Au moment de chacune des enquêtes de l’artiste, ces terrains vides et en transition, demeurent parmi les seuls endroits des villes correspondantes à n’avoir pas encore fait l’objet d’un usage spécifique. Ils ont échappé à l’organisation par l’architecture, la conception formelle ou l’urbanisme. De nombreux sites qui étaient destinés à des projets de construction anticipés et qui auront ainsi disparu dans le tissu urbain.
Produit dans le cadre de la résidence de Lara Almarcegui à la Tuilerie Monier à Marseille organisée par l’association Voyons Voir | art contemporain et territoire, le projet sur les Friches Rio Tinto est le dernier des guides des terrains vagues de Lara Almarcegui. Cette publication est un portrait de ces friches, effectué à un moment spécifique de leur mutation, avant que toute décision concernant leur développement futur soit adoptée et que d’éventuelles constructions ne commencent.
À la sortie de l’agglomération de Marseille, à L’Estaque, les friches des Riaux et de la Caudelette se situent au-dessus du port de la Lave et s’étendent jusqu’au massif de la Nerthe. Aujourd’hui connu sous l’appellation de « ex-Rio Tinto », occupant des collines abruptes, le site a été depuis la fin du XIXe siècle le siège d’activités industrielles consacrées à l’exploitation de carrières, au traitement de granulats et à la chimie. Toutes les unités de production ont cessé leur activité en 2001. Les entreprises qui en sont actuellement propriétaires ont dû conduire un vaste chantier de dépollution, encore aujourd’hui pas totalement achevé. Parallèlement, différents plans de développement du site sont en discussion. Car dotées des plus belles vues sur la mer, ces friches comprennent des terrains à réhabiliter, potentiellement urbanisables, mais aussi une grande surface classée en zone verte, donc inconstructible. Constituant à l’heure actuelle l’une des plus importantes étendues vierges de Marseille, cet espace offrirait un refuge pour la vie sauvage. L’abandon de tout projet constructif permettrait à la nature de prospérer à son rythme, sans intrusion humaine.
Comme un prolongement en écho à ce temps de résidence, l’exposition au Frac, au plateau expérimental, présente les photographies Friche des Riaux, un terrain industriel en processus de dépollution, Marseille, 2018, de la série « Wastelands » (1999-…) entrées dans la collection en 2018. Le guide édité autour de ce projet, et librement mis à disposition des visiteurs, fera partie intégrante de l’installation.
Vue de l'exposition Copain de Gerda Steiner et Jöra Lenzlinger © Damien Boeuf[/caption]
Au Plateau 2, on découvre l’exposition Copain des artistes suisses Gerda Steiner et Jöra Lenzlinger. Il s’agit d’une installation, un surgissement d’une abondance de pain, organisé autour d’un autel, présentant toutes les divinités qui lui sont associées. Sur d’immenses tables blanches, le public peut découvrir le pain sous toutes ses formes et sa diversité. On y reconnaîtra des pains traditionnels ou un peu plus élaborés (les célèbres navettes marseillaises, par exemple), mais aussi des pains inventés. La scénographie immersive de l’exposition permet à tout un chacun de préparer la pâte, observer la cuisson, déguster le pain réalisé et même de l’observer au microscope.
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Les Friches Rio Tinto à l’Estaque, Marseille de Lara Almarcegui © Damien Boeuf[/caption]
Enfin, au Plateau expérimental, Voyons Voir présente, dans le cadre du festival Photo Marseille, la proposition de Lara Almarcegui Les Friches Rio Tinto à l’Estaque, Marseille, dernier des guides des terrains vagues produits par l’artiste. En effet, la photographe travaille sur des zones de transition ou abandonnées. À l’Estaque, situées au-dessus du port de la Lave, avec une vue époustouflante sur la mer, ces friches ont été, depuis la fin du XIXe siècle, le site d’intenses activités industrielles avant leur cessation au début des années 2000. En cours de dépollution, ces friches sont à l’heure actuelle l’objet de discussions quant à leur futur développement. Le guide est mis à disposition du public, qui peut ainsi disposer d’un précieux témoignage sur l’un des lieux les plus méconnus de Marseille.
Isabelle Rainaldi