Dispak dispac’h 

Drame social et documentaire (2h30). Conception et mise en scène : Patricia Allio

Ancré dans l’urgence de l’époque, le théâtre social et documentaire de Patricia Allio offre du réel une transposition performative, qui en prend acte autant qu’il l’agit. Dispak Dispac’h, qui signifie en breton « ouvert, déployé, déplié » pour le premier terme et « agitation, révolte, révolution » pour le second, articule ainsi la question de la circulation (des personnes, des droits, de la parole) à celle de la résistance, individuelle et collective. Dans une agora conçue comme une communauté de regards et d’écoutes, la metteuse en scène prolonge une session du Tribunal Permanent des Peuples consacrée aux politiques migratoires à laquelle elle a assisté en 2018, et met en accusation les États libéraux pour leurs atteintes aux droits fondamentaux et au devoir d'hospitalité. Du réquisitoire porté par une actrice aux témoignages de demandeur·euses d’asile, de citoyen·nes militant·es ou de juristes, en passant par la danse d’un chorégraphe et d’un activiste, Patricia Allio se saisit du dispositif théâtral comme d’un agent transformateur et cathartique, fédérant une assemblée rappelée à son humanité la plus élémentaire.

 


Patricia Allio est autrice, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice. Depuis Sx.rx.Rx (2004) jusqu’à Autoportrait à sa grand-mère (2018), toutes 2 présentées à la Fondation Cartier, elle met la marge au centre, interroge nos constructions identitaires, pour en faire ressortir leurs virtualités mutantes et liantes. Lauréate de la Villa Médicis hors-les-murs, elle part en 2006 à New-York où elle conçoit un projet européen de mise en scène autour de Kathy Acker. Ce sera la performance Life is but a dream (Fondation Cartier, 2007), puis le spectacle life is but a dream I (Paris, Italie et Montréal), et enfin Le Sang des rêves (Modène et TNB – Festival Mettre en Scène / Programme européen Prospéro). En 2008, elle adapte pour la scène la conférence queer Habiter avec Pierre Maillet, puis s’associe à Éléonore 7 Weber autour du manifeste « Symptôme et Proposition ». Pour la scène ou les musées, elles ont conçu Un inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs (Grande Halle de la Villette, 2008), Premier Monde, projet franco-mexicain (Grande Halle de la Villette, 2011), Prim’Holstein (Centre Pompidou – Festival Hors Pistes, 2012) et Fin de l’origine du monde ( Subsistances, 2012), Natural Beauty Museum (Centre Pompidou– Festival d’Automne, 2014), Contre Nature (Museum d’Histoire Naturelle du Havre, 2016). Pour le cinéma, elles ont co-écrit Night Replay, film documentaire tourné au Mexique. En 2019, Patricia Allio réalise son 1er film, Reconstitution d’une scène de chasse, qui obtient le Prix du meilleur montage au Festival La Cabina à Valence en Espagne. Elle travaille à la réalisation d’un film Brûler pour briller à Saint Jean-du-Doigt, où elle anime depuis 2016 les rencontres pluri-disciplinaires de ICE autour des minorités sexuelles, politiques et linguistiques.

 

Avec Patricia Allio, Élise Marie, Bernardo Montet, Stéphane Ravacley
Textes Patricia Allio, Gisti / Tpp / Forensic Architecture (extraits), Élise Marie
Scénographie Mathieu Lorry- Dupuy
Graphisme Alix Sanyas
Lumière Emmanuel Valette
Musique Léonie Pernet
Régie générale Anthony Merlaud
Régie Son Maël Corentin
Assistanat à la mise en scène Emmanuel·le Linnée
Costumes Laure Mahéo
Témoins de la société civile (en alternance) Mortaza Behboudi, Gaël Manzi/Utopia 56, Stéphane Ravacley, Marie-Christine Vergiat
Production administration Amélie-Anne Chapelain & Marion Ribeyrolles
Remerciements à Francis Cape pour le prêt de sa sculpture Bancs d’utopie / Utopian Benches.

TNM La Criée
Les 04 et 5 oct. : 19h
8/14 €
www.actoral.org
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54

Article paru le mercredi 13 septembre 2023 dans Ventilo n° 486

Festival Actoral

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En pleines formes

 

Filant la métaphore d’une couronne de pain dès son identité graphique, la nouvelle édition d’Actoral met en bouche notre temps et vient chercher l’appétit de tous nos sens.

    À l’heure où nous écrivons ces quelques ligne, les crayons de couleur de l’été sont un peu mâchouillés, et la rentrée de septembre nous accable déjà de ses nouveautés et de surinformation. Si c’est à contrecœur que nous quittons la nonchalance estivale, on peut se consoler en se rappelant que septembre est aussi le mois d’un rendez-vous devenu incontournable dans cette rentrée culturelle qui s’étirera jusqu’à la mi-octobre. Si le festival Actoral est synonyme de profusion, il n’en est pas moins aux antipodes du consumérisme appauvrissant qui nous entoure : ici, chacune des soixante-douze propositions est une petite pépite en soi, la signature d’un regard délicat et parfois en même temps une œillade provocatrice envers une société qui s’emballe. Dans la cour de Montévidéo, la petite équipe nous attend pour un point presse avec Hubert Colas, fondateur de cet événement qui a acquis sa dimension actuelle en 2013, il y a dix ans. Celui-ci se plaît d’ailleurs à rappeler le rendez-vous confidentiel que furent les toutes premières éditions, qui réunissait quelques aficionados de la littérature poétique et autres mordus de théâtre, avant que d’évoquer les différentes propositions des deux cents artistes invités au festival cette année. Mais comme à son habitude, Hubert étant de ceux qui se mettent aussi au service des autres artistes, il offre la primauté du tour de parole à trois artistes alors en résidence dans ce formidable outil qu’est Montévidéo : Anne-Sophie Turion et Éric Minh Cuong Castaing nous parlent ainsi de leur installation performative intrigante sur les hikikomori (voir ci-dessous), tandis que le jeune Darius Dolatyari-Dolatdoust nous parle de son amour pour le textile, davantage passionné par le réinvestissement de ce qui existe déjà que par la création, dans une perspective écologique plus que louable dans l’art du vêtement, et dont on peut voir les immenses fresques brodées sur les murs de Montévidéo jusqu’en octobre. Tout les distingue, mais on flaire une même dynamique, sensible au monde qui les entoure et immergée dans celui-ci, bien loin d’une expérimentation incongrue et confidentielle menée dans une tour de verre. De ce même lieu, épicentre du projet d’Actoral menacé par une expulsion comme beaucoup le savent déjà, nous ne parlerons guère dans ces colonnes car l’heure est aux délicates négociations. Nous apprenons que l’État et la Ville de Marseille semblent avoir répondu à l’appel à l’aide d’Hubert Colas, tous conscients de l’incontournable utilité de cet espace de fabrication des œuvres les plus singulières, souvent reconnues par la suite dans les plus gros lieux de diffusion, et maillon incontournable de la vitalité artistique de notre temps pour la ville, l’hexagone et au-delà. Non sans un certain paradoxe, la question devient presque patrimoniale pour la création contemporaine. Estimant cet archipel fertile et prolixe, une ordonnance 45 du ministère de la Culture impose désormais une pérennité de l’usage culturel de ces bâtiments. Puisse le propriétaire l’entendre aussi de cette oreille, c’est tout ce que nous leur — et que nous nous — souhaitons ! Pour revenir à notre présent, l’édition 2023 d’Actoral reprend les ingrédients et les (bonnes) recettes qui ont fait son succès : un investissement du territoire marseillais avec un week-end d’ouverture qui se lie aux dix ans du Mucem, une politique de partenariat avec des grands théâtres comme avec de petites librairies, une polymorphie des formes proposées et une dynamique festivalière qui, par sa programmation journalière sur quatre semaines et ses moments festifs, permet une densification et une unité du public qui se retrouvera de soir en soir, au fil des propositions. Un public à qui ces artistes semblent vouloir faire écouter ce que la société éveille en eux, dans une pluralité de formes « souvent aux confins du burlesque et du macabre »… Vaste programme, dans lequel nous vous invitons à prendre le risque sur quasiment chaque proposition, tant l’ensemble est alléchant. Faisant fi de l’exhaustivité, mais conscients que notre lectorat reconnaîtra beaucoup de noms dans la programmation faite de fidélités artistiques (Christophe Fiat, Mohamed El Khatib, Laura Vazquez, Dorothée Munyaneza, Tommy Milliot, Léa Drouet, Rodrigo Garcia, Dieudonné Niangouna, Dana Michel, la Need Company… et tant d’autres qui échappent à ce name dropping, faute d’espace), nous avons sélectionné des propositions qui arrivent tôt dans l’agenda. Affaires sensibles, à faire, à suivre…  

Joanna Selvidès

 

Actoral : du 21/09 au 14/10 à Marseille.

Rens. : www.actoral.org

Le programme complet du festival Actoral ici

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