L'Arbre à sang

Création : fable haletante d'Angus Cerini par la Cie Man Haast (55'). Mise en scène, lumière & costumes : Tommy Milliot. Dans le cadre de l'événement Un Automne à l'Archevêché

Dans ce récit puissant, à la croisée du conte et de la comédie noire, une mère et ses deux filles se libèrent du joug d’un père tortionnaire qu’elles tuent avec jubilation. L’action, qui se tient dans une ferme isolée d’Australie, les voit chercher à se débarrasser de ce cadavre encombrant, avec l’aide des voisins qui feignent d’ignorer le crime. Pour cette fable haletante, Angus Cerini déploie une langue rustre et rurale, hachée et concise, à l’image de la rudesse du bush australien. Dans son sillage, Tommy Milliot met en scène un trio féminin en prise avec des sentiments contradictoires, oscillant entre exaltation, sidération, culpabilité, peur et libération. Protagonistes et narratrices, elles prennent en charge ce récit brutal porté par des dialogues intenses et rythmés qui montent peu à peu en pression et en suspense. Comme une réponse à l’inaction constatée face aux violences domestiques, L’Arbre à sang exacerbe ainsi l’urgence et la violence d’une dramaturgie où se renversent les rôles entre bourreaux et victimes, et les jugements de valeur qui permettent de les identifier.


Tommy Milliot fonde la compagnie Man Haast en 2014 avec pour projet l’exploration des dramaturgies contemporaines. Il interroge les mots, l’espace et la lumière comme matières ainsi que leurs rapports aux corps des acteurs et des spectateurs, s’intéresse à des écritures et des auteurs peu ou pas portés à la scène. En 2016, il met en scène Lotissement de Frédéric Vossier. Le spectacle rejoint la programmation de la 70e édition du Festival d’Avignon après avoir remporté le prix Impatience. Winterreise de l’auteur norvégien Fredrik Brattberg est créé au Festival actoral en 2017. Et c’est au Festival d’Avignon 2019 que Tommy Milliot signe sa 3e mise en scène, avec La Brèche de Naomi Wallace. En 2020, invité par la Comédie-Française, il y dirige Sylvia Berger, Clotilde de Bayser et Nâzim Boudjenah dans Massacre de Lluïsa Cunillé, figure majeure du théâtre catalan et espagnol, jusqu’alors jamais jouée en France. En 2021, il met en scène Médée de Sénèque dans une traduction de Florence Dupont à La Criée Théâtre national de Marseille.


Angus Cerini est auteur, performeur, homme de théâtre. Ses pièces ont été montées par Sydney Theatre Company, Melbourne Theatre Company, Griffin Theatre Company, Malthouse Theatre, Arena Theatre Company, ainsi que sur de nombreuses scènes indépendantes. Sa dernière pièce Wonnangatta, créée en octobre 2020 au Syney Theatre Company avec Wayne Blair et Hugo Weaving a été accueillie par un public et une presse unanime. Angus Cerini a reçu de nombreux prix ainsi que de multiples nominations. Il a écrit de nombreuses pièces, notamment : WonnangattaThe Bleeding TreeResplendenceFuck This LoveThe Curling RibbonSave For Crying. Angus crée des projets théâtraux avec sa compagnie Doubletap, qui a présenté son travail dans toute l’Australie ainsi qu’en Irlande, au Royaume-Uni, à Hong Kong et en Allemagne.

 

Texte Angus Cerini
Traduit de l’anglais par Dominique Hollier
Mise en scène, lumière & costumes Tommy Milliot
Assistant mise en scène Matthieu Heydon
Dramaturgie Sarah Cillaire
Distribution Dominique Hollier M’MAN, Lena Garrel IDA, Aude Rouanet ADA

Théâtre de l'Archevêché
Le 7 oct. : 11h et 19h
Entrée libre sur réservation : 04 91 94 53 49 / resa@actoral.org
www.actoral.org
Rue Gaston de Sapporta
13100 Aix-en-Provence

Article paru le mercredi 13 septembre 2023 dans Ventilo n° 486

Festival Actoral

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En pleines formes

 

Filant la métaphore d’une couronne de pain dès son identité graphique, la nouvelle édition d’Actoral met en bouche notre temps et vient chercher l’appétit de tous nos sens.

    À l’heure où nous écrivons ces quelques ligne, les crayons de couleur de l’été sont un peu mâchouillés, et la rentrée de septembre nous accable déjà de ses nouveautés et de surinformation. Si c’est à contrecœur que nous quittons la nonchalance estivale, on peut se consoler en se rappelant que septembre est aussi le mois d’un rendez-vous devenu incontournable dans cette rentrée culturelle qui s’étirera jusqu’à la mi-octobre. Si le festival Actoral est synonyme de profusion, il n’en est pas moins aux antipodes du consumérisme appauvrissant qui nous entoure : ici, chacune des soixante-douze propositions est une petite pépite en soi, la signature d’un regard délicat et parfois en même temps une œillade provocatrice envers une société qui s’emballe. Dans la cour de Montévidéo, la petite équipe nous attend pour un point presse avec Hubert Colas, fondateur de cet événement qui a acquis sa dimension actuelle en 2013, il y a dix ans. Celui-ci se plaît d’ailleurs à rappeler le rendez-vous confidentiel que furent les toutes premières éditions, qui réunissait quelques aficionados de la littérature poétique et autres mordus de théâtre, avant que d’évoquer les différentes propositions des deux cents artistes invités au festival cette année. Mais comme à son habitude, Hubert étant de ceux qui se mettent aussi au service des autres artistes, il offre la primauté du tour de parole à trois artistes alors en résidence dans ce formidable outil qu’est Montévidéo : Anne-Sophie Turion et Éric Minh Cuong Castaing nous parlent ainsi de leur installation performative intrigante sur les hikikomori (voir ci-dessous), tandis que le jeune Darius Dolatyari-Dolatdoust nous parle de son amour pour le textile, davantage passionné par le réinvestissement de ce qui existe déjà que par la création, dans une perspective écologique plus que louable dans l’art du vêtement, et dont on peut voir les immenses fresques brodées sur les murs de Montévidéo jusqu’en octobre. Tout les distingue, mais on flaire une même dynamique, sensible au monde qui les entoure et immergée dans celui-ci, bien loin d’une expérimentation incongrue et confidentielle menée dans une tour de verre. De ce même lieu, épicentre du projet d’Actoral menacé par une expulsion comme beaucoup le savent déjà, nous ne parlerons guère dans ces colonnes car l’heure est aux délicates négociations. Nous apprenons que l’État et la Ville de Marseille semblent avoir répondu à l’appel à l’aide d’Hubert Colas, tous conscients de l’incontournable utilité de cet espace de fabrication des œuvres les plus singulières, souvent reconnues par la suite dans les plus gros lieux de diffusion, et maillon incontournable de la vitalité artistique de notre temps pour la ville, l’hexagone et au-delà. Non sans un certain paradoxe, la question devient presque patrimoniale pour la création contemporaine. Estimant cet archipel fertile et prolixe, une ordonnance 45 du ministère de la Culture impose désormais une pérennité de l’usage culturel de ces bâtiments. Puisse le propriétaire l’entendre aussi de cette oreille, c’est tout ce que nous leur — et que nous nous — souhaitons ! Pour revenir à notre présent, l’édition 2023 d’Actoral reprend les ingrédients et les (bonnes) recettes qui ont fait son succès : un investissement du territoire marseillais avec un week-end d’ouverture qui se lie aux dix ans du Mucem, une politique de partenariat avec des grands théâtres comme avec de petites librairies, une polymorphie des formes proposées et une dynamique festivalière qui, par sa programmation journalière sur quatre semaines et ses moments festifs, permet une densification et une unité du public qui se retrouvera de soir en soir, au fil des propositions. Un public à qui ces artistes semblent vouloir faire écouter ce que la société éveille en eux, dans une pluralité de formes « souvent aux confins du burlesque et du macabre »… Vaste programme, dans lequel nous vous invitons à prendre le risque sur quasiment chaque proposition, tant l’ensemble est alléchant. Faisant fi de l’exhaustivité, mais conscients que notre lectorat reconnaîtra beaucoup de noms dans la programmation faite de fidélités artistiques (Christophe Fiat, Mohamed El Khatib, Laura Vazquez, Dorothée Munyaneza, Tommy Milliot, Léa Drouet, Rodrigo Garcia, Dieudonné Niangouna, Dana Michel, la Need Company… et tant d’autres qui échappent à ce name dropping, faute d’espace), nous avons sélectionné des propositions qui arrivent tôt dans l’agenda. Affaires sensibles, à faire, à suivre…  

Joanna Selvidès

 

Actoral : du 21/09 au 14/10 à Marseille.

Rens. : www.actoral.org

Le programme complet du festival Actoral ici

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