Sorolla et la lumière de la Méditerranée 

Conférence par Virginie Giuliana (Université du Littoral Côte d’Opale)

Surnommé « le peintre de la lumière », Joaquín Sorolla y Bastida (Valencia 1863 – Cerdecilla 1923) est l’un des artistes espagnols les plus prolifiques de sa génération. Après une première période de formation où il apprend en s’inspirant des maîtres espagnols, notamment de Velázquez et Goya, Sorolla passe ensuite par une étape de création pendant laquelle il réalise des œuvres de critique sociale, comme ¡Aún dicen que el pescado es caro! (1894), et costumbristas, comme Cosiendo la vela (1896), avant de développer son propre style, à la croisée entre l’impressionnisme, le postimpressionnisme et enfin le luminisme, où il met à l’honneur sa bien-aimée côte levantine dans des scènes de plage éblouissantes.

Son passage dans la capitale française marque un véritable tournant dans sa carrière. En 1900, il obtient le Grand Prix de l’Exposition Universelle de Paris pour son œuvre ¡Triste herencia!, un tableau sombre où il met en scène des enfants infirmes sur la plage de Valencia. Sa réputation le précède alors en Europe, où il gagne de nombreux prix. Il devient un artiste de référence à un niveau international, et participe au rayonnement de l’Espagne au-delà de ses frontières. Sa rencontre avec Archer Huntington, mécène américain et fondateur de la Hispanic Society of America de New York, scelle la renommée du peintre valencien à l’étranger, et notamment aux États-Unis. Il commande à Joaquín Sorolla la Visión de España (1911-1919), un travail colossal de quatorze panneaux auquel le peintre va consacrer l’essentiel de ses dernières années de vie. Mais son succès attire, par ailleurs, les foudres de ses contemporains espagnols : Joaquín Sorolla a été longtemps rejeté et mal aimé en Espagne, victime d’une sorte de légende noire qui s’est estompée aujourd’hui.

Dans ses œuvres, le peintre valencien aborde des sujets très variés, aussi intimes que touchants comme la famille, mais également sociaux. Témoin de son époque, il s’intéresse particulièrement aux travailleurs de sa région natale, artisans et pêcheurs, et dépeint leurs conditions de vie et de travail. Sorolla fréquente aussi les hommes illustres de son temps, qu’ils soient écrivains, artistes ou médecins, côtoie la bourgeoisie, pour qui il honore de nombreuses commandes, et devient même un proche du roi Alphonse XIII, dont il réalise le portrait. Sorolla est enfin et surtout reconnu pour sa maîtrise de la lumière et du blanc, qui confère à la plupart de ses toiles une clarté caractéristique des paysages de Valence et du Levant, auxquels il rend fréquemment hommage dans ses toiles. Il développera un intérêt pour tous les genres picturaux, notamment les portraits, les paysages, les marines et les scènes de genre. La richesse et la qualité de son œuvre font de lui un peintre indispensable, souvent imité mais jamais égalé, dans le panorama artistique du début du XXe siècle.

Cinéma Le Miroir
Le mardi 28 mai 2019 à 17h30
Entrée libre
http://horizontesdelsur.fr/
2 rue de la Charité
13002 Marseille
09 50 38 41 68