Photos
Les débuts photographiques de Claude Vesco se situent au début des années soixante, il découvre la prise de vue d'abord avec le folding de son grand-père, puis avec l'instamatic de ses parents. Par la suite il découvrira la magie du labo argentique et de la prise de vue avec un foca-sport, avant d'accéder enfin à un matériel plus adapté à son approche et à ses goûts qui placent au centre de son inspiration les nombreux "street photographers" du XX° siècle, parmi lesquels Henri Cartier-Bresson, Garry Winogrand ... Le Leica s'imposait.
À l’opposé de la musique qui occupe une autre partie de sa vie, la photographie se joue en solo et en mode libre. Claude vesco devient un adepte de la "street photography" dès les années 70. Il devient aussi à la même époque un habitué de la "fosse" des photographes de concerts, le blues et le jazz lui apportant autant de sujets que nécessaire pour avoir le sentiment de vivre la musique par tous les bouts... Cinq décennies plus tard, il n'a pas abandonné cette forme subtile de chasse à l'affût.
L'exposition "d'un instant à l'autre" montre quelques échantillons représentatifs de son travail sur le jazz, prélevés dans ses archives; on peut voir le pianiste Bill Evans peu de temps avant sa disparition, dans une posture inhabituelle, en clair-obscur, dans l'ambiance typique d'un grand club de jazz new-yorkais. On découvre aussi un diptyque présentant Dizzy Gillespie dans sa loge, dans un moment de détente, ou Didier Lockwood dans le feu de l'action... L'exposition donne aussi et surtout à voir des photos urbaines, des portraits improvisés, les sujets de prédilection de ce photographe-piéton infatigable qui sait être opportuniste (Marseille, un voleur rattrapé), ou qui ne refuse pas une embuscade dont il choisit le décor (New-York, "High line") prèt à rester l'oeil collé à son viseur le temps qu'il faudra.
Qu'il s'agisse de jazz ou de rues, il fait en sorte que chaque photo se suffise à elle-même et raconte une histoire unique. Plus largement les gens anonymes accrochent son regard, les situations urbaines, les amis. Une alchimie opère dans les moments de tension, qu'il essaie d'exploiter à travers son viseur pour garder l'énergie d'un geste, d'un regard...
L'exposition présente des photos anciennes, argentiques, et récentes, numériques. Dans les deux périodes, invariablement, il cherche une paroxysme à mettre en valeur à travers une composition dynamique. Souvent la distance qui le sépare de son sujet est courte, et il reste fidèle aux valeurs de ses débuts, ne recadrant que très rarement ses photos.
Les regards sont importants pour Claude Vesco qui laisse souvent passer avant de déclencher un moment d'incertitude, dont il espère tirer parti. Quelques-unes des photos exposées montrent ces moments parfois tendus : Le portrait de Martial Solal, celui de Jacques Ménichetti ou d'un "Skater" à New-York illustrent cette tension brève qui peut déboucher sur un cliché plus expressif... "Au fil du temps, l’écriture photographique de Claude Vesco n’a pas varié, ni son exigence, toujours soucieux de compositions rythmées voire syncopées. "D'un instant à l'autre" dévoile des extraits d'un carnet de bord et de voyages tenu tout au long de cinq décennies par ce photographe urbain, attentif à la pulsation du monde."
Christian Ducasse (journaliste reporter photographe)
Rétine Argentique
Mar-jeu 10h-12h30 & 14h30-19h + ven 10h-16h + sur RDV au 04 91 42 98 15 ou à retine.argentique@gmail.com
Entrée libre
http://www.retineargentique.com/
85 rue d’Italie
13006 Marseille
04 91 42 98 15