Ali Baba au Théâtre La Criée

L’Interview
Macha Makeïeff

 

A quelques jours de la création d’Ali Baba, rencontre avec la metteuse en scène et directrice de la Criée, d’un calme olympien malgré l’effervescence environnante.

 

La création d’Ali Baba a-t-elle été motivée par Marseille Provence 2013 ?
Lorsque j’ai rédigé mon projet pour succéder à Jean-Louis Benoît à la tête de la Criée, j’ai très vite pensé à Ali Baba. Mais, entre-temps, j’ai dû d’abord monter Les Apaches. Le projet a donc germé dans ma tête bien avant l’arrivée de Marseille Provence 2013…

Pourquoi avoir choisi ce conte en particulier ?
C’est d’abord un privilège d’adapter un conte, car l’on dispose d’une histoire et que l’on a pas à créer l’œuvre de toute pièce. Il faut dire que j’ai été grandement aidée pour cela par Elias Sanbar. J’ai choisi ce conte parce que sa dimension méditerranéenne colle bien avec Marseille, dont je suis originaire, et car il répond à ma volonté de transformer la peur du bruit du monde en réjouissance. Ce conte est aussi plus prosaïque que merveilleux. Plus généralement, je dirais qu’il fait jaillir du rêve et du réel à la fois. Du point de vue littéraire, ce sont des récits enchâssés où tout est possible. La porte est donc grande ouverte à la fantaisie. Par ailleurs, tout le monde a entendu parler d’Ali Baba. Il y a donc une part d’imaginaire collectif. Ali Baba est un anti-héros, une figure de l’innocence, que le sort désigne pour une métamorphose. Son histoire nous apprend qu’il est illusoire de croire à un destin, une valorisation de soi par l’argent. Les questionnements sous-jacents restent donc d’actualité. J’ai d’ailleurs voulu marquer un ancrage dans notre temps et notre territoire par l’usage de la langue et de la musique des quartiers marseillais, sachant que les langues persanes, arabes et françaises se rencontrent dans ce conte.

Quelle image associez-vous à votre spectacle ?
J’aime bien l’image de la boussole. Un vent de fantaisie fait tourner l’histoire et les personnages vers les quatre points cardinaux. La pièce est comme un objet magnétique qui enchante et désenchante.

Comment s’est effectué le choix des comédiens ?
Le spectacle marque mes retrouvailles avec Atmen Kelif, qui a une vraie intelligence du plateau et un grand sens de la troupe. Nous travaillons et rions beaucoup ensemble. Mais je n’oublie évidemment pas les dix autres talentueux artistes, entre comédiens, danseurs, acrobates et musiciens.

Après Ali Baba, quels sont vos projets ?
J’aurai certainement d’abord un grand moment de mélancolie. Mais je reconnais être déjà au travail. Il le faut. La programmation de l’année est déjà bien construite et je commence à travailler sur la saison suivante. Ali Baba, quant à lui, partira ensuite en tournée à Toulon, Draguignan, Vannes et Chaillot. Il est important que les comédiens exercent leur art et qu’ils s’améliorent ainsi au fil des représentations. En cela, je défends une vraie politique de tournée.

Qu’attendez-vous de Marseille Provence 2013 ?
C’est une chance pour cette ville et pour nous tous de regarder Marseille différemment. Des circulations se créent et l’urbanisme nous aide à nous rencontrer. Ainsi, projets culturels et ville évoluent de concert. Plus précisément, le théâtre, en prise directe avec la vie, a un vrai rôle à jouer dans cette aventure.

Propos recueillis par Guillaume Arias

 

Ali Baba : du 13 au 29/03 au Théâtre La Criée (30 quai de Rive Neuve, 7e).
Rens. 04 96 17 80 00 / www.theatre-lacriee.com