Sud-Est. Le constructivisme en héritage, Europe de l’Est et Amérique du Sud

Œuvres de la collection du Centre Pompidou, signées Carmelo Arden Quin, Antonio Asis, Henryk Berlewi, Martha Boto, Carlos Cruz-Diez, Horacio García Rossi, Julije Knifer, Stanislav Kolibál, Gyula Kosice, Piotr Kowalski, Juan Melé, Vera Molnár, István Nádler, Nicolas Schöffer, Jesús Rafael Soto, Henryk Stazewski, Victor Vasarely et Jan Ziemski. Dans le cadre des Parallèles du Sud de la biennale Manifesta 13 Marseille

Dans le cadre de sa collaboration avec le musée national d’Art moderne - Centre Pompidou, la Fondation Vasarely présente une sélection d’une vingtaine d’œuvres d’artistes d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est.

On a parfois dit que l’art optico-cinétique en France avait essentiellement résulté de l’arrivée à Paris de jeunes artistes sud-américains venus y rencontrer un hongrois, Victor Vasarely. La thèse, si elle est un peu caricaturale, possède néanmoins une part de vérité. De fait, Paris a été un lieu de rencontre entre artistes, que préoccupaient les questions du dynamisme, de la lumière et plus généralement de la vision, venant d’Europe de l’Est et d’artistes sud-américains.

L’exposition Sud-Est est construite autour de ce thème. Une sélection d’une vingtaine d’œuvres permettra au public de la Fondation Vasarely de mesurer la richesse du croisement de ces travaux du Sud et de l’Est. Seront notamment réunies pour cette exposition des œuvres de Carmelo Arden Quin, Antonio Asis, Henryk Berlewi, Martha Boto, Carlos Cruz-Diez, Horacio García Rossi, Julije Knifer, Stanislav Kolibál, Gyula Kosice, Piotr Kowalski, Juan Melé, Vera Molnár, István Nádler, Nicolas Schöffer, Jesús Rafael Soto, Henryk Stazewski, Victor Vasarely et Jan Ziemski

Commissariat : Michel Gauthier, Conservateur au Musée national d'art moderne


Fondation Vasarely
Jusqu'au 12/09 - Tlj, 10h-18h
5/12/15 € (gratuit pour les moins de 5 ans)
http://www.fondationvasarely.fr/
Avenue Marcel Pagnol
13100 Aix-en-Provence
04 42 20 01 09

Article paru le mercredi 30 septembre 2020 dans Ventilo n° 445

Sud-Est : le constructivisme en héritage, Europe de l’Est et Amérique du Sud à la Fondation Vasarely

Fibre optique

 

Le Centre Pompidou s’associe à nouveau avec la Fondation Vasarely pour proposer une exposition qui retrace la double participation, sud-américaine et est-européenne, dans la mouvance néo-contructiviste de l’art optique et cinétique.

    Victor Vasarely arrive à Paris en 1930, où il s’établira en tant que graphiste publicitaire. Issu de l’école Mühely (le Bauhaus hongrois), il fait partie de ces artistes qui viendront développer leur art conceptuel dans la Ville Lumière, tout comme son compatriote Moholy-Nagy (qui, lui, rejoindra le Bauhaus) ou l’artiste uruguayen Joaquín Torres-Garcia. Si Paris est une destination prisée par les artistes, le courant d’avant-garde dominant de l’époque reste le surréalisme et, malgré l’activisme d’artistes qui « misent sur la double autorité de la géométrie et de l’architecture pour porter l’utopie sociale du modernisme((Michel Gauthier, dans le catalogue de l’exposition)) » (dont la mécano-facture d’Henryk Berlewi), il faudra attendre la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour que leur travail trouve un écho. L’époque est alors à la reconstruction et s’ancrer dans le « futur » fait société. On retrouve alors les ingrédients qui ont vu la naissance du constructivisme, ce courant d’avant-garde né en Russie dans les années 10 en réaction à l’art ancien figuratif, usant d’un vocabulaire à base de formes géométriques. Le fait qu’il soit à ses débuts l’art officiel de la révolution russe, et donc fortement accolé à l’imagerie communiste, explique peut-être pourquoi on retrouve cette proximité artistique chez des personnes venant de pays si éloignés, mais dont l’histoire a été impactée par le socialisme… Car l’art optique est une forme d’art démocratique : quels que soient sa condition sociale ou son niveau de culture, la sollicitation rétinienne et le ressenti s’avèrent identiques. À partir des années 60 et la Beat Generation, la géométrie et les jeux optiques (Cuadrados oliva y negro de Jesùs Rafael Soto) envahissent le design, la mode, le cinéma. C’est peut-être d’ailleurs grâce à la culture psychédélique que l’art cinétique trouve son public (et la commande publique via le 1 %). Ainsi, la Fondation Vasarely, « cité polychrome du bonheur », est-elle inaugurée en 1976. Cet art, si ancré dans une époque pour l’inconscient collectif, perd alors de son attrait et il faudra attendre la fin des années 90 pour voir émerger des artistes dont la pratique est éprise d’art cinétique. Le commissaire de l’exposition, Michel Gauthier, a sélectionné vingt-quatre œuvres (de 1946 à 2010) de vingt artistes, tous originaires d’Amérique du Sud ou d’Europe de l’Est, qui ont fondé le courant de l’art optique. Centaines pièces n’ont jamais été montrées au public ; cette exposition constitue donc une première et œuvre pour la redécouverte d’un courant qui « aura incarné cet âge où le futur était encore un objet d’espoir et de désir ((Michel Gauthier, à propos de Nicolas Schöffer.)) »  

Damien Boeuf

   

Sud-Est : le constructivisme en héritage, Europe de l’Est et Amérique du Sud : jusqu’au 31/01/2021 à la Fondation Vasarely (Aix-en-Provence).

Rens. : www.fondationvasarely.org