Création : féerie documentaire par la Cie Vaisseau (1h). Mise en scène, texte et interprétation : Léa Drouet
Dans un décor de paillettes, qui donne le ton de cette féérie documentaire, Léa Drouet prolonge une recherche sur les enfants en les émancipant des catégories d’appréhension qui en étouffent les imaginaires. Par le passage au crible des processus disciplinaires mis en œuvre au sein de l’école ou de la police « républicaines », la metteuse en scène tord les représentations convenues et déjoue les regards ordinaires de l’adulte, des médias ou des politiques pour mieux désamorcer ces effets de clivage qui maintiennent le corps et les affects infantiles dans une « structure schizophrénique ». Par-delà le partage entre mythe et réalité, avec sa collaboratrice, la philosophe et dramaturge Camille Louis, elles composent un récit qui tient autant de l’enquête que de la fabulation, autant du fait divers que des histoires de monstres que Léa Drouet et sa fille se racontent. Ni victimes à protéger, ni infans à recadrer, les jeunes se découvrent sur scène à travers d’autres modes d’existence, dans des formes de vie où la brutalité du réel, et les conflits qui l’animent, n’empêchent pas les possibles d’éclore.
Léa Drouet est metteuse en scène, comédienne et directrice artistique de Vaisseau. Depuis près de dix ans, son travail prend différentes formes et circule entre l’installation, le théâtre et la performance. Malgré la diversité des formes proposées, on perçoit son intérêt constant pour certaines questions. Comment peut-on faire basculer des problématiques des sciences humaines dans le régime du sensible, du sonore, du corporel et de la matière ? Comment partager des expériences esthétiques qui traduisent différentes problématiques politiques et sociales ? Les projets artistiques de Léa Drouet sont construits à partir de la volonté de remettre de la vitalité dans les fixités malheureuses où nous nous tenons parfois. Des problématiques migratoires à celles des assignations identitaires, des affects tristes aux sentiments d’impuissance, des désirs d’hospitalités face aux inconforts de l’altérité, sa recherche prolonge son engagement et pose une forme d’activisme délicat dans le champ qui lui est propre, l’espace théâtral. Espace qu’elle ouvre et déplace du plateau (Violences / Festival actoral, Nanterre-Amandiers, Kunstenfestivaldesarts et Charleroi danse) à la rue (Squiggle, performance-conversation dans l’espace public à Athènes), de l’atelier de fabrication (Boundary Games à Nanterre-Amandiers) au Skate Park (Mais au lieu du péril croît aussi ce qui sauve / au Skate Park des Brigittines pendant le Kunstenfestivaldesarts).
Distribution
Mise en scène, texte, interprétation Léa Drouet
Dramaturgie Camille Louis
Scénographie Élodie Dauguet
Musique Èlg
Lumières Nicolas Olivier
Costumes Eugénie Poste
Régie générale François Bodeux
Assistanat à la mise en scène Marion Menan
Développement de production, diffusion France Morin, Anna Six AMA Brussels
Un spectacle de Léa Drouet / Vaisseau asbl Création Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Friche La Belle de Mai, Grand Plateau
Les 07 et 8 oct. : sam 21h - dim 17h30
8/16 €
www.actoral.org
41 rue Jobin
Friche de la Belle de Mai
13003 Marseille
04 95 04 95 04
Article paru le mercredi 27 septembre 2023 dans Ventilo n° 487
J’ai une épée par la Cie Vaisseau
Il y a trois ans à la Criée, déjà dans le cadre d’Actoral, nous avions été bouleversés par le spectacle de Léa Drouet, qui s’attaquait avec engagement à la violence, ou plutôt aux
Violences qui nous sidèrent et nous rendent impuissants.
Dans cette nouvelle création éclose au printemps, le regard se porte sur l’enfance, et plus précisément sur celui que les adultes portent sur lui — pour mieux le fuir.
Camille Louis, philosophe et dramaturge (que l’on retrouvera les 5 et 6 octobre au 3bisF sur cette même édition, avec une performance autour de son texte
La Conspiration des enfants), et Léa Drouet, toutes deux évoluant à Bruxelles, « s’assoient à côté des enfants », loin de la pédagogie et de la sociologie institutionnelle.
Une cape d’argent, des modules géométriques et abstraits, et le jeu sur scène d’un Petit Prince qui s’échappe pour tracer ses chemins dans une fable où tous les possibles coexistent encore. Voyez par vous-même, et autrement.
JS
> Les 7 & 8/10 à la Friche La Belle de Mai (3e) – Festival Actoral