Soirée inaugurale à la Friche

Grande soirée d'ouverture de la Biennale, mettant à l'honneur les artistes belges : vernissage des expositions, parcours d’installations en extérieur, performances, concerts, showroom... dans tous les coins de la Friche (jusqu'à 1h)

La Biennale des Imaginaires Numériques investit la Friche la Belle de Mai pour sa grande soirée d’ouverture en mettant à l’honneur les artistes belges. Au programme, vernissage des expositions, parcours d’installations en extérieur, performances, concerts, showroom. 

Les Grandes Tables, quant à elles se transformeront en “Le Bon Air Club” pendant que les Grandes Carrioles feront honneur à la Belgique en proposant un service de bar et restauration durant toute la soirée.

 

17h-22h | EXPOSITIONS | dans la Tour et Panorama

Vernissage des expositions

After Party 
États de Veille 
7 mesures par seconde

 

17h-22h | PARCOURS D’INSTALLATIONS | dans toute la Friche

Universal Tongue – Anouk Kruithof | Cour Jobin
Universal tongue est une installation composée de 8800 vidéos de danse recueillies sur Youtube et Instagram avec plus de 1000 styles du monde entier représentés. Ces vidéos sont accompagnées d’une création sonore.

View From The Moon – Joanie Lemercier sur la façade du Panorama
L’artiste français basé en Belgique crée l’illusion d’une planète projetée. Tout semble ressembler à la lune : un croissant de lumière sur une sphère parfaite. Mais derrière cette vision se cache une autre planète…l’hypothèse d’un futur à éviter ?

Avancées immobiles – Olivier Ratsi Parking R0
Avancées Immobiles est une installation cinétique et sonore qui utilise la lumière diffuse, afin de créer un environnement immersif dans lequel les spectateur·rices occupent une place centrale.

The Shape Of Things To Come – Diego Ortiz et Hernan Zambrano Place des Quais
The Shape of Things to Come est une installation artistique immersive qui utilise les données de la qualité de l’air sur un territoire délimité. Le public est invité à pénétrer dans une arche faite de plastique recyclé, et à y découvrir l’invisible : l’impact des hommes sur l’atmosphère.

Eurythmie La Nuit – Gwladys Bernard et Cyril Meroni  Place des Horizons
Création d’un mapping vidéo 2D en collaboration avec les étudiant·es du workshop CHRONIQUES CAMPUS animé et encadré par Gwladys Bernard et Cyril Meroni.

 

17h-23h | PERFORMANCES ET CONCERTS

Seuil – Clément Édouard au Module du Gmem
Seuil est une invitation à visiter un entre deux mondes, en explorant l’apprentissage d’un nouveau langage et en tissant des liens avec les populations minérales, végétales et imaginaires. Ces mouvements et rencontres créent une zone d’échange commune, où puiser les ressources
de la métamorphose. L’imaginaire est ici convoqué par la voix et par une diffusion sonore multiple : enceintes et plateau vibrant sur lequel le public vient se déposer. Ce dispositif crée des espaces de perception propres à nous faire voyager dans un état hypnagogique (entre éveil et sommeil), à convoquer un «Nous » plus vaste.
Gratuit sur réservation : Réserver

La Caresse – Tryphème et Ulysse Lefort  au Petit Plateau
La Caresse est une création musicale, visuelle et scénographique contant l’histoire d’un des enfants de Nyx, un vampire, ayant transgressé les limites du domaine des songes en venant errer dans le domaine de la veille.
Gratuit sur réservation : Réserver

Video hearings – Rochus Aust  à la Salle Seita
L’oreille ne se lassera pas de regarder, quel que soit ce que vous allez voir. Et l’œil ne cessera d’écouter. Avec Solorona, où une trompette de 12 mètres entre en scène, et Musique Meuble, un jeu collectif audio-instrumental, le Quintet LTK4 – Rochus Aust, Romain Bodard, Verena Barié, Lya Obert et Florian Zwissler – dépasse la frontière entre son et vidéo. Dans le cadre du Festival Les Instants Vidéo

 

21h-00h30 Le Bon Air Club – Lives / DJ Sets au restaurant Les grandes tables de la Friche
Ce plateau est pensé comme une ouverture à la scène musicale expérimentale et électronique belge et internationale. Ces musiciennes et créatrices engagées feront du Bon Air Club un temps fort de l’ouverture marseillaise de la Biennale des Imaginaires Numériques. Avec les artistes Mary Ocher, Samar et Mika Oki. Plus d’infos

 

Friche La Belle de Mai
Le jeudi 10 novembre 2022 à 17h
Entrée libre
https://chroniques.org/
41 rue Jobin
13003 Marseille
04 95 04 95 95

Article paru le mercredi 9 novembre 2022 dans Ventilo n° 472

Chroniques - Biennale des Imaginaires Numériques

Nuits diverses

 

Alors que nos temps diurnes se raréfient, Chroniques se fait le plaisir d’attiser encore un peu plus le halo automnal en jetant sur Marseille, Aix et jusqu’à Avignon le sensationnel programme qui compose sa troisième Biennale des Imaginaires Numériques. L’idée phare, pour celle-ci, c’est la Nuit. Sa veille commence jeudi, en grandes pompes.

    Avec la nuit, la libre flânerie. En plus de la quinzaine d’expositions à vernir, des balises en forme d’œuvres ou de performances, immersives, sonores, déambulatoires et parfois interactives, se glisseront, juste pour quelques heures, entre les mondes plus durables (pour la plupart, jusqu’à mi-janvier) que nous préparent une bonne soixantaine d’artistes. Allons alors au plus imminent. Les doux errements débuteront d’abord à Marseille, au crépuscule de jeudi (le 10/11), circonscrits dans les espaces protéiformes de la Friche la Belle de Mai. Cette inauguration propose plusieurs performances, le temps d’un soir. D’abord, le Seuil de Clément Édouard, une installation musicalement hypnotique ; ou Video hearings / Anhörungen de Rochus Aust (proposée par les Instants Vidéos), qui joue de sa trompette longue de douze mètres, pour amener une démesure ahurissante troublant à la fois vision et audition ; ou encore La Caresse, fatalement séduisante, à force d’égards chorégraphiques pour un personnage vampirique, avancés par les étranges et mécaniques nappes sonores de Tryphème, couplées aux animations doucereuses d’Ulysse Lefort. À ces performances principalement construites autour des sons, s’ajoutent des États de Veille, ou bien sûr, l’After Party (deux des expositions à voir jusqu’en janvier), ainsi que des installations à l’air libre (plus éphémères), agencées, quant à elles, par rapport aux espaces. On attend donc du mapping, des architectures mouvantes dessinées par des ombres, murs de lumières et plafonds de néons ; et des projections, dont celle d’Anouk Kruithof. Pour Universal Tongue, elle a recruté une cinquantaine d’archéologues de l’internet (on sait à quel point la temporalité du web est expéditive) afin de reconstituer une histoire mondiale, kaléidoscopique et simultanée de la danse, fusionnant du même coup l’espace et le temps dans un agencement de milliers de vidéos. Si cela ne suffisait pas à nous titiller sérieusement les guibolles et les ouïes, les productrices d’électronique dénichées par l’équipe Bi:Pôle, Mary Ocher, Samar et Mika Oki, poseront le Bon Air Club aux Grandes Tables, à grand coups de sets et de lives machine, avec leurs basses aux lignes décadentes, pop décentrée et synthés bien calés. En somme, l’inauguration avec cette première soirée a de quoi rythmer les plus expérimentales curiosités. Mais avec la nuit, point de répit. Après jeudi, c’est en fait surtout Aix qui restera à explorer. Dans un parcours décidément débordant d’évènements, la Biennale ouvre dix expositions : une ouverture sur deux jours et deux soleils bien tombés (les 11 et 12/11, jusqu’à 22h), le tout agrémenté d’une foule d’installations dans des espaces emblématiques du centre-ville. On y trouve des œuvres analogiques, lumineuses, vidéo ou même cinétiques, dont le Borealis à succès de Dan Acher (vu en septembre au Parc Longchamp, grâce à Lieux Publics). À observer, l’Unshaped du Quiet Ensemble (dans l’Amphithéâtre de la Manufacture) qui joue sur les paréidolies (notre tendance à voir des symboles, personnages ou formes identifiées dans les abstractions ambigües que délivrent, par exemple, les nuages) avec des drapés d’une étrangeté presque inquiétante, car avec la nuit vient aussi la rêverie. Et avec la nuit, la bizarrerie. Puisque le nocturne a cette tendance à réveiller, à ce qu’on dit, les démons, on sera libre de remuer jusqu’à étendre ses zones d’ombres, jusqu’à gagner de l’obscur au détriment du clair, comme avec l’Ada de Karina Smigla Bobinsky. La sculpture interactive installée dans la Chapelle de la Visitation a trouvé en ce terrain annoncé comme « habité » un espace de jeu, traçant de sombres dess(e)ins performés par le public et dansés, en bonus, par la chorégraphe Ariane Roustan dans la soirée du 11. Onirismes, égarements ou subversions, oui, mais qui dit nuit, dit aussi astronomie. De l’infiniment petit, pixel, cellule, bit (ou les innombrables modules d’Étienne Rey installés à l’Hôtel de Caumont, du 12/11 au 16/12) à l’immensément grand, réseau, yotta, galaxie (ou à la Lune géante de Luke Jerram visible à l’Église de la Madeleine), on trouve évidemment les planètes, les réflexions sidérales, les spéculations scientifiques, technologiques ou numériques, et bien sûr, leurs inhérences politiques, sociales et environnementales. Pour les amateur·ice·s du cosmos et de ses esthétiques célestes et contemplatives, on compte l’exposition collective À La Tombée de la Nuit (au 21, bis Mirabeau), La Mémoire des Étoiles (d’Amélie Bouvier, au Musée des Tapisseries), Les Étoiles ne dorment jamais (de Sophie Whettnall, au Musée et jardin du Pavillon Vendôme) ou Vivre sans témoin (collective, à la Fondation Vasarely). Cette dernière, dans une nostalgie toute écologique, voudrait bien expérimenter la vraie nuit noire. La coupure, la quiète torpeur du sommeil de plomb revigorant, que Nicolas Montgermont, après son année de résidence chez Lab Gamerz, met littéralement en œuvre dans la Chapelle Venel (jusqu’au 4/12), transformée en Encagement, une geôle de fer pour empêcher toutes les télécommunications d’entrer, et ainsi de nous atteindre. À se demander ce qu’on doit y ressentir, au-delà du paradoxe. Un temps réflexif de ce type est aussi proposé par la Veille Infinie (au 3bisF, dans l’Hôpital Montperrin) de Donatien Aubert, questionnant à grands renforts d’images de synthèses, d’animations et de réalités virtuelles, nos sociétés du numérique, entre autres. Le programme de cette Biennale a — on n’en attendait pas moins — la densité d’une jungle, celle que constituent nos imaginaires ; à explorer soit par instinct, soit suivant les chemins. À nous de saisir les signaux cognitifs, sensitifs et peut-être, urgents ou impérieux, que nous envoient ces artistes avec leurs dispositifs, depuis leurs mondes, pour qu’ils se connectent aux nôtres.  

Margot Dewavrin

   
  • Chroniques - Biennale des Imaginaires Numériques de Chroniques : du 10/11 au 22/01/2023 à Marseille, Aix-en-Provence et Avignon. Rens. : chroniques.org

  • Soirée inaugurale : le 10/11 à la Friche la Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).

  • Week-end inaugural (parcours nocturnes et ouvertures des expositions) : les 11 et 12/11 à Aix-en-Provence.

Le programme complet de la Biennale Chroniques ici