Artoy’z : jusqu’au 17/10 au Théâtre Gyptis

Artoy’z : jusqu’au 17/10 au Théâtre Gyptis

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La souplesse est une affaire complexe

Le Gyptis programme une création de la compagnie Sun of shade avec une chorégraphie de David Llari : Artoy’z. Dans le prolongement des rêves d’enfance, le chorégraphe joue sur l’idée du métissage et du collage pour mélanger les qualités de la danse urbaine dans un univers cinématographique.

La sincérité d’Artoy’z repose sur la juste connaissance de soi et d’une tentative de remonter le temps de ses désirs. Dans les jouets que nous avons choyés, chacun a son trésor caché. Jusqu’aux années quatre-vingts, le nounours a souvent occupé une place privilégiée sur le coin de l’oreiller. Désormais, la profusion des icônes et des repères a démultiplié les héros de notre enfance. Il y a Spiderman, Batman, Barby, Nono le robot… la liste est longue. En choisissant quatre personnages aux caractères opposés, le Joker, Micky le clown, un robot et un lézard bizarre, immergés dans une boite à jouet, David Llary croise les possibles pour construire une œuvre à potentiel dramaturgique. Le hip-hop vit de nos jours des conflits sur son avenir. D’abord art de la rue, il investit désormais les théâtres pour trouver une légitimité et un statut qui permet aux danseurs d’en vivre et d’envisager la construction d’un répertoire naissant. La difficulté réside dans ce passage transversal vers les contraintes de la scène, le rapport frontal au public et le désir inconscient du spectateur de déchiffrer une pièce en trois actes. La danse peut beaucoup, mais pour rentrer dans le cadre d’une fiction, elle ne peut éviter la déconstruction du mouvement qui amène le corps vers une identité : l’individu tel qu’il est. En croisant le human beat box, le break, le smurf et l’acrobatie de l’athlète agile, Artoy’z se heurte à la difficulté d’être soi et rebondit inévitablement vers une forme de performance proche du nouveau cirque où le corps multiplie les gestes virtuoses et s’écarte de l’objet qu’on attend : l’histoire et son contenu, ce qui détermine un point de vue, une perspective d’avenir. Artoy’z est une œuvre hybride qui nous montre la difficulté de casser les codes, de sortir le hip-hop de sa culture urbaine et de l’emmener vers ce qui nous tend les mains, mais n’existe pas encore. Il y a d’abord une troupe, constituée d’hommes, qui ferme les portes à la complexité et la diversité de la rencontre des sexes opposés. Il y a aussi le problème inextricable du clown qui n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il joue le clown, enfermant inévitablement l’interprète dans ce que l’on connaît déjà.

Karim Grandi-Baupain

Artoy’z : jusqu’au 17/10 au Théâtre Gyptis. Rens. 04 91 11 00 91 / www.theatregyptis.com