Collectif C3 - Atlas, herbiers et rituels

Cyanotypes par le trio d'artistes composé de Luc Douzon, Hugo Fontès et Arnaud Béchet

Le cyanotype est l’aboutissement de recherches autour du bleu de Prusse menées aux 18e et 19e siècles en l’Europe par différents chimistes. Elles ont permis en 1847 la mise au point d'un procédé photosensible par l'Anglais Sir John Frederick William Herschel. Il s'agit de diluer séparément dans de l'eau du citrate de fer ammoniacal vert et du ferricyanure de potassium, de les mélanger à parts égales et de les coucher ensuite sur du papier. Après séchage, on obtient un support avec une couche de solution sensible aux ultraviolets. L'empreinte d'une plante est obtenue en la positionnant sur le papier et l’exposant au soleil. Après immersion dans l’eau, les parties ombrées sont blanches, les parties exposées sont bleues. On obtient ainsi un cyanotype.
Début octobre, j'acquiers les produits nécessaires et je fais mon premier essai en extérieur. D'une discussion avec des amis naît alors le projet C3, le projet de faire collectivement des cyanotypes des plantes menacées et protégées de Camargue. S'inspirer des premiers cyanotypes réalisés, l'inventaire des algues des Iles britanniques par Anna Atkins, fille d'un ami de William Herschel.
Nous découvrons rapidement que, pour la réalisation du projet, il existe un ensemble de contraintes incontournables et que chacune d'entre elles est invalidante pour les autres :
Il faut savoir où sont les plantes, la Camargue est bien pire qu’une botte de foin; les trouver à un moment graphiquement intéressant de leur cycle de vie; avoir le temps d’aller sur le terrain à ce moment-là; avoir du soleil, ce jour-là.
La liste de ces plantes n’existe pas vraiment. Nous la construisons progressivement en nous appuyant sur différentes sources : l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), les conseils d’Hugo, le livre des  Plantes remarquables des Bouches-du-Rhône, un tableau d’observations sur le terrain et un accès à SILENE, base de données d’observations datées et localisées, précieux sésame.
On ne cueille pas les plantes, il faut les cyanotyper sur le terrain.
Nous faisons les premiers tests en février 2019. Nous imaginons un dispositif composé d'un plexiglas transparent, de la feuille de papier photosensible et d'un carton rigide qui permet de bien plaquer la plante sur la feuille et surtout de la protéger du vent, fréquent en Camargue, pour avoir une empreinte nette et précise. Sur place, il faut donc se mettre à genou ou assis en tailleur et caler l’ensemble sur ses cuisses, face au soleil. Il faut garder une immobilité parfaite. Là aussi, le moindre mouvement provoquerait un flou, une imprécision dans le rendu. L’insolation peut durer jusqu’à 10 minutes.
Nous utilisons deux pochettes noires pour protéger des UV indésirables les feuilles de papier vierges et ensuite solarisées. Les épreuves sont révélées dans l’eau à notre retour à Arles.
Toutes ces contraintes imposent un rythme lent et parfois imprévisible. Nous avons pris rapidement conscience que le projet n’aboutirait pas en une année.
Sont exposés ici des cyanotypes rélaisés en 2019 et 2020.

— Luc Douzon

Le collectif C3 :
Luc Douzon - apprenti botaniste, cyanotypiste
Hugo Fontès - botaniste, apprenti cyanotypiste
Arnaud Béchet - apprenti botaniste, apprenti cyanotypiste

Zoème
Jusqu'au 6/03 - Mar-sam 14h-18h
Entrée libre
http://zoeme.net/
8 rue Vian
13006 Marseille
06 14 59 50 34