Amère Méditerranée

Amère Méditerranée

L’Union pour la Méditerranée est un machin institutionnel imaginé sous Chirac censé rapprocher les peuples des rives de Mare Nostrum et faire discuter les dirigeants de leurs pays. D’innombrables sujets restent hors de sa compétence, et Barcelone s’avère être le siège de peu de choses. Sauf que l’UpM a eu la riche idée là-bas de charger des experts du climat de se pencher spécifiquement sur sa zone. Et leur enseignement fait chaud dans le dos. La Méditerranée est l’une des régions mondiales les plus touchées par le réchauffement climatique. Nous avons déjà atteint les 1,5°C au-delà de la température préindustrielle, quand les Accords de Paris faisaient promettre aux États de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures d’ici à 2100 à… 1,5 °C. » Sans actions d’atténuation, les mêmes experts promettent une hausse de la température de 2,2°C d’ici 2040, et 3,8°C d’ici 2100. Les conséquences attendues sont, pêle-mêle, la baisse de la disponibilité en eau douce, l’une des plus fortes au niveau mondial, des sécheresses plus fréquentes et plus intenses du fait d’une diminution des pluies, moins de poissons, moins gros, en raison du réchauffement de l’eau et de la diminution de l’oxygénation et de la surpêche, des effets directs sur la santé et la sécurité humaines du fait notamment des transmissions accrues de maladies. Pendant le même temps, Total investit la région pour produire du carburant de l’huile de palme naviguant depuis les régions dévastées par cette culture intensive. La Méditerranée ne trouve pas de mots pour pleurer les migrants qu’elle engloutit. Un jargon et des données brutes de scientifiques disent haut et fort son malheur et le nôtre. Nous pouvons toujours ne pas entendre. Le déni de la réalité nous paraît plus confortable. Sortir la tête de l’eau ou la laisser jusqu’à extinction.

 

Victor Léo

 

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