Charlie Kassab - Ces dernières années

Peintures

L’exposition, Ces dernières années – Peinture, montre plusieurs séries de peintures qui correspondent à mon investissement dans ce domaine ces dernières années. Un changement de cap pour retrouver le cap initial et enfin entrer en peinture pour découvrir ce qui s’y passe. Peindre m’a toujours accompagné, par période, en alternance avec le film, le théâtre, l’écriture. Une avancée en pointillés pour un retour à la ligne, aujourd’hui.


Si la plus ancienne de ces différentes séries est réalisée au pinceau, bâton poilu, je peins depuis sans pinceau, en dehors de la préparation du support. J’utilise les doigts, la main, une baguette de bois, pour éviter le parasitage de plusieurs histoires, l’égarement par le dessin et la joliesse des poils du pinceau qui glisse, déposant l’esthétique fluide du peindre. Contrainte voulue du chemin vers le dessin, immédiat et sans autre choix que la justesse du geste et de sa trace.


Ce n’est pas le hasard qui agit, c’est la succession et l’interrogation du prochain passage de couleur qui fait se rencontrer la suite des éléments. Le temps de séchage d’une abondante matière joue aussi pour beaucoup dans la préparation du geste. Le temps du regard concentré et du regard passant qui se laisse attraper et répond sans y penser à la question de la succession, d’une couleur à la suivante, envisageant les changements provoqués dans le mouvement de la composition contemplative.


Il y a aussi la série des chiffons de peinture, qu’on pourrait qualifier d’écologie picturale. Utiliser ces bouts de draps usés, sur lesquels s’essuie la main pleine de peinture, se frotte le bâton traceur, s’égoutte du petit récipient le restant du mélange de pigment et d’acétate. Ces chiffons, qui l’air de rien, deviennent la peinture d’à côté, celle sans réflexion, sans contemplation immédiate, même si avec l’avancement, essuyer compose, spontanément, en opposition avec la peinture travaillée qui occupe le temps et la réflexion. Le chiffon de peinture n’est presque plus innocent, il devient peinture à son tour.
Des mots, bien sûr, puisqu’il faut les utiliser pour formuler une démarche élémentaire, celle de peindre. Poser et déplacer de la couleur sur un support dans le but de résoudre et de produire une image en vie.

Charlie Kassab


KLAP, Maison pour la Danse
Jusqu'au 2/03 - Soirs de représentations
Entrée libre
http://www.kelemenis.fr
5 avenue Rostand
13003 Marseille
04 96 11 11 20