Olivier Huard - Eden

Voici la deuxième exposition d’Olivier Huard à la Galerie Art-Est-Ouest. Les dessins scarifiés présentés en 2016, il y a deux ans exactement, cohabitaient avec des peintures des séries Rivages ou Pleine Lune. Aujourd’hui, ce sont des encres de Chine qui voisinent avec les toiles peintes. Après Topos, voici Eden.
"Le peintre nous fait pénétrer dans l'intimité de ces paysages à la fois archaïques et sophistiqués et se focalise sur ce qu'il nous cachait auparavant. Ces scènes originelles sont ,en fait, peuplées de silhouettes, d'ombres, de nus, de chiens qui se battent et d'hommes-léopards…" - Pierre Allard , juin 2018.

Matériaux, manières, sujets, tout a changé, mais n’y-a-t-il pas une continuité sous-jacente ? On pourra la retrouver dans la place du dessin, de la couleur, des paysages habités ou non. 
"Considérant le chemin parcouru et l’œuvre constitué, il est aujourd’hui manifeste que celui-ci est nourri d’expérimentations découlant les unes des autres. Une sorte d’enchainement patient, rigoureux et diablement cohérent", écrivait déjà le critique Jean Klépal en parlant du travail d’Olivier Huard.
L’artiste est toujours passionné par l’idée de profondeur et de surface. La scarification creusait la matière, les toiles actuelles se font par strates de peintures qui décrivent des paysages aux perspectives peu courantes. L'artiste élabore des encres de chine en peignant souvent deux fois le même sujet, puis en découpant l'une d'elle pour compléter l'autre, provoquant des nuances de gris et de noir, et parfois un changement d’échelle, un effet de zoom et d'éloignement.
Les gouaches aussi peuvent contenir des découpages, avec l’idée d’un puzzle, une autre manière surprenante d’organiser la profondeur et l’espace, d’autant que le spectateur ne le découvre souvent  qu’après un moment d’attention.
Dans les encres comme dans les gouaches habitent toutes sortes d’animaux cachés dans une profusion de plantes extraordinaires ; oiseaux, ombre de squale, chats et serpents au milieu de feuilles et de branches, ou dans des intérieurs plus intimes. Indices et réminiscences, images de la nature qui nous troublent ou nous charment.
La variété domine dans la façon d’utiliser l’encre de chine : elle est diluée telle une aquarelle, ou utilisée au contraire en  taches remplies, en éléments très « secs ».
Pour les gouaches, les couleurs sont parfois légères, des dégradés de verts, de gris, de roses, mais parfois aussi très fortes, comme ce bleu magnifique qui vient structurer certains paysages.

"Chaque motif contient son propre débordement." - Pierre Allard

Comme les silhouettes sur les murs des grottes préhistoriques qui ont guidé l'artiste depuis toujours, ces tableaux touchent en nous quelque chose d'essentiel.