B-Side #2

B-Side #2

On ne va pas y aller par quatre chemins : c’est l’événement musical du mois. Pardon ? Les Musiques ? Certes, mais il s’agit là d’un tout autre festival, et le plus « contemporain » des deux n’est pas forcément celui qu’on croit… B-Side, pour qui lit régulièrement ces colonnes, c’est un peu quelque chose que l’on attendait de longue date, un rêve de mélomane « indie » qui prendrait enfin forme, ici à Marseille, le temps de quelques concerts. Une façon de conjurer le sort, cette fatalité qui veut que tous les trucs sympa du moment, sis quelque part entre le dancefloor et l’énergie des planches, évitent soigneusement de passer par chez nous (trop à la traîne, pas assez rentable… N’est pas Bordeaux ou Montpellier qui veut). B-Side, ou le petit festival qui peut réunir poppeux incurables, fans de rock déviant et clubbers patentés. B-Side : pointu mais festif, lettré mais déconneur, branché mais au sens noble du terme (sa seule pose serait un gros doigt aux ayatollahs de la hype). 100 % indé. 100 % transgenre. C’est parti : suite à l’annulation de Scenario Rock (les Naïve New Beaters ne présentant qu’un intérêt limité au-delà du buzz), les choses sérieuses commencent samedi soir avec Zombie Zombie, le duo parisien que tout le monde s’arrache en ce moment (voir p. 7). Ce krautrock nourri par une passion commune pour les films d’horreur de Dario Argento ou George Romero, bande-son d’un road-movie fantasmé jusqu’aux confins de l’angoisse, est avant tout un projet scénique né de longues jams au studio Mains d’Œuvres. Fatalement une tuerie, comme le concert qui lui fera suite jeudi prochain : Black Lips. Céline et Séverine, les deux têtes pensantes de l’association qui organise (In The Garage), ont très vite voulu booker ces terroristes garage-rock après les avoir vus l’été dernier aux USA : une tornade. En se rencardant un peu sur le Web, on apprend qu’ils appellent ça eux-mêmes du « flower-punk », un cocktail explosif qu’ils peuvent vous servir show à n’importe quelle heure, n’importe où, et surtout n’importe comment… Sans aucun doute l’un des temps forts du festival, qui s’est fait une spécialité de vous faire danser sur des choses assez punk (dans le fond comme dans la forme) — surtout si ce sont des filles qui tiennent le micro. La preuve avec Partyline (trois chipies qui déboîtent), Lesbians On Ecstasy (pour un hommage appuyé aux Chicks On Speed et… aux filles qui aiment les filles) ou Duchess Says (révélation de la scène montréalaise qui viendra défendre son très attendu premier album). On pourrait aussi parler de la fantastique soirée de clôture du 3 mai, qui résume à elle seule tout le spectre couvert par ce B-Side (Poni Hoax, Jennifer Cardini, Dondolo), mais on aura le temps d’y revenir… Une dernière chose : le soin apporté aux premières parties, toujours bien dans l’esprit (Heidi pour la soirée pop en ouverture, le krautrock de Deschamps avec Zombie Zombie, les bombinettes punk de The Aggravation avant les Black Lips…) et faisant honneur au dynamisme de la scène locale (le choix des salles participe aussi de cet état de fait). Il faut donc le dire : Céline et Séverine font un boulot formidable, elles ouvrent une brèche en introduisant à Marseille la face cachée de la pop-culture contemporaine, celle qui rayonne loin des académismes subventionnés. Patience les filles, la lumière est au bout du garage.

PLX

Festival B-Side, du 10/04 au 3/05.
Voir programmation complète de la quinzaine dans l’agenda + 10 concerts à la Une
www.myspace.com/inthegarage13