Stéphanie Cherpin - Corbeau-chien

Installation, sculptures, photos

« Je suis dans cette voiture. Je la porterai comme un manteau. Je la porterai comme une chèvre. Elle m’enveloppe comme une fourrure. Elle me couvre comme une peau, comme une douce peau de Chevrolet. Je suis dans la peau de la tôle de la chèvre, dure et plate comme un plancher. Lourde et solide comme l’acier. Je suis la chèvre à la peau d’acier et je brille au soleil. Le moteur tourne. Les fenêtres tremblent. Je vibre dans l’attente du mouvement ; je vibre du départ imminent. » *

Corbeau-Chien est une installation hybride, imaginée comme un road-movie immobile destiné à éprouver les rapports entre mouvement, image et sculpture. Peut-on faire un travelling en sculpture ? L’espace d’une galerie peut-il se transformer en paysage s’ouvrant derrière le pare-brise ? Comment faire un art nomade en restant sur place ? L’artiste emmène des passagers aussi : des morts et des vivants, des amies et des amours, des animaux, l’ADN de sa grand-mère Ida, et Maria Corvocane, son hétéronyme.

Art-cade Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine
Jusqu'au 31/12. Mar-sam 15h-19h + sur RDV au 04 91 47 87 92
Entrée libre
https://art-cade.net
35 bis rue de la Bibliothèque
13001 Marseille
04 91 47 87 92

Article paru le mercredi 23 novembre 2022 dans Ventilo n° 473

Stéphanie Cherpin – Corbeau-chien

Avec Stéphanie Cherpin, il s’agit d’apprécier le bâtard. Son titre, une accolade entre oiseau et corniaud, révèle ce qui anime son travail : le composite, l’improvisation, le presque sinistre, presque agressif, et presque poétique. Ses grandes installations fibreuses — et abstraites — s’étirent, nous happent de leurs bras tout secs vers des cocons doucereux, confortables, matriciels. Stéphanie Cherpin orchestre ce choc entre la renaissance et la réminiscence. Il y a des grillages, des chaînes, qui disent un état engoncé, poussiéreux, mais qui s’en retrouve édulcoré et esthétisé. Il y a des seins en silicone aux tétons poinçonnés de piques ; un petit puits fait en tubes de déchets, boyaux en plastique et en canettes Dada qui forment comme une piscine de maternité ; il y a une guirlande de gousses de févier, attachées avec des épingles à nourrice ; des feuilles d’agaves noires, de grandes griffes aux pointes chaussées de fer. Dans l’atmosphère créée par ces éléments, l’artiste nous emmène en détour, celui des attributs dits « de féminité ». Dans l’artificielle légèreté des lumières rosées, dans cette ambiance chromée, on sent sourdre un chaos, contestataire et assumé.

MD

 

> Jusqu’au 31/12 à Art-cade, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine (1er)

Rens. : art-cade.net