Helen Levitt

Photos. Commissariat : Walter Moser

À partir des années 1930, Helen Levitt immortalise la culture de rue des quartiers défavorisés tels que Spanish Harlem et Lower East Side : graffitis, adultes assis devant des entrées d’immeubles et enfants en train de jouer comptent parmi ses principaux sujets. Contrairement aux reporters dont l’ambition traditionnelle est de documenter les dysfonctionnements sociétaux, elle comprend la photographie comme une expression artistique lui permettant de fusionner son vécu quotidien et son expérience esthétique personnelle. Brillante analyste des débats politiques et artistiques de son temps, elle montre des scènes de rues new-yorkaises comme s’il s’agissait d’us et coutumes mythiques, de cérémonies exotiques, telle une ethnographe. Ces quelque 130 clichés – dont beaucoup sont exposés ici pour la première fois – permettent de jeter un regard nuancé sur l’oeuvre de Levitt et retracent son évolution : de photographe de rue à réalisatrice de films et photographe couleur.    

Espace Van Gogh / Médiathèque d'Arles
Tlj 10h-19h30
Entrée libre
www.rencontres-arles.com
Place du Docteur Felix Rey
13200 Arles
04 90 93 39 36

Article paru le mercredi 3 juillet 2019 dans Ventilo n° 432

Les Rencontres d’Arles 2019

Chambres avec vues

 

Elles ne cessent d’attirer les visiteurs venus des quatre coins de la France et au-delà… Les Rencontres d’Arles soufflent leurs cinquante bougies avec autant d’expositions dans toute la ville. Zoom sur quelques temps forts, à nicher dans vos focales.

  « J’ai seulement rêvé du monde, je ne l’ai jamais vu », soulignait Evangelia Kranioti dans Obscuro Barroco, son premier film documentaire. À la Chapelle du Méjan, elle vient nous présenter sa série Les Vivants, les morts et ceux qui vont en mer. Depuis 2005, l’artiste touche-à-tout poursuit une recherche artistique et anthropologique sur la vie maritime. D’abord sous l’angle de son propre héritage culturel, puis dans les voyages et l’intimité des matelots méditerranéens à travers le monde. S’inspirant de la figure du marin dans l’œuvre de Nikos Kavvadias, Evangelia l’est devenue elle-même et a traversé mers et océans sur des pétroliers, cargos et porte-conteneurs. Unique femme à bord, elle tient la barre et l’objectif dans l’exploration de sa propre conscience. À l’Espace Van Gogh, une exposition rend hommage à Helen Levitt, pionnière de la street photography, active pendant près de soixante-dix ans. Assistante d’Henri Cartier-Bresson et de Walker Evans, qui décideront de sa vocation, elle commence dès la fin des années 30 à photographier les dessins à la craie des gamins des rues new-yorkaises à qui elle enseigne les arts plastiques. Un beau moment dédié à « l’art de l’accident poétique ». Le photographe québécois JJ Levine présente pour la première fois ses œuvres au Ground Control. Une exploration de l’identité, de la sexualité et des espaces, avec des portraits intimistes incroyablement puissants. Militant et conférencier, il est réputé pour « déjouer la matrice hétéronormative », selon Dayna McLeod. Des portraits de rues aux visages du monde, les œuvres de Philippe Chancel viendront remettre les pendules à l’heure. Depuis les gratte-ciels de Fukushima à un aéroport hors sol des Émirats Arabes Unis, jusqu’à une autoroute déserte de Corée du Nord, il viendra chambouler notre vision avec sa Datazone. Via une écriture singulière, le photographe cherche à montrer, sous leurs multiples, des territoires surexposés, ou au contraire inconnus des radars médiatiques. Depuis sa série sur les mineurs de platine en Afrique du Sud en 2013, déjà exposée à Arles, il vient confirmer l’état de notre planète et de ses systèmes. Les Rencontres d’Arles, c’est une aventure à vivre en famille ou entre amis parmi les cinquante expositions proposées. Des choix esthétiques et sensationnels. Une destination estivale où il faut aller, en prenant le temps de pause…  

Zac Maza

 

Les Rencontres d’Arles : jusqu’au 22/09 à Arles.

Rens. : www.rencontres-arles.com/

Le programme complet des Rencontres d’Arles ici