Élément terre mon cher Célestin

Fable musicale de Floriane Bonanni (texte et mise en scène). Compositions originales et arrangements : Jean-Claude Gengembre et Lucas Henri

Une fable tendre qui nous reconnecte, en rêve et en musique, avec le monde !

« En général, les adultes ne me croient pas parce qu’ils ne croient que ce qu’ils voient. Et souvent, ils ne regardent pas… ils n’ont pas le temps ! » Alors, prenons le temps d’écouter et voir l’histoire loufoque et poétique d’un créateur de musique de la nature, contée dans un film plein de malice par le regretté Michel Robin et interprétée par deux musiciens pleins de talent.
Avec timbales, mandoline, marimba ou vibraphone, Jean-Claude Gengembre et Lucas Henri, tous les deux membres du prestigieux Orchestre Philharmonique de Radio France, recréent les sons de la Terre et incarnent, avec facétie, les personnages imaginés par Floriane Bonanni.

 

 

Floriane Bonanni texte, mise en scène, réalisation vidéo
Michel Robin récit
Jean-Claude Gengembre timbales, marimba, vibraphone, glokenspiel et percussions
Lucas Henri mandoline, contrebasse, guitare acoustique et électrique, basse électrique,
David Ménard création lumière

Conservatoire Darius Milhaud
Les 23 et 24 avril : 11h
9/22 €
https://festivalpaques.com/
380 avenue Wolfgang Amadeus Mozart
13100 Aix-en-Provence
04 88 71 84 20

Article paru le mercredi 30 mars 2022 dans Ventilo n° 461

Festival de Pâques

La grande manière

 

Il en est de certains festivals comme de ces villes qu’un geste urbanistique a exceptionnellement dotées de force et d’équilibre. Au moindre détour se découvrent les plus fameux artistes dans leurs plus belles réalisations. Circulez, au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, tout est à découvrir. Pendant un bref intervalle soustrait à l’incertitude des temps, l’édition 2022 ouvre sa fenêtre sur une perspective harmonieuse.

    Avec sa dynamique traversante, ses formes accueillantes et l’émotion collective qui le parcourt, le Festival de Pâques palpite comme une œuvre d’art éphémère, une installation. Pendant trois semaines, il dresse son arche sonore et animée sur le terrain du quotidien aixois. En coulisse, une machinerie à surmonter les épreuves, chêne et roseau tout ensemble, peine et invente pour quelques soirées d’un transport aérien et musical. Exemples.   Il est passé par ici Dans sa pratique de la musique post-tonale dont elle a revisité nombre d’œuvres majeures puis dans son engagement permanent auprès des créateurs contemporains, la soprano et cheffe d’orchestre Barbara Hannigan repère les sources d’intensité émotionnelle liées à des modes d’impacts précis sur le corps du musicien. Une force opérative qu’elle généralise dans le répertoire tonal, offert ainsi à la plus élémentaire des attitudes émotives, la surprise, riche de phénomènes circulaires entre le nerf et l’esprit, et si féconde pour découvrir l’intense présence de ce que l’on croyait connaître. À la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, elle abordera en ouverture du festival l’œuvre la plus singulière du classicisme viennois, le Requiem de Mozart, comme le Lazare de Baudelaire dit à chaque chose « Lève-toi ! », en visant l’assomption d’une culture vivante et efficace. Ses performances mettent en scène un acte esthétique complet, d’une spontanéité extrême, imprégné par la connaissance méticuleuse de la partition qu’elle utilise comme une provocation à sentir et à désirer. En matière d’interprétation, il y a un avant et un après Hannigan.   Il repassera par là La Passionsmusik des Vêpres du Vendredi Saint était, par son effectif, sa durée et son caractère, une exceptionnelle manifestation de la pratique musicale religieuse à Leipzig au temps où le Kantor y officiait. Elle l’est également à plusieurs titres dans le dispositif et l’âme du Festival de Pâques puisque, chaque année, rythment alternativement les deux Passions qui nous sont parvenues parmi les cinq que Bach a composées. Au jour J du calendrier grégorien, il reviendra à l’Ensemble Café Zimmermann de nous conduire sur la Via Crucis en suivant le récit de l’évangéliste Jean avec la conviction et la force de pénétration dont la formation instrumentale aixoise a fait sa signature. Conjointement, l’Ensemble Vox Luminis y emploiera les ressources expressives que peut offrir le « concert des voix » aux pages solennelles de l’œuvre ; mais fera également émerger ces moments de doute et d’épines au détour d’une aria brûlante ou d’une cantilène attendrie dont la poésie intimiste pointe vers cet espace au fond de soi que chacun ménage à la méditation. Avec une telle réunion d’artistes, tout sera accompli de la Johannes-Passion de Jean-Sébastien Bach.   Il court, il court Ils ont beaucoup souffert pendant deux ans. Les orchestres symphoniques français seront à l’honneur. Les philharmoniques de Radio France, de Monte-Carlo, les nationaux de Nice, Lyon et d’Auvergne défendront leurs couleurs et leur tempérament. L’Orchestre National des Pays de la Loire sera à la manœuvre dans l’héroïque Symphonie n°3 de Beethoven sous la supervision du chef hongrois Gábor Takács-Nagy. La maîtrise collective qui vaut à cette phalange française de connaître l’une des meilleures audiences européennes n’aura de plus belle démonstration de savoir-faire que dans le fameux staccato pianissimo du troisième mouvement, où les cordes transforment le battement rapide des archets en vibration légère comme se fait le mélange optique dans un tableau pointilliste. Effet soufflant garanti. L’orchestre sera associé au Trio Zeliha dans le Triple concerto pour piano, violon et violoncelle que Ludwig écrivit à un âge guère plus avancé que ces trois jeunes musiciens récemment propulsés sur le devant de la scène par un enregistrement remarqué avec le label nantais Mirare.   Pourras-tu le retrouver ? Cette souscription constante pour le futur, colonne vertébrale de l’équipe de Dominique Bluzet, stimule la marche du festival. Après une édition covid entièrement diffusée sur le web suivie par un million et demi de personnes, le festival continuera à partager avec le monde, gratuitement sur sa plateforme dédiée, des instants uniques pénétrés par le magnétisme du direct. À Aix-en-Provence, concerts symphoniques, musique de chambre, récitals mais également conférences et animations se succèderont réunissant orchestres, solistes internationaux (Martha Argerich, Maria-João Pires, Juan Diego Florez...) et jeune génération d’artistes pertinemment choisis par le directeur artistique Renaud Capuçon pour pétrir à nouveau la cire de nos émotions et y déposer le poinçon du festival, marque d’une exigence, d’un style qu’au siècle où s’épanouissait l’architecture de la ville d’art on nommait « la grande manière ».  

Roland Yvanez

   

Festival de Pâques : du 8 au 24/04 à Aix-en-Provence.

Rens. : https://festivalpaques.com/

Le programme complet du Festival de Pâques ici