de Philippe Petit, musique sur support, 12 min
« Un Ailleurs rassurant » est né lorsque j’ai ouvert le piano du Conservatoire et commencé à le préparer en faisant glisser diverses bandes, pinces à linge ou autres objets sur et entre les cordes + l’utilisation de coton ou de kleenex sur la structure résonnante ou sur certains bâtons pour créer des tons surprenants. Papier à frotter, bois, aluminium et plastique usagé sur/entre/contre les cordes. Grattées, cognées avec du caoutchouc, du métal, du coton, des pailles, une gomme et d’autres outils pour développer des sons percussifs inattendus. L’idée était de privilégier une recherche acoustique, jouée par un être humain, spontanément.
Mon désir était d’altérer / transformer le timbre, de retranscrire l’importance du geste de composition instantanée, de privilégier le toucher vivant sans répétitions, par impulsion, de manière très corporelle.
Ensuite il a fallu trouver une perspective à ces «accousticismes», comment replacer ces sons sur une toile d’espace imaginaire, comment les faire vivre dans une composition. Patcher mon système Buchla 200 et EMS Synthi A est devenu une partie de mon processus de composition, souhaitant créer la rencontre entre cet acoustique et la synthèse modulaire, ne pas savoir où l’un s’arrête et l’autre commence dans un espace-temps élastique où leurs harmonies et couleurs variées se rejoindraient-se chevaucheraient se répandant comme un virus façonnant un «analoRganisme» multi facétieux.
Tension-détente, déstabilisante et rassurante à la fois, une sorte de geste vers le vertige mais aussi parfois une main tendue vers un ailleurs rassurant…
Activiste français & résident marseillais pour la diffusion et la reconnaissance des musiques autres depuis plus de 35 ans, Philippe Petit est également un “metteur-en-son” hyperactif, avec moultes projets et collaborations allant du Jazz à la musique Contemporaine. Particulièrement intéressé par les musiques de films, leur bande-son, Il aime être présenté comme un “agent de voyage musical” qui « prend ses auditeurs par les oreilles » et les emmène…
de Mélodie Duchesne, musique sur support, 10 min
Pièce composée en trois tableaux, mettant en parallèle le paysage sonore et des rituels indonésiens. Les trames tissent entre le field recording, et un rapport de mimesis à l’écoute des écosystèmes et cérémonies, (rizières, forêt, rituels à Bali et Java), fait à partir de synthèse modulaire (Rsf Kobol, VCV Rack, Usine), séquences-jeu instrumentales & vocales, de “distorsions” de lectures (GRM Player). Quelques fragments textuels émergent, issus de « Bali Abianbase, côté cour, côté jardin » de Catherine Basset (ethnomusicologue). “Nyanyan Kodok” (Le chœur de batraciens) décrit comment l’observation de la nature, celle des motifs des chants de crapauds-buffles, est la source d’inspiration de certains répertoires traditionnels, notamment sa relation au contrepoint, appelé kotekàn dans le gamelan. “Musik Lesung” (Musique de pilage) est probablement une des première musique du monde paysan. Le labeur quotidien visant à séparer le grain de sa gaine, ou pour cuisiner les gâteaux d’offrandes est ritualisé. Les coups régulièrement alternés de pilons, deviennent une musique où s’ajoutent des variations polyrythmiques selon les endroits ou ustensiles de frappes sur le mortier en bois (lesung) et quelques accompagnements de tambour (ketungan). Le dernier tableau extrait des enregistrements de “Ngamen” (processions funéraires) qui se déroulent dans une profusion de sons, de couleurs, d’offrandes… Le “Baleganjur” (musique martiale pour gamelan portatif) accompagne les processions funéraires, encourageant les porteurs des lourdes tours de crémations…
Performeuse, issue des Beaux-Arts, Mélodie Duchesne s’intéresse la plasticité du geste des processus d’expressions, écritures transversales.
Sa recherche artistique, expérimentale et parfois contextuelle, emprunte dans le domaine des arts plastiques, visuels, sonores & vivants ; (installation, vidéo, danse, théâtre expérimental, improvisation vocale, musique traditionnelle et contemporaine), tout en se nourrissant à travers de nombreuses collaborations.
Elle affine son écoute par une pratique continue au sein d’ensembles – musical avec “Gamelan Bintang Tiga” de Gaston Sylvestre – vocal avec “Chœur Tac-Til” de Natacha Muslera, et participe à des créations sonores (“Spin” de Éryck Abécassis ; “Tri Bhuwana” de Philippe Boivin ; “Home” de Jean-Luc Guionnet & Éric La Casa ; “Ngayah” de Bintang Tiga & Puspawarna ; “Dewi Sri” de Pantcha Indra & Sanggar Pamor, à Java). Elle s’associe parfois avec d’autres perfomers sonores dans ses performances.
Sa curiosité pour les arts traditionnels et les pratiques rituelles l’amène à voyager en Indonésie et questionner aussi l’espace acoustique qui s’y déploie…
Interventions en France, Allemagne, Bulgarie, Canaries, Corée du Sud, Espagne, Estonie, Finlande, Grèce, Indonésie, Italie, Lettonie, Lituanie, Portugal, Sardaigne.
d’Alexandre Ollivier
Le 17 mars 2000, un bout de glace d’une superficie de 11 000 km2 se décroche de la plateforme de Ross, la plus grande barrière de glace de l’Antarctique. Pendant 18 années, l’iceberg B15 dérive, se fragmente suite aux collisions, redessine les cartes des côtes antarctiques et empêche nombre d’espèces animales de se nourrir. Son dernier fragment, B15z, s’évapore définitivement au large de South Georgia, après un long voyage de 14 000 km.
Cette pièce sonore évoque les changements d’états de l’élément eau à travers l’histoire de B15, gigantesque bloc d’eau pure condamné à une longue et lente déliquescence.
En m’inspirant du centre glacé de l’iceberg où la liberté des entités chimiques est minimale, en imaginant ses chocs contre la barrière ou le fond marin, générant alors des ondes de l’ordre du millihertz, j’ai créé de longs thèmes condensés et oscillants.
De lointains craquements et sourds avertissements annoncent le décrochage de B15, les particules s’agitent, la tempête arrive, prémices et projections d’une dispersion définitive.
Compositeur de musiques électroniques sous différents alias (Hang5, The Slutgarden, Shot Die Stupid..) avant d’intégrer le cursus electroacoustique du conservatoire en 2018, j’ai signé plusieurs EP sur Freaks me out, OMGITM, EPDM, Eikyou records, Musart.. Parallèlement, j’ai collaboré pour des courts-métrage, installations vidéos, scénographie, radios, festivals et organise les soirées électroniques Double Cosmos (Techno/House/Rave) et Roach Simulator (EBM, Indus)
musique sur support,15 min
« L’expérience instruit tout un chacun. Les réminiscences provoquées par des sonorités aussi variées soient-elles impliquent l’auditeur. Est-il maître de son ressenti ? Quel pouvoir a t-il ? L’intrinsèque stimulé, la catharsis confronte l’auditeur dans son ensemble. La pleine obscurité désordonne ses sens. Le temps se fige, emprunt d’imaginaire et de traces enfouies, enfuies.” Le projet expérimental Whadat XP engage l’écoute de l’auditeur en proposant diverses expériences sonores immersives sur Marseille et ailleurs. Sensible aux thématiques écologiques et politiques du monde moderne, j’ai composé différentes pièces sonores (Modern slavery, To rurality, EXPHLLWAY001…) questionnant notre rapport à la société. »