Amina Menia - Sans titre, (les e?tais) © Masaki Watanabe

Amina Menia – Un écorché à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine

Port à port

 

A la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine, l’artiste Amina Menia raconte sa vision de deux villes, Marseille et Alger. Entre urbanisme et vision chirurgicale, récit de la naissance d’une exposition. 

 

Un écorché n’est pas une simple promenade entre deux villes. C’est un parcours. Un sillage, un passage, parfois étroit, entre deux villes en perpétuelle (re)construction. Le terme qui donne son nom à l’exposition, entre médecine et architecture, prend alors tout son sens. L’écorché, c’est la coupe, qui « représente parfaitement la relation verticale et chargée de sens entre Alger et Marseille ». Amina Menia connait son sujet. Depuis longtemps, elle transite entre ces deux villes. La déambulation nous pousse à poser l’œil sur ce que l’on remarque moins. Les murs fissurés qui soutiennent la galerie des Grands Bains Douches se trouvent eux aussi valorisés. L’artiste a même retravaillé ces défauts, qui font œuvre à travers les dessins et photos exposés. « Ce ne sont pas des fissures, mais des failles. La faille, c’est l’entre-deux, l’attente. » Pour elle, la métaphore tend à s’universaliser, toujours porteuse d’espoir. Si la faille annonce une rupture possible, elle laisse également passer la lumière. Ces failles sont symptomatiques du regard de l’artiste, toujours influencée par l’environnement architectural dans lequel elle évolue. « Je pointais les cicatrices des expositions passées dans un rapport de « peau à peau ». » Ce rapport quasi humain, qu’elle transpose jusque dans le lieu de l’exposition, elle l’a trouvé à Marseille, sans même s’y attendre. Au fil des ses échanges avec les membres de l’AGAM (Agence d’Urbanisme de l’Agglomération marseillaise), elle découvre avec surprise un champ lexical commun à la ville et au corps, en entendant des architectes évoquer des greffes et des sutures. Marseille prend alors rapidement forme humaine pour l’artiste. Un concept poétiquement résumé dans l’œuvre La Pierre qui pleure et qui permet un rapprochement inédit entre deux villes, balafrées chacune à leur manière.

Morgane Masson

Amina Menia – Un écorché : jusqu’au 14/01/2014 (fermeture du 25/12 au 6/01 inclus) à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine ?(35B rue de la Bibliothèque, 1er).
Rens. 04 91 47 87 92 /?www.art-cade.org