Vacra

R'n'b

Mystérieux, soudain et rempli de promesses. C’est ce qui caractérise le nouveau succès de VACRA. En seulement quelques titres (Plan Séquence, Nunchaku, Mécanique & Tiki Taka) sortis sur les plateformes, sans promotion, le nom de l’artiste a immédiatement suscité l’intérêt du public et l’interrogation.

Avec une musique empruntant aux codes de la chanson, du rap, et avec une voix androgyne créant le doute sur son identité, Vacra est le fruit de sa génération. Délivrant une musique qui s’affranchit des règles, de l’image et du genre, il entend composer en toute liberté et sans la moindre concession.

L’enfermer dans une case est impossible, l’artiste se plait en effet à flirter en permanence avec les sonorités hip hop, r'n’b, ou encore avec les tempos afro ou caribéen, toujours avec sa voix suave s’aventurant dans les aigus.
Un médium savamment travaillé pour véhiculer ce qui motive ses mots : son amour des femmes, de la sensualité et de l’amour en lui-même, s’inspirant de son histoire présente, celles de son passé et celles de ses proches.

S’il n’en dit pas beaucoup sur son passé plutôt classique, Vacra évoque sans problème les années passées à expérimenter seul en studio, distiller toutes ses influences, les marier entre elles pour obtenir ce son unique, qu’il peine encore aujourd’hui à qualifier :
« Dans l’idéal, mes fans peuvent mettre l’étiquette qu’ils souhaitent sur ma musique, je suis un touche-à-tout et après des années d’expérimentations, la musique que je sors aujourd’hui correspond probablement à la meilleure version de moi-même et de ce que j’ai à proposer. »

Une phrase qui en dit long sur l’artiste et la vague de succès qu’il connaît actuellement. Une vague qui est arrivée de plein fouet, et qui voudrait le mettre sous les feux des projecteurs à un moment où il souhaite garder la liberté de son anonymat. Pas de calcul marketing grossier derrière cette absence de visage, s’il sait qu’il devra un jour se montrer, il préfère aujourd’hui laisser fonctionner l’imaginaire des gens, et les laisser projeter leurs envies sur sa musique. Pendant qu’il continue de son coté, à façonner sa couleur et son identité musicale, qui font déjà de lui une proposition singulière et inédite dans le paysage musical français.

Vacra se dévoile un peu plus à son public avec son premier EP Galatée paru le 24 février 2023.

 

Espace Julien
Le vendredi 27 octobre 2023 à 20h
27 €
https://www.adamconcerts.com/
39 cours Julien
13006 Marseille
04 91 24 34 10

Article paru le mercredi 25 octobre 2023 dans Ventilo n° 489

C’est arrivé près de chez vous | La Responsabilité des Rêves & le nouvel Espace Julien

Julien adoré

 

L’Espace Julien ne change pas de nom, mais derrière les murs et dans les bureaux, tout a bougé. Focus sur la reprise de la salle par la coopérative musicale Grand Bonheur, et l’association créée avec la Mesón, le Makeda et le Théâtre de l’Œuvre, sous le symbolique nom de la Responsabilité des Rêves.

    Alors que le projet de reprise de l’Espace était dans toutes les bouches cultureuses il y a quelques mois, tout n’est sans doute pas clair pour le grand public, qui voit la salle historique du Cours Ju’ ouverte très souvent, toute belle toute repeinte, avec une affiche fournie de nouvelles énergies. Nous avons discuté avec un bout de la Responsabilité des Rêves et de la nouvelle équipe de l’Espace Julien qui, de concert, imaginent la suite des activités artistiques du lieu, ainsi que le déploiement de liens avec tous les acteurs du centre-ville. Au commencement, il y a un appel à projet… « Comme nombre de structures, on a profité de la Covid chez Grand Bonheur pour se poser la question des projets d’avenir », nous dit Olivier Jacquet, directeur de la coopérative. Entre autres projets, l’envie naît de faire évoluer l’action de Grand Bonheur, qui n’a(vait) pas de salle. L’envie de s’ancrer, de créer des logiques de complémentarité avec la filière. Le deuxième élément…  « c’est Montréal ! La ville et l’État québécois ont investi massivement dans les structures du centre-ville, et tout le centre s’appelle “Le quartier des spectacles”. Tout est prévu pour accueillir théâtres, clubs, salles de spectacle, etc. » L’appel d’offre tombant quelques mois après, c’est tout naturellement que la coopérative y répond, en imaginant un projet avec la Mesón, le Makeda et le Théâtre de l’Œuvre. « Même si ceci n’a rien à voir légalement aujourd’hui, ce sont des gens avec qui nous avons historiquement travaillé sur le festival Avec le Temps, et avec qui nous sommes prêts à confronter nos propres contradictions. » Dans la proposition, il y a deux choses : reprendre la programmation de l’Espace Julien, mais également imaginer une « scène de centre-ville », précise Sarah Lepêtre, présidente de l’association La Responsabilité des Rêves et directrice de la Mesón. Éclater une programmation sur plusieurs salles, avec comme noyau principal les cent-cinquante levers de rideaux de l’Espace Julien, plus une dizaine de dates par autre lieu et par an. « L’idée, c’est de réfléchir aux différentes esthétiques et aux différentes jauges. » Trois lieux complémentaires, aux espaces et propositions d’accueil très différents, entre un « club » (le Makeda), une salle assise (l’Œuvre) et une petite taverne intimiste (la Mesón). S’ajoute à ce noyau dur un second réseau : une cinquantaine de lieux qui ont affirmé leur soutien au projet initial et avec qui la jeune association souhaite travailler au plus vite. « Salles de spectacle, conservatoire, assos, tourneurs, producteurs… L’idée c’est de travailler tout un maillage sur le territoire et dans la filière », ajoute Sarah. « La Responsabilité des Rêves, ça résonne bien avec le projet de fond », selon Marie Ketele, à la co-direction artistique. Titre d’une chanson écrite par Blandine Nekel (de Catastrophe) pour Fred Nevché sur un album hommage à Lou Reed, en featuring avec French 79, il est apparu comme une évidence à l’équipe pensante pour représenter son ambition. À nouvelle structure, nouvelle équipe. « On a fait gaffe à la mixité, on a pris les meilleurs, voilà ! », plaisante Sarah. Le bureau est ainsi composé des quatre structures, en gouvernance, en soutien, tandis que l’Espace Julien s’est enquis d’une équipe artistique, technique, de communication... « Elle n’est pas encore construite totalement, l’équipe imaginée dans le projet global, nous dit Thomas Pertuy, à la codirection et à l’administration. On démarre le projet avec beaucoup de rêves : de médiation culturelle, de création, de diffusion… » Pour parler programmation pure, Marie explique que ce qui prime, c’est la diversité, l’éclectisme, le multigénérationnel. « On a envie de proposer autant une tête d’affiche internationale ou nationale qu’un artiste émergent régional. » Ainsi, l’Espace Julien a déjà confié les premières parties d’artistes comme Odezenne ou Keziah Jones à de jeunes talents, devant des salles combles ! Le souhait est d’ouvrir la scène aux tremplins, les locaux à des résidences d’artistes du territoire. Marie Ketele souligne le fait que le développement des partenaires offre un joli panel esthétique : « On n’est pas cantonné à la pop, au rock, au rap… On aura aussi des propositions jazz, contemporaines, électro… tous les champs sont possibles ! » L’asso’ souhaite travailler à l’année avec des partenaires comme le PAM (Pôle de coopération des Acteurs de la filière Musicale en Région Sud & Corse), par exemple, qui propose à ses artistes des scènes aux Bars en Trans, aux Inouïs, sur des tremplins nationaux, jeunes artistes qui pourront profiter des excellentes conditions de l’Espace pour se préparer. Côté « gros noms » : Lee Fields, Johan Papaconstantino, The Doug, Dj Pone, Protomartyr, Kid Francescoli… l’affiche est très large les prochains mois, et fort alléchante. « C’est clair, on veut que l’Espace Julien se positionne à nouveau sur les tournées nationales des artistes, explique Thomas. Maintenant, on produit les concerts, et ça, ça changera la donne auprès des tourneurs. On passe sur une dynamique différente ! » Cette donnée devrait, en toute logique, transformer à la fois la vision de la filière et celle du public. « On a pas été embauchés pour rien ! », insiste Marie, qui fait valoir le fort réseau qu’elle et Thomas ont travaillé pendant des années, à travers leurs expériences respectives. Repeinte de fond en comble, bureaux et loges neufs, carte du bar repensée, la salle marque d’ores et déjà un virage net, qui, si tout se passe bien, devrait se poursuivre jusqu’à une éventuelle ouverture du bar sur le Cours Ju’. « On va créer du désir, qui doit être entretenu par le public ! Notre travail est de recréer du lien autour d’un projet musique », ajoute Olivier. Que ces multiples désirs dépassent le statut de rêve, voilà tout ce que nous souhaitons à Marseille. La voie semble bien engagée.  

Lucie Ponthieux Bertram

 

L’Espace Julien, 39 Cour Julien.

Rens. : www.espace-julien.com

grandbonheur.org

www.lameson.com

www.theatre-oeuvre.com

www.lemakeda.com