Lecture théâtrale du roman de Gauz par la Cie Ma voisine s'appelle Cassandre (55'). Mise en lecture et adaptation : Nanouk Broche. Avec Léa Jean-Theodore et Sofy Jordan. Musique : Hassan DJ Rebel. Lecture suivie d'une rencontre avec l'auteur. Prog. : Théâtre Antoine Vitez
Debout-Payé est le roman d’Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papier en France en 1990.
L’écriture alterne le récit et le fragment, des chapitres où on raconte en continu, et des chapitres écrits en courtes bulles, jingles ou aphorismes, titrés et centrés sur les observations et réflexions du vigile pendant ses heures de travail à Camaïeu Bastille et Sephora les Champs-Élysées. Souvent ironiques, un rien provocants, ils éclatent dans le fantasme, l’humour et l’analyse historico-politique bien frappée, mais n’évitent pas non plus la platitude des choses, l’ennui de la consommation ou de la vie. Ces chapitres appartiennent tous au présent – en gros le 21° siècle après les attentats de Madrid et de Londres : On avait besoin de plus en plus de mains et d’yeux pour fouiller dans les sacs, dans les poubelles, contrôler les accès, filtrer les entrées…
Le récit est familial et historique, il suit une famille ivoirienne où, de père en fils, on devient vigile à Paris, ou on vient y faire des études comme les parents d’Ossiri. C’est aussi l’histoire de l’évolution du métier de vigile depuis la Françafrique des années 60 jusqu’à l’après 11-Septembre. La chronologie s’y développe donc sur plusieurs époques (L’âge de bronze 1960-1980, L’âge d’or 1990-2000, L’âge de plomb), avec des flashs sur la vie d’Ossiri et de son copain Kassoum. Le texte se prête à l’oralité, il mélange les niveaux de langue, le parler familier et l’écrit soigné, joue avec les mots, les rythmes et les assonances.
"De la lecture silencieuse, en général solitaire, à la lecture à haute voix, adressée à un public : on appelle ça lecture théâtrale. Du moins c’est le terme en cours en ce moment dans le milieu théâtral. Se pose alors l’intéressante question, du moins cela m’intéresse particulièrement, de la responsabilité de la parole et l’énonciation. Qui dit quoi dans quelle situation. Et comme cela est-il entendu. Le roman de Gauz n’est pas politiquement correct. Normal. La littérature dit le mal. Personne n’échappe à ses sarcasmes, (même si le ton reste ici à la fois coléreux et fort joyeux), ni les Blancs, ni les Noirs, ni la sape, ni le voile, ni les femmes, ni les hommes, ni le vigile lui-même. Tous les tabous sont bousculés. Notamment celui de ne jamais parler de quelqu’un d’après son apparence physique : volume, couleur, sexe, genre… Alors que le vigile, lui, est tenu de repérer des morphotypes (!), et de jongler avec les codes que lui impose son métier (J3 : type arabe, J4 : type négroïde, J5 : type caucasien, J6 : type asiatique…). De plus quand on est dans un pays plus ou moins étranger, le regard est aiguisé à distinguer le pareil et le différent."
— Nanouk Broche
Bibliothèque universitaire des Fenouillères
Le jeudi 31 mars 2022 à 17h30
Entrée libre. Réservation conseillée au 04 42 59 94 37
www.une5emesaison.fr
167 avenue Gaston Berger
13100 Aix-en-Provence
04 13 55 39 26