a été, et sera cette année aussi, le théâtre de quelques belles révélations (voir ci-dessous). Si l’équipe qui anime le festival se réjouit de son succès, elle doit aussi s’en méfier afin de ne pas répéter les mêmes erreurs que son aînée. A ce sujet, l’une des réserves que nous pourrions émettre concerne la durée des concerts — plus proche d’un showcase que d’une véritable prestation live — qui empêche certains artistes de s’épanouir complètement sur scène. Mais ce souci est la contrepartie logique d’une programmation riche et variée : comment faire autrement lorsque l’on invite une trentaine de formations pour trois soirs de concerts ? Avec une telle offre, nous sommes sûrs d’y trouver notre bonheur, même si l’on doit pour cela essuyer quelques déceptions. C’est peut-être là que réside l’intérêt principal de Babel Med : on y trouve parfois des trésors que l’on ne cherchait pas, et dont on ignorait jusqu’à l’existence. Souhaitons que cette cinquième édition nous réserve encore de belles surprises.

Texte : nas/im
Photo : Moustapha Chaoui

Babel Med Music : du 26 au 28/03 au Dock des Sud.
Rens. 04 91 99 00 00 / www.dock-des-suds.org


Kamel El Harrachi (Algérie/France)
Chez les El Harrachi, la musique est une affaire de famille. Le père, Dahmane, est un des plus grands chanteurs algériens : sa voix a porté la chanson pastorale maghrébine (chaâbi) vers des sommets de lyrisme. Son fils Kamel semble promis au même destin. Un concert très attendu.
Jeu 26

Sayon Bamba Camara (Guinée/France)
Le groupe local qui monte ! La belle Sayon Bamba a quitté Conakry pour Marseille, où elle semble s’épanouir en étant régulièrement programmée dans de petites salles. Son album en est une belle preuve. Babel Med sera l’occasion pour elle d’acquérir une nouvelle envergure.
Jeu 26

Kristin Asbjornsen (Norvège)
L’émotion vocale des negro spirituals à la mode scandinave. La jeune Norvégienne profite de son impressionnante amplitude vocale pour divaguer entre jazz, folk et blues, nous contant l’histoire universelle du souffle et de la voix. Pour les amateurs de musiques apaisées, ce sera un délice.
Sam 28

Rupa & The April Fishes (USA)
D’origines hindoues, cette native américaine (comme on dit) a beaucoup voyagé, et ça se sent. Avec elle, la mondialisation est joyeuse et contagieuse, du swing tsigane à la cumbia, du tango au gâga indien avec, pour ne rien gâcher, des faux-airs de Lhasa dans la voix…
Sam 28

DJ Click (Roumanie/France/Grande Bretagne)
Quand on présente quelqu’un comme « le DJ incendiaire au mix électro-balkanique », mieux vaut se méfier : le Pittbull Terrier de Kusturica est passé par là… Mais on peut se tromper ! L’un des rares DJ’s programmés sur le festival.
Sam 28

Frédéric Galliano Kuduro Sound System (Angola/France)
Le kuduro est la première musique électronique produite et réalisée en Afrique. C’est un peu l’équivalent de la tecktonik, mais pour les jambes ! Il était normal que le chercheur de vibrations Fred Galliano s’y risque, apportant avec lui un savoir-faire certain hérité de la house music…
Ven 27

Baster (La Réunion)
Babel sans l’Océan Indien, c’est un peu comme un cari sans épices. Cette année, place à Baster, la figure mythique du reggae maloya réunionnais, qui œuvre pour la défense de la culture réunionnaise depuis 1983. Vous l’aurez compris, le contraire d’austère, c’est Baster.
Ven 27

Waed Bouhassoun (Syrie)

Précédée d’une réputation flatteuse dans le monde de la musique arabe, la voix de Waed Bouhassoun évoque la grande Oum Kalsoum par ses arabesques graciles et ses profondes complaintes. Babel vous offre avec l’étoile de Damas un moment de poésie rare.
Sam 28