Une proposition de Triangle - Astérides
La première exposition personnelle de Bassem Saad en France réunit autour des notions de toxicité, de la présence des corps dans l’espace public et des soulèvements les trois films réalisés par l’artiste à ce jour – Saint Rise (2018), Kink Retrograde (2019) et Congress of Idling Persons (2021) – ainsi qu’un ensemble de sculptures, d’éléments documentaires et d’une nouvelle production.
Bassem Saad est artiste et écrivain libanais. Son travail explore la rupture historique, l’infrastructure, la spontanéité et la différence, par le biais de films, de performances et de sculptures ainsi que d’essais et de fictions.
Le travail personnel et collaboratif de Bassem Saad a été présenté au MoMA, à CPH:DOX, à la Transmediale, Architectural Association, Harvard University VES, et Alserkal Avenue.
Ses écrits sont publiés dans Jadaliyya, FailedArchitecture et The Funambulist.
Il a été lauréat de bourses à Eyebeam, au Leslie Lohman Museum et au Home Workspace Program d’Ashkal Alwan. Il est actuellement boursier du programme pour artistes de la Ville de Berlin.
Un peu plus bas, dans la Salle des Machines (tout près de l’accueil de la Friche), se trouvent en accès libre d’autres sédiments, qui rejoignent Bassem Saad dans sa réflexion sur la toxicité mais de manière plus ciblée : sur le plastique. Pour Plasticocène, le bien-nommé Collectif Polymer, rassemblement d’écolos artistes, scientifiques ou d’entrepreneur·euses responsables aussi des expositions Plastic Art Fair, a donné carte blanche et déchets sauvages à plusieurs artistes contemporain·es. Matière première en main, les artistes — pourtant pas tous·tes plasticien·nes — proposent sculptures, photos, vidéos, créations sonores, design et pièces d’artisanat autour de l’eau, premier hôte mondial du matériau délétère. Les œuvres se baladent entre les références fossiles et futures, amalgamant souvent les deux, pour tenter de représenter ou d’influencer le présent. On y trouve par exemple une Fontaine à la nymphe, de Coline Le Quenven, qui veut « rendre hommage au cycle de l’eau » avec son esthétique futuriste et baroque faite de bouchons, emballages et boîtes de CD recyclés ; des Amphorae de James Shaw ; une arche de style roman menant à un sarcophage, le tout en « bio-plastique », autrement nommé mycélium ou blanc de champignon (Aujourd’hui je suis ce que je suis Nous sommes qui nous sommes Et tout ça c’est la somme Du pollen dont on s’est nourri, un grand titre pour une vaste installation de Come Di Meglio) ; ou des « tableaux » de Wendy Andreu, Regen – Fishnet Compositions, dans lesquels des morceaux de filets de pêches constituent la matière picturale, évoquant les motifs que dessinent les courants sur les cartes. L’exposition intrigue, et convoque plusieurs références pour parler à beaucoup. Comme le veut le principe même de la galerie de la Salle des Machines (alias la « Galerie de tous les possibles »), elle est animée et participative, avec plusieurs ateliers, comme la création d’une œuvre comestible ; la fabrication collaborative d’une montgolfière, Aerocene, faite de sacs plastiques et destinée à prendre son envol courant mai ; ou l’imminent atelier de fabrication d’instruments de musique avec des déchets, animé par le collectif Fulu Miziki. Ce dernier, qui se définit comme « éco-friendly-afro-futuristic-punk » ou plus simplement comme « musique des poubelles » (traduction de « fulu miziki » en lingala) mêle soukous, électro indus, disco-house… et nous offrira un concert en acoustique bien retapant, samedi !
Margot Dewavrin