Seijun Suzuki (V.O.)

Rétrospective consacrée à l'inventeur du "polar pop" japonais. Dans le cadre du Mois japonais

Quentin Tarantino, Jim Jarmusch, Wong Kar-Wai, Baz Luhrmann, Damien Chazelle… Tous se revendiquent de l’influence de Seijun Suzuki. Drôle de prouesse pour quelqu’un qui ne se destinait absolument pas au cinéma, qui était – au plus fort de sa carrière– guère mieux considéré que simple exécutant à la solde de son studio et qui n’était référencé dans aucun ouvrage de cinéma avant sa tardive reconnaissance au cours des années 1980. Se jouant des codes du genre dès son 27e long, Detective Bureau 2-3, c’est surtout à partir du Vagabond de Kanto en 1964 et au contact de son nouveau directeur artistique Takeo Kimura que Suzuki va affirmer son style. Il va rapidement révolutionner les films de catégorie B avec son esthétique pop art — mais cette parenthèse enchantée va connaître une brusque fin à son renvoi des studios après seulement une douzaine de films réalisés en moins de quatre ans.

Cinéma Les Variétés
Du 24 mai au 6 juin 2023
4,90/9,80 €
Rens. 09 75 83 53 19
http://cesar-varietes.com/
37 rue Vincent Scotto
13001 Marseille
04 91 35 20 86
08 92 68 05 97

Article paru le mercredi 10 mai 2023 dans Ventilo n° 482

Mois japonais au Cinéma Les Variétés

Haute saison

 

À l’occasion des Saisons Hanabi, événement national en soutien aux cinématographies japonaises, le cinéma les Variétés consacre un splendide programme consacré au cinéma nippon, avec en point d’orgue une rencontre unique en présence de Kōji Fukada.

    Il existe dans l’hexagone un chapelet de structures venant en soutien, ou en accompagnement, à la sortie des films en salles, au moyen d’une multitude de propositions dont s’emparent à l’envi les cinémas, libres d’y adjoindre leur touche personnelle. Parmi elles, l’association Hanabi effectue depuis plusieurs années un travail remarquable pour le développement de la culture cinématographique japonaise, sous toutes ses formes, sur grand écran. Non seulement le pays a offert à l’image en mouvement ses plus belles pages, d’Akira Kurosawa à Yasujirō Ozu, mais a fait preuve au fil des décennies d’un renouvellement fantastique des formes et des récits, explorant tous les genres, jusqu’au registre de l’animation bien évidemment. L’équipe des Variétés, à Marseille, en donne ainsi la preuve du 17 mai au 13 juin, pour un hommage aux productions nippones, sous forme de véritable feu d’artifice — Hanabi en japonais, titre qui résonne avec l’un des meilleurs opus de Takeshi Kitano. Avec, au menu, trois rétrospectives, un festival, des avant-premières, des animations et une rencontre particulièrement attendue avec le grand cinéaste Kōji Fukada, l’événement déroule sans conteste un florilège de belles promesses ! De prime abord, c’est bel et bien la rétrospective Shin’ya Tsukamoto, du 17 au 30 mai, qui nous enthousiasme sans réserves : à l’annonce, voilà quelques mois, de la sortie en copies numériques restaurées par les équipes de Carlotta Films de quatre opus majeurs du cinéaste (TetsuoTetsuo II : The Body HammerTokyo Fist et Bullet Ballet), nous sont revenues en mémoire les images inoxydables d’expérimentations cyberpunk dont on ne sortit point indemne. En dix ans, de 1988 à 1998, Shinya Tsukamoto aura fait entrer avec ces quatre films le cinéma japonais, et international, dans une nouvelle ère, toute auréolée d’une glaçante technologie post-moderne. Le diptyque Tetsuo sera pour l’occasion présentée par l’équipe du cinéma et précédée d’un quiz sur le cyberpunk au cinéma. Autre rétrospective de haute volée au sein de ce mois nippon : celle consacrée à Seijun Suzuki. À la (re)découverte de La Barrière de chair, du Vagabond de Tokyo ou d’Histoire d’une prostituée, et face à une débauche visuelle cathartique, dans un style pop art particulièrement sanglant, il sera relativement aisé de comprendre pourquoi nombre de cinéastes modernes ayant rebattu les cartes du cinéma de genre — de Quentin Tarantino à Jim Jarmusch — l’ont bien souvent cité comme influence majeure. Par ailleurs, la salle phocéenne et Hanabi annoncent l’acmé d’un beau programme, lors de la rencontre avec Kōji Fukada, à l’occasion de l’avant-première de son dernier film, Love Life. Cet immense cinéaste, dès Au revoir l’été, parvient à dénouer, avec une rare maestria, les maux de la société contemporaine japonaise, comme en témoigne son extraordinaire diptyque Suis-moi je te fuis et Fuis-moi je te suis, sorti l’an dernier en salles. Trois autres opus du réalisateur s’ajoutent à l’événement : L’Infirmière, Sayonara et Au revoir l’été, l’un des films qui l’a fait découvrir d’un large public dans l’Hexagone. De nombreuses séances viendront en point d’orgue d’une fort belle sélection, de La Beauté du geste de Shō Miyake à A Man de Kei Ishikawa, en passant par Comme un lundi de Ryo Takebayashi. Enfin, un grand karaoké festif sera proposé à l’occasion de la projection de Coming Soon, manga très attendu de Takayuki Hirao.

Emmanuel Vigne

   

Mois japonais : du 17/05 au 13/06 au Cinéma Les Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er).

Rens. : https://lesvarietes-marseille.com/FR/104/moisjaponais.html